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La Machine Infernale Cocteau, La Voix

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Par   •  12 Juin 2014  •  1 665 Mots (7 Pages)  •  3 018 Vues

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La machine infernale, Cocteau

la voix

Introduction

En 1932, Jean Cocteau rédige et fait jouer La Machine infernale, pièce de théâtre dans laquelle il réécrit le mythe d'OEdipe. La plupart des spectateurs connait sans doute, dans ses grandes lignes, l'histoire de ce héros qui, de Sophocle à la psychanalyse, hante la culture occidentale. Pourtant, Cocteau prend la peine d'insérer, en tête de sa pièce, un prologue prononcé par une « voix » énigmatique, qui raconte l'histoire du personnage principal de la pièce. Cette insertion est doublement problématique : d'une part, résumant l'action dans son entier, le prologue ôte à la pièce tout suspens ; d'autre part, le type narratif retenu par Cocteau pour les premières minutes de sa pièce contraste avec le genre du théâtre, qui veut qu'une histoire soit présentée en actes, non en discours. Nous allons montrer que ce prologue reçoit trois fonctions particulières : il sert d'exposition à la tragédie de Cocteau, il permet à l'auteur de moderniser le mythe, il conduit également à réfléchir au principe même de l'écriture dramatique.

I. Une scène d'exposition tragique

1. présentation des lieux, des personnages et de l'action

Il s'agit d'une sorte de rappel de l'arrière-plan mythique de la pièce. Tous les spectateurs, quelle que soit leur culture, disposent ainsi des mêmes informations.

2. le registre tragique

La Voix, qui est celle de Cocteau lui-même lors des premières représentations, crée un lien direct entre auteur et spectateur (l.28). L'auteur, dans une sorte de transition entre le monde réel et le monde imaginaire de l'espace scénique, indique au spectateur ce qu'il doit comprendre du spectacle.

- registre tragique, lexique de la fatalité, vocabulaire de la mort, "anéantissement mathématique d'un mortel", allitération en [m], formule rythmée, implacable.

OEdipe est bien un héros ni tout à fait bon, ni tout à fait méchant, qui passe du bonheur au malheur en fonction d'un crime qu'il a commis poussé par la fatalité.

- la syntaxe : les différentes étapes de la vie d'OEdipe ne sont pas reliées par des connecteurs logiques, sauf 2ème § " donc il faut fuir Polybe et Mérope", les événements s'enchaînent sans qu'OEdipe puisse les maîtriser. Meurtre de Laius présenté comme une malheureuse erreur "le coup se trompe d'adresse et assomme le maître.", juxtaposition d'indépendantes qui traduit un enchaînement non maîtrisé "un cheval le bouscule ; une dispute éclate ; un domestique le menace, etc." Les indicateurs temporels sont flous "un soir de voyage", "pendant une de ses haltes", vie banale qui bascule par le meurtre de Laius et la victoire sur le Sphinx. L'ordre chronologique insiste sur la fatalité dans l'histoire d'OEdipe et l'absence de lien logique montre que le personnage ne peut y échapper.

3. le genre de la tragédie

-L'univers de la tragédie antique est évoqué, les Dieux, l'oracle de Delphes évoquent le mythe ainsi que la Sphinx. L'atrocité de l'univers tragique est rappelée par les mots "monstre", "noces monstrueuses", "le fléau", "la peste", " un criminel d'infecter le pays", intrusion de l'horreur dans le quotidien. La notion de faute apparaît non seulement dans les oracles "inceste et parricide", mais aussi dans le caractère d'OEdipe. En effet celui-ci est présenté comme "jeune, enthousiaste", naïf sans doute et inconséquent. Le crime de Laius devient un "accident" que le jeune homme oublie, puis des défauts plus condamnables sont précisés : "la curiosité, l'ambition le dévorent", vocabulaire péjoratif renforcé par le verbe "se hâte". Caractère implusif qui rappelle le comportement d'OEdipe lors de la rencontre avec Laius, "une dispute éclate" à cause d'une "bousculade", attitude exagérée. Ici c'est l'hybris, la démesure grecque qui est mise en scène et qui justifie le sort d'OEdipe. L'excès est contraire aux valeurs grecques et doit être puni. OEdipe porte en lui et sur lui son destin : son nom "pieds troués" représente le martyre qu'il a enduré (suspendu par les pieds à un arbre après sa naissance) et ses pieds resteront à jamais marqués. Enfin Jocaste est aussi coupable, elle est présentée par la Voix comme étant la seule à avoir abandonné son fils. Elle se pend à la fin. La boucle est bouclée.

-Le déroulement de l'action est propre à la tragédie décrite par Aristote : membre d'une même famille, personnages de rang élevé, renversement de situation du bonheur au malheur "il importe que leur victime tombe de haut", OEdipe croit échapper dans ses premières années à son destin, il devient roi de Thèbes, "des années s'écoulent, prospères","le peuple aime son roi" et enchaînement mécanique "la peste éclate", "de recherche en recherche, et comme enivré de malheur", "arrive au pied du mur", "le piège se ferme", crescendo tragique.

II. La modernisation du mythe

1. Les écarts de langage

- Cocteau utilise le langage courant, relâché, voire familier : «  « OEdipe, (…), leur tombe du ciel », « leur victime tombe de haut », « Œdipe arrive au pied du mur », « remontée à bloc ». Ecart de langage par rapport au style noble de la tragédie classique.

- Le vocabulaire technique n'a pas non plus sa place dans une tragédie classique : la métaphore de la machine, de la machination court dans le texte ( métaphore filée) et rappelle le titre : « remontée à bloc », « ressort », « une des plus parfaites machines construites », « anéantissement

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