Jacques le fataliste, Diderot, incipit

LA : Incipit de Jacques le fataliste, Diderot 1778

Introduction :

- Biographie Diderot (révolutionne le genre du roman)

- Lumières

- Paru en feuilleton dans la revue La Correspondance littéraire entre 1778 et 1780. Première édition en France en 1796

- Inspiré de l’anglais Sterne

- Incipit : Diderot ouvre le dialogue (théâtre) directement avec le lecteur et s’amuse à défaire les conventions romanesques du pacte de lecture (Il attaque les conventions romanesques et remet en question l’illusion romanesque).

- Mise en scène de 2 persos : valet Jacques (raconte son histoire) et la maître.

- Début déroutant pour le lecteur : série de questions aux réponses pas très éclairantes, le lecteur ne sait plus très bien où il en est, qui est le narrateur, quelles sont ses intentions

Développement :

I) Un incipit surprenant

1) Négation de la fonction informative de l'incipit

- « Comment s'étaient-ils rencontrés ?(…) Que disaient-ils ? » l1-5 : l'auteur anticipe sur les questions du lecteur, ce qu'il veut savoir → début de série de questions que l'auteur laissent sans réponse

- Les personnages = « Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard comme tout le monde » l1 ; « Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? » l2 : aucunes infos apportées,pas de portrait physique ou moral,  pas d'identité ; seule connaissance par le titre du livre et les répliques « LE MAITRE » et « JACQUES »

→ « et tu reçois » l24 , « tu as donc été » l32 tutoiement alors que  vouvoiement « vous l'avez deviné » l25 : Absence de nom pour le maître présenté dans son rôle hiérarchique par rapport au valet

- Le lieu = « D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain ? Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? » l4 : origine et destination des personnages inconnue (comme si ils allaient nulle part)

- L'intrigue = « Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien » l5 : pas d'infos précises non plus

=> Repères spatio-temporels, présentation des personnages, début de l'intrigue absent dans cet incipit ; fonction informative non remplie. L'auteur s'amuse à ne pas vouloir informer le lecteur (suspens) pour susciter sa curiosité

2) Un forme littéraire originale et complexe

- Le théâtre

→ « LE MAITRE », « JACQUES » :  premières répliques du discours présentées comme un dialogue de théâtre avec des noms mis en exergue en capitale

- Le dialogue philosophique

→ « Jacques le fataliste » ; « Les bonnes (…) d'une gourmette » l28 : J explique sa vision de la vie (son fatalisme) à son maître, par des illustrations de lis de cause à effet résumées à la fin des tirades

- Le roman d'apprentissage

→ « tu as donc été amoureux » l32 : J raconte son enfance, son adolescence, ses aventures amoureuses ce qui s'approche d'un roman d'apprentissage (colère de son père, décision de s'enrôler, bataille, coup de feu)

...