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La Métamorphose dans le Mythe de Térée

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Par   •  4 Avril 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  8 184 Mots (33 Pages)  •  383 Vues

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La Métamorphose dans le Mythe de Térée

De l’Antiquité au Moyen Age

Table des matières

Introduction        3

La fable des oiseaux        4

Comportements animaliers        4

Opposition entre humanité et bestialité        5

Térée, la tragédie perdue        6

Les métamorphoses en oiseaux        6

Violences et Langages        7

La comédie d’Aristophane        8

La métamorphose de l’homme en oiseaux        8

La métamorphose de l’oiseau en homme        10

Leucippé et Clitophon        12

De l’ekphrasis à la description de la métamorphose        12

L’hirondelle et le rossignol        13

L’épervier et la huppe        14

Le mythe au Moyen Age        14

Le récit de Chrétien de Troyes        15

Mensonges païens et Vérités chrétiennes        15

Métamorphose-châtiment pour Térée et Procné        17

Philomena le rossignol        18

La Fonction des Métamorphoses        20

Conclusion        21

Bibliographie        22

Introduction

La métamorphose, du grec metamorphosis (du préfix meta signifiant après et de morphè voulant dire forme) concerne le changement de forme, de nature, ou de structure, si considérable que l’être où la chose qui en est l’objet n’est plus reconnaissable[1]. Le thème de la métamorphose prend racine dans la mythologie grecque. Le mythe qui contient la métamorphose notamment du roi de Thrace Térée ainsi que de sa femme et sa belle-sœur en oiseaux, a été conté et reformulé à multiples reprises et dans divers genres littéraires tels que la poésie, le théâtre tragique et comique, le roman grec et le roman courtois. De l’œuvre poétique Les Travaux et des Jours d’Hésiode, en passant par la tragédie de Sophocle Térée, la comédie d’Aristophane Les Oiseaux, et le roman grec Leucippé et Clitophon d’Achille Tatius, pour en arriver au récit médiéval du roman courtois Philomena, cette étude s’intéresse à la fonction de la métaphore et de la métamorphose des oiseaux dans le mythe de Térée ainsi qu’à son évolution de l’Antiquité au Moyen Age.

     Plus précisément, la métamorphose en oiseaux de Philomèle et Procné, filles de Pandion, nous renvoie tout d’abord à Hésiode, qui dans Les Travaux et Les Jours désigne l’hirondelle comme fille de Pandion, puis, à Sophocle, qui a dédié aux deux sœurs la tragédie intitulée Térée, dont peu de fragments ont été conservés[2].  Par la suite, on retrouve les personnages de Térée et Procné dans les Oiseaux d’Aristophane, œuvre datant de 414 avant J-C, puis 600 ans plus tard, Achille Tatius mentionne le fameux récit dans son œuvre Leucippé et Clitophon. Enfin, basé sur Les Métamorphoses d’Ovide- lui-même inspiré des œuvres précédentes- au douzième siècle après Jésus Christ, on retrouve dans la littérature française l’histoire de Philomena, retracée probablement par Chrétien de Troyes. Ces versions du même mythe, et plus exactement la métamorphose des héros en animaux dans celles-ci, pourrait avoir une fonction différente si l’on prend en compte l’origine et l’époque à laquelle chacune d’elle a été décrite.

La fable des oiseaux

    Comportements animaliers

  Dans son œuvre Les Travaux et Les Jours[3], Hésiode aborde des thèmes fondamentaux pour la réflexion. Un de ces thèmes est celui de la justice qu’il examine avec la fable de l’épervier et du rossignol :

Maintenant aux rois, tout sages qu’ils sont, je conterai une histoire. Voici ce que l’épervier dit au rossignol au col tacheté, tandis qu’il l’emportait là-haut, au milieu des nues, dans ses serres ravissantes. Lui, pitoyablement gémissait, transpercé par les serres crochues ; et l’épervier, brutalement, lui dit : « Misérable, pourquoi cries-tu ? Tu appartiens à bien plus fort que toi. Tu iras où je te mènerai, pour beau chanteur que tu sois, et de toi, à mon gré, je ferai mon repas où te rendrai la liberté. Bien fou qui résiste à plus fort que soi : il n’obtient pas la victoire et à la honte ajoute la souffrance. » Ainsi dit l’épervier rapide, qui plane ailes éployées.[4] 

La fable intervient immédiatement après la description du dernier âge de fer, ou le mal et la loi du plus fort règnent, et avant une invitation à Perses d’écouter la justice. Elle fait donc figure de prologue. Hésiode n’ajoute à la fable aucun commentaire éclairant. Paul Mazon explique, « aux rois d’entendre ce qu’il a voulu leur dire »[5]. Cet avertissement destiné aux rois, illustre la démesure et ses conséquences pour le peuple de Théspie.  Le langage des rois est celui de l’épervier et le peuple est représenté par le rossignol. Suit à l’adresse aux rois et à la fable animale, une adresse à Perses qui se termine par la loi de Zeus sur le monde animal, le monde humain et la justice :

Telle est la loi que le Cronide a prescrite aux hommes : que les poissons, les fauves, les oiseaux ailés se dévorent puisqu’il n’’est point parmi eux de justice ; mais aux hommes Zeus a fait don de la justice, qui est de beaucoup le premier des biens. [6]

L’épervier et le rossignol n’ont pas de noms humains, ce sont seulement des oiseaux. En revanche, l’hirondelle qui est mentionnée dans la même œuvre, est désignée par le poète comme étant fille de Pandion : « Alors, la fille de Pandion, l’hirondelle au gémissement aigu, s’élance vers la lumière : c’est le printemps à nouveau pour les hommes »[7]. Puisque ce passage sur l’hirondelle fait allusion au mythe et à sa condition humaine précédente, on peut assumer que les personnages de Térée et Procné reviennent logiquement à l’épervier et au rossignol. La plausibilité de cet argument se renforce si l’on prend en compte le comportement des deux oiseaux. L’épervier, qui est un oiseau de proie, proclame le droit du plus fort. Dans les deux passages, il s’agit de rapports entre oiseaux qui sont présentés comme des rapports de force et où la victoire du plus fort est assimilée à la possibilité de se nourrir (« à mon gré, je ferai mon repas »[8], « que les poissons, les fauves, les oiseaux ailés se dévorent »[9]). Bonnafé explique « la comparaison animale des « Travaux et des Jours » utilise le rapprochement entre monde animal et monde humain pour souligner non pas la ressemblance de fait qui peut exister entre l’un et l’autre, mais au contraire, pour accentuer la différence qu’il est indispensable d’établir si l’on veut que la justice soit sauve »[10]. C’est probablement pour cela que contrairement à l’hirondelle, l’épervier et le rossignol dans le poème ne portent pas de noms.  

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