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Littérature comparée - dissertation sur Faust, le Portrait de Dorian Gray et La Peau de Chagrin

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Par   •  2 Avril 2019  •  Dissertation  •  4 571 Mots (19 Pages)  •  3 669 Vues

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Dissertation de Littérature comparée

Introduction

       Le motif du pacte diabolique est une thématique souvent utilisée dans les arts. Ce dernier est un rituel qui relève dans l’imaginaire mythologique d’une dimension du Mal. Cette tradition démoniaque dans les croyances et religions, ainsi que dans les textes, remonte à l’antiquité, comme dans l’Avesta, ou encore avec la légende de Basile Le Grand. Ainsi, il put inspirer les arts et la littérature, ce qui a amené Goethe à reprendre le mythe du pacte diabolique dans Faust I en 1808. Au XIXème siècle, on retrouve un écho à ce motif dans les œuvres de Balzac avec La Peau de Chagrin, publié en 1831, ainsi que Oscar Wilde, qui publia en 1890 Le Portrait de Dorian Gray. Selon Elisabeth Brisson, le motif du pacte diabolique « ne cesse de stimuler la création qu’il a partie liée avec le monde des ténèbres et des forces obscures, comme la transgression des limites avec l’imaginaire le plus flamboyant relevant souvent du fantastique. ». Ainsi, nous pouvons nous demander en quoi le surnaturel introduit par les figures du diable et du pacte démoniaque, en transgressant les limites de la morale, peut-il être inspirant pour la création artistique et littéraire. En premier lieu, nous verrons que les récits de ces trois œuvres s’ancrent dans un cadre fantastique qui même le réel, inscrit dans un cadre spatio - temporel précis, à l’imaginaire, par l’intervention du surnaturel. Ensuite, nous nous interrogeront sur la manière dont le pacte diabolique est caractérisé est quelle est l’avatar démoniaque qui en est à l’origine. Enfin, nous verrons que la transgression des limites permises par l’adoption d’un sujet autour du pacte diabolique devient un objet littéraire à part entière.

I/Un cadre fantastique mêlant le réel et l’imaginaire

  1. Un cadre spatio - temporel précis :

       Le récit fantastique, dans ces trois œuvres, se met en place dans un monde ancré dans la réalité. Ainsi, ils s’inscrivent dans un cadre spatio - temporel précis, qui introduit le récit dans une époque qui lui est propre. Ainsi, le Faust de Goethe, auteur du XVIIIème siècle, inspiré de l’histoire réelle d’un scientifique du même nom ayant vécu au Moyen Age, se déroule donc dans une Allemagne Médiévale et rurale, tantôt dans la nature, tantôt dans de petites villes. On retrouve alors des lieux du quotidien qui ancrent le récit dans le monde réel : l’église, la taverne, l’habitation de Marthe et de Marguerite, son jardin, la prison. La nature, quant à elle, a une symbolique merveilleuse, nous y reviendront plus tard. Le roman de Balzac et celui d’Oscar Wilde s’inscrivent tous deux dans une époque proche : le XIXème siècle, ainsi que dans des milieux urbains et mondains : Paris pour La Peau de Chagrin ; Londres pour Le Portrait de Dorian Gray. Ainsi, les personnages évoluent à travers des salons, leurs manoirs, les rues de la ville, des théâtres, etc. Raphaël de Valentin appartient à la première moitié du XIXème siècle, et le récit place le cadre historique en s’ouvrant en octobre 1830, ce qui fait suite à l’instauration de la Monarchie de Juillet, qui eût pour roi Louis-Philippe 1er.

Enfin, cette application d’un cadre spatio-temporel précis permet de placer le lecteur dans une illusion du réel, ce qui viendra renforcer le caractère surprenant de l’intervention du surnaturel dans le récit, qui en fera alors une histoire fantastique.

  1. L’intervention du surnaturel

       Les trois récits font appel au registre littéraire du fantastique. Ce dernier se définit par l’introduction du surnaturel dans un univers aux semblants réalistes, qui peut produire alors un récit teinté d’une touche tant inquiétante qu’étrange, ce qui peut parfois dérouter le lecteur.

       Dans la pièce de Goethe, le surnaturel prend une place prépondérante au sein de l’histoire. Ainsi, Faust, le vieux scientifique, apparaît aussi doué de connaissances magiques, et récite incantations et sortilèges, invoquant des esprits dans son laboratoire : « Il saisit le livre, et prononce les signes mystérieux de l’Esprit. Il s’allume une flamme rouge, l’Esprit apparaît dans la flamme. » (p .49). Aussi, le récit de sa métamorphose du barbet à l’incarnation presqu’humaine de Méphistophélès plonge d’entrée le récit dans le surnaturel, raconté au travers du regard de Faust. Ce dernier identifie immédiatement la provenance infernale du démon, qu’il sait originaire de l’Enfer : « Es-tu, mon ami, un échappé de l’Enfer ? » (p.68). Aussi,         Méphistophélès est présenté comme quelqu’un qui vient de l’au-delà. Il ne relève pas du monde terrestre mais d’un autre monde : il est hétérogène au monde de Faust. Dieu et le Diable sont présentés comme deux puissances opposées et l’une n’a pas l’air plus puissante que l’autre : leur pari confère une certaine impression d’égalité entre eux, ce qui donne alors une vision manichéenne. On est également plongé en plein dans le merveilleux lorsque les animaux dans la grotte de la sorcière (notamment les chats) se mettent à parler et chanter, effectuant des « mouvements bizarres ». Dans l’univers de Faust, la nature devient un lieu symbolique de la magie et est ici connotée culturellement comme le lieu du mal. Il s’agit d’un monde sauvage, extérieur à l’homme et hétérogène à l’homme et à la culture. Elle est associée aux croyances païennes et préchrétiennes. D’ailleurs, la première sorcière que rencontre Faust se cache dans une grotte, et le sabbat des sorcières se déroule dans des montagnes reculées, loin de la société civilisée et de la morale des Hommes. Il y a aussi toute une symbolique du cercle et de la sphère, qui sont alors la représentation même de la dépravation et de la magie noire. Lors de la nuit de Walpurgis, cette forme est utilisée pour décrire les corps nus masculins et féminins mêlés dans la ronde, à la façon d’une orgie bestiale. Enfin, la magie permet des effets théâtraux, rattachant la pièce à sa dimension tragique, notamment lors de la vision qu’a Faust de Marguerite conduite au supplice, lors de la nuit du Sabbat. Chez Balzac, l’apparition du surnaturel est moins évidente. En effet, après un incipit qui ancre le récit dans un roman réaliste, l’apparition du surnaturel ne se fait que lors de l’entrée de Raphaël de Valentin dans la boutique de l’Antiquaire, (p.82), qui a des airs de l’Enfer. Les objets dans la boutique semblent faire partie d’un monde de l’imaginaire, et s’animent, prennent vie, comme le squelette, dans une sorte de danse macabre. Aussi, la présentation de la peau de chagrin par l’antiquaire plonge le lecteur ainsi que le personnage principal dans l’univers du conte, de par les allusions récurrentes à l’Orient, lieu propice aux contes, ainsi qu’avec les écritures sur la peau de chagrin, rédigées en langue arabe, qui confèrent alors à son propriétaire le pouvoir d’exaucer les vœux, à la manière de la lampe du génie d’Aladin. Aussi, Raphaël ne porte par son nom par hasard, qui évoque celui de l’ange. Il semble alors hétérogène à ce monde et à la réalité, tout comme Méphistophélès. Avec Dorian Gray, le surnaturel intervient avec les changements physiques du tableau, alors que Dorian ne vieillit pas. Cependant, le fantastique reste très ambigu dans ce roman, car à part ce personnage, personne ne voit le portrait, alors il est probable que les changements ne se soient opérés que dans sa tête, ce qui expliquerait pourquoi à la fin, c’est le corps d’un homme âgé qui a été retrouvé.

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