Lecture analytique Le Portrait de Dorian Gray

LECTURE ANALYTIQUE : Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, 1890

INTRO : Dans le roman fantastique Le Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde, auteur anglais, met en scène un jeune homme d’une beauté inouïe, le héros éponyme. Alors qu’il pose pour son ami le peintre Basil, il rencontre Lord Henry, dont la morale cynique fascine Dorian, encore assez innocent. L’extrait soumis à notre analyse porte sur la discussion dans laquelle se lancent les deux hommes sur la question de l’influence morale, question qui annonce la suite du roman.

Dans quelle mesure cet extrait met-il en scène un mentor cynique ?

Nous verrons ainsi dans une première partie que cette discussion élabore une théorie de la mauvaise influence, et une seconde partie sera consacrée à sa mise en pratique.

AXEI : LA THEORIE D’UNE MAUVAISE INFLUENCE

1) Un discours métaphorique

Le discours de l’éloquent Lord Henry regorge de métaphores. Ici, ces figures de style sont mises au service de la description de l’influence de quelqu’un sur autrui. Lord Henry qualifie cette influence d’ « immorale », ainsi il la compare à un don d’âme « parce sue influencer quelqu’un c’est lui donner son âme » l.11, il emploie ainsi le champ de la spiritualité avec le terme « âme », terme à effets puissants, définissant l’essence d’un être. La métaphore « elle devient l’écho de la musique d’un autre, elle joue un rôle qui n’a pas été écrit pour elle » l.15, fait référence au 3ème et 6ème art, soulignant d’autant plus l’insignifiance de l’influencé le comparant à un écho et à un usurpateur. Il veut ainsi souligner le caractère mimétique de l’influence, nous retrouvons cette idée avec l’utilisation du champ sémantique de la propriété, par exemple la répétition accumulative de l’adjectif qualificatif « propre » : « propres pensées /propres passions /existence propre », ou encore le terme « empruntés ». Ironiquement, c’est ici l’influenceur qui à l’influencé tient un discours contre l’influence.

2) Un discours moralisateur

Dans la deuxième partie de son intervention Lord Henry prêche une morale allant à l’encontre de tous principes de son époque : c’est une morale inadmissible faisant l’éloge de l’hédonisme mais surtout du péché. Il la prêche à travers un discours éloquent et bien mené ou se retrouvent de nombreux aphorismes. Il donne ainsi son point de vue sur la tentation, le manquement et la conduite en peu de mots, citons « La seule façon de se débarrasser d’un pécher c’est d’y céder » l.46 ou encore « Que le corps pêche une fois, et c’en est fini de son péché, car l’action est une forme de purification. Il n’en reste rien ensuite, si ce n’est que le souvenir d’un plaisir ou le luxe d’un regret »l.44. Selon le dandy hédoniste, le péché serait la voie vers un monde meilleur et plus heureux, « un idéal hellénique », la morale prêchée est donc ici tout autant paradoxale.

3) Une relation hiérarchisée

L’étude du volume des paroles des personnages met en évidence une relation hiérarchisée entre mentor et élève. En effet, tandis que le Lord Henry monopolise la conversation avec ses idées et son point de vue, le lecteur ne sait rien de l’avis du héros, Dorian Gray, son apport au discours se résumant aux paroles « pourquoi donc ? ». Dorian pose donc une question et le Lord lui répond : cette discussion n’a rien d’un débat, l’élève n’a pas son mot à dire, c’est le mentor qui tient un discours s’apparentant à un monologue théâtral. Il adopte ainsi une posture supérieure à celle de Dorian, développant longuement et habilement ses idées philosophiques, répondant ainsi aux questions candides et aux consonances enfantines de Dorian. Ce dernier ne semble en effet pas avoir d’avis, jamais il n’évoque son point de vue mais plutôt il demande au Lord Henry si celui de Basile est juste « Exercez- vous vraiment une mauvaise influence, Lord Henry ? Aussi mauvaise que le dit Basile ? » L.6. Ce contraste entre les deux discours souligne donc bien une mise en place d’un rapport d’obéissance.

AXE II : LA MISE EN PRATIQUE DE LA MAUVAISE INFLUENCE

4) Le point de vue interne au service le subjectivité

Le point de vue adopté est un point de vue interne, le narrateur utilise ainsi le regard d’un seul et unique personnage,

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