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Nelly Arcan- Fille du déluge

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Par   •  3 Décembre 2019  •  Discours  •  2 071 Mots (9 Pages)  •  381 Vues

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XHAARD Nikita

Devoir n°1

Littérature Francophone

Sujet :

« En vous appuyant sur votre lecture de « Putain » de Nelly Arcan, indiquez si, selon vous, il est possible de dire de cette écrivaine qu’elle aura été une fille du déluge »

        En septembre 2009, la jeune écrivaine québécoise Nelly Arcan, de son nom de naissance Isabelle Fortier, mit fin à sa vie après trente-six années d’existence. Cataloguée dans le courant de l’autofiction, elle comptabilise six œuvres autofictives dont une publiée à titre posthume. Son premier roman est aujourd’hui considéré comme celui ayant eu le plus de succès. De fait, Putain fut publié aux éditions du Seuil en 2001 et lui a valu une nomination pour les prix Médicis et Femina. Le roman est en réalité un monologue de la part d’une Nelly fictive, où elle parle de son expérience de prostituée. Elle se prostitua au nez et à la barbe de tout son entourage durant trois années lors de ses études universitaires, et sur le conseil de son psychiatre, qui fut le seul à savoir, elle coucha sur le papier ces choses qu’elle ne pouvait lui dire de vive voix. Cependant, il est primordial de différencier le personnage de Nelly dans son livre et la personne qu’elle fut de son vivant. En effet, les pensées et les confessions consignées dans le récit ne peuvent être rattachées à l’auteure canadienne avec certitude à cause de la dimension fictive de l’œuvre. L’autofiction est un roman dont certaines qualités sont tirées de la vie de l’auteur, ici les réflexions et l’expérience en tant que prostituée, mais dont la narration et les faits ne peuvent être assurément catégorisés comme appartenant à la réalité de l’auteur. Ainsi, la Nelly indiquée dans cette argumentation sera toujours référée à la Nelly fictive, narratrice du livre.

        En outre, le mot « déluge » peut être interprété de différentes manières, et ainsi produire des hypothèses différentes que l’on peut comparer à Nelly. Dans la mesure où le mot « déluge » peut être affilié au sens figuré dans un premier temps. Le déluge prend alors la veste de la surabondance, de l’avalanche, du débordement et rend bien compte d’une caractéristique de Nelly impossible à ne pas identifier à la lecture de Putain. De fait, la narration est, dans sa forme, comparable à celle de Marcel Proust dans la mesure où les phrases sont extrêmement longues et ponctuée principalement par des virgules ou des points-virgules. Le récit se construit sur une narration à la première personne où les phrases principales sont affublées de plusieurs subordonnées et l’utilisation de points est aussi rare que ne le sont les anacoluthes et les épanorthoses :

(…) vous les connaissez déjà, les cent vingt jours de Sodome, vous les avez lus sans avoir pu tenir jusqu’à la fin, et sachez que moi j’en suis à la cent vingt et unième journée (…)[1]

Ainsi Nelly peut être considérée comme une fille du déluge dans sa manière de narrer, en déversant un déluge de phrases qui s’enchaînent sans s’arrêter et mènent le lecteur à perdre haleine dans sa lecture, obligé de revenir en arrière pour relire ce qu’il vient de lire, de saccader lui-même sa lecture en isolant les propositions principales et les propositions secondaires. Le lecteur est amené à lire en prenant à part chaque morceau de phrase entre virgules et à retrouver à quelle autre phrase ou idée elle se rapporte. Le débit de lecture s’accélère à mesure que les phrases se suivent et chaque virgule reporte le souffle final qui permet au lecteur d’arrêter sa lecture. En règle générale, le lecteur préfèrera stopper sa lecture à la fin d’une phrase dans le pire des cas. Il semble assez illogique d’arrêter une lecture en plein milieu d’une phrase. Cependant une phrase est délimitée par une majuscule en son début et un point en sa finalité. Ainsi, comme l’orage qui ne cesse de faire tomber un nombre incalculable de gouttes de pluie, Nelly fait pleuvoir sur son lecteur une infinité de paroles.

        Dans une certaine mesure, le mot « déluge » peut être assimilé au Déluge, avec une importance particulière pour la majuscule. Le Déluge est un mythe répandu dans plusieurs cultures, et religions, différentes et fait état dans la majeure partie des cas de pluies torrentielles et d’inondations catastrophes qui ont pour optique soit d’expliquer l’origine de la violence mais également la révolution dans le sens où l’on fait table rase de quelque chose pour le recommencer depuis le point zéro. Avec cette connotation, le mot « déluge » revêt une idée différente qui peut s’appliquer à la narratrice dans le sens où premièrement les relations de Nelly avec les hommes peuvent être qualifiés de violents et s’expliquent par le récit même. L’argumentation de la jeune femme repose sur une distanciation entre elle et les hommes, malgré la proximité qu’ils avaient étant donné qu’ils entretenaient des rapports sexuels, par définition donc physique. Paradoxalement ils étaient proches sur un plan et complètement étrangers sur d’autres.

Et ces trois mille hommes qui disparaissent derrière une porte ignorent tout de ce que j’ai dû construire pour exorciser leur présence, pour ne garder d’eux que leur argent, ils ne savent rien de ma haine parce qu’ils ne la soupçonnent pas, parce qu’ils ont des appétits et que c’est tout ce qui importe (…)

        Les propos de la jeune femme sont violents parce qu’elle déshumanise ces hommes en les rendant si nombreux qu’ils sont incalculables, elle les animalise et les réduits à des êtres purement égoïstes et qu’elle écrit simplement des mots au sens très prononcés, très forts, comme l’exorcisme ou la haine. Elle explique pourquoi elle veut exorciser ce qu’il reste d’eux dans sa mémoire ce qui rend ses propres propos dans le récit à l’origine de sa violence envers eux mais également à la réalité de la violence qu’elle a subi de leur part, par le fait qu’elle se soit fait consumer peu à peu par ce travail de prostitution.

        Ensuite, avec le sens de la révolution, Nelly peut être encore une fois considérée comme une fille du Déluge par son rapport à la mort ainsi que sa réflexion sur les femmes et sur la féminité. En effet, si la femme est perçue comme un être qui doit être beau, qui doit être fragile parfois également, qui ne peut vivre sans homme. La littérature le prouve bel et bien et surtout la poésie du troisième siècle ante christum natum jusqu’au dix-huitième siècle. De ce fait, Nelly renverse tout ce qui a été dit et pose une réflexion crue mais nouvelle sur la femme et la différence entre comment elle est perçue, comment elle est jugée et comment elle est véritablement. Par conséquent, Nelly est une femme qui décrit la femme de manière tout à fait inédite. Il fut dit d’elle ceci :

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