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Faux-Monnayeurs, André Gide

Dissertation : Faux-Monnayeurs, André Gide. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Novembre 2017  •  Dissertation  •  1 867 Mots (8 Pages)  •  1 077 Vues

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Le Journal des faux-monnayeurs est un ouvrage unique en son genre : du 17 juin 1919 au 9 juin 1925, André Gide décide de tenir le journal de l’élaboration de son roman Les Faux-monnayeurs. Ce texte est composé des deux cahiers qui l’ont accompagné tout au long de son travail d’écriture. L’écrivain y expose et analyse les difficultés qu’il rencontre et son travail de recherche. On y découvre notamment comment l’auteur construit l’intrigue de son roman, les éléments sur lesquels il s’appuie, la manière dont il élabore un personnage, ou plutôt la manière dont il fait connaissance avec ses personnages…

En lisant ce journal, le lecteur qui s’est enthousiasmé pour le roman pourra satisfaire sa curiosité : « Qu’apporte le journal des Faux-monnayeurs au roman de Gide? » 

Dans un premier temps nous allons voir comment le Journal des faux-monnayeurs est le support de création du roman, puis, dans un second temps en quoi il est un lieu de rencontre des personnages du roman et, enfin, comment ce  journal donne sa place au lecteur du  roman.

Le Journal des faux-monnayeurs permet à André Gide de poser sur le papier ses réflexions sur le roman qu’il veut écrire et de poser un regard critique sur son œuvre. C’est à la fois un support de création romanesque et un travail de mise à distance vis à vis de son écriture. À la fois carnet de travail et laboratoire de création, le Journal des faux-monnayeurs est le résultat du dialogue constant de l'écrivain avec lui-même. André Gide y expose par exemple la possibilité de plusieurs pistes narratives. Il y note les sources de ses différentes intrigues, reprises de certains faits divers de journaux ou des anecdotes de sa propre vie. Il s’interroge sur la structure qu’il va donner à son oeuvre , un plan en deux ou trois parties.

André Gide va même pousser plus loin cette expérience. Il ne se contente pas de tenir un journal en parallèle de son roman, Il choisit aussi de l’introduire au cœur de son roman. En effet, dans Les Faux-monnayeurs, le personnage d’Edouard tient lui aussi un journal qui préfigure le roman qu’il entreprend d’écrire. Ainsi, au milieu du roman, André Gide fait dire à Édouard, son personnage écrivain, ces mots à propos du livre qu’il est en train d’élaborer :

« C’est une sorte de journal que je tiens, comme on ferait celui d’un enfant… C’est-à-dire qu’au lieu de me contenter de résoudre, à mesure qu’elle se propose, chaque difficulté (et toute œuvre d’art n’est que la somme ou le produit des solutions d’une quantité de menues difficultés successives), chacune de ces difficultés, je l’expose, je l’étudie. Si vous voulez, ce carnet contient la critique de mon roman ; ou mieux : du roman en général. »

André Gide utilise donc le procédé littéraire de mise en abyme : il intègre dans le cadre du récit principal, un récit second qui résonne avec le premier. Il montre au lecteur un romancier, Edouard, qui comme lui est en train de se lancer dans l’écriture d’un roman. Et il  dévoile de cette façon les coulisses de son travail d’écrivain. Cette mise en abyme permet à l’auteur de placer dans la bouche de son personnage Édouard ses réflexions littéraires, son ambition créatrice, expliquant à son lecteur la démarche de son écriture. Édouard représente également le rapport de l’auteur à l’acte même d’écrire et ses difficultés. 

La mise en abîme est présente dans les Faux-monnayeurs à travers le personnage d’Edouard qui est parfois considéré comme porte parole de Gide. Ce personnages est lui-même en train d’élire un roman intitulé Les Faux-monnayeurs et il s’interroge à de nombreuses reprises sur la création littéraire et sur une nouvelle esthétique. DE plus, il note scrupuleusement ses observation dans un carnet, double du journal de Gide. C’est donc un double mise en abîme qui est donnée au lecteur. Dans Les Faux-monnayeurs : « Si vous voulez, ce carnet contient la critique de mon roman; ou mieux; du roman en général. Songez à l’intérêt qu’aurait pour nous u semblable carnet tenu par Dickens, ou Balzac; si nous avions le journal de L’Education sentimentale, ou des Frères Karamazov ! Histoire de l’oeuvre, de sa gestation ! Mais ce serait passionnant… plus intéressant que l’oeuvre elle même…  André Gide

Edouard expose ses idées sur le roman tout en justifiant l’existence de son carnet et, par la meme, l’intérêt littéraire du journal des faux-monnayeurs)

Mais, parfois,  entre le Journal des faux-monnayeurs et celui d’Edouard, il y a des divergences de points de vue. A travers cette multiplication des points de vue et en réaction contre le  roman réaliste balzacien, Gide parvient à rendre compte du réel, et surtout de l’ambiguïté du réel. Un événement est raconté selon différentes focalisations internes, délivrant de cette manière au lecteur des parcelles de vérité, subjectives, qui tentent de se rapprocher de la réalité.

 

Les personnages qui s’invitent dans Le Journal des faux-Monnayeurs contribuent eux aussi à multiplier les points de vue. Gide a voulu que ses personnages se rencontrent dans son journal afin de les regarder vivre,  avant de les inclure dans son roman. Il veut dépasser l’idée reçue selon laquelle le romancier crée un personnage, comme un artifice : il  doit laisser vivre ses personnages, et non pas vouloir les inventer:

"L'ennui, voyez-vous, c'est d'avoir à conditionner ses personnages. Ils vivent en moi d'une manière puissante, et je dirais même volontiers qu'ils vivent à mes dépens. Je sais comment ils pensent, comment ils parlent ; je distingue la plus subtile intonation de leur voix ; je sais qu'il y a de tels actes qu'ils doivent commettre, tels autres qui leur sont interdits... " (II, août 1921, pp. 58 – 59)

Les personnages font leur apparition dès le premier cahier du journal, mais ils ne sont alors que des figures sans nom, à l'exception de Lafcadio et d'Edouard,

Le personnage

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