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Commentaire sur la fable Le Loup Et Le Chien de Jean de la Fontaine

Mémoire : Commentaire sur la fable Le Loup Et Le Chien de Jean de la Fontaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Janvier 2013  •  2 411 Mots (10 Pages)  •  2 509 Vues

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Jean La Fontaine est l’un des plus célèbres poètes français du XVII° siècle. Ses Fables, réparties sur douze livres, constituent l’un des plus grands chefs d’?uvre de la littérature française. Ses principales sources d’inspiration provenaient de l’Antiquité, et notamment des apologues d’Esope et de Phèdre. Ici, la fable Le Loup et le Chien issue du premier livre était initialement dédiée au jeune Dauphin, tout comme les cinq autres premiers livres. Cette fable « animale » présente un Chien qui se vante auprès d’un Loup affamé de la nourriture qu’il obtient de son maitre contre son obéissance. La Fontaine dénonce ainsi le manque de liberté et la servilité des courtisans vis-à-vis du roi. Dans ce poème hétérométrique de 41 vers, les modifications de longueur des vers rythment et soulignent les étapes du récit. Ainsi, nous retrouvons dans cet apologue les deux fonctions principales de la fable : plaire et instruire.

Tout d’abord, nous étudierons les procédés utilisés par l’auteur pour rendre ce récit vivant et plaisant, puis nous analyserons les personnages mis en scène. Enfin, nous nous intéresserons à l’enjeu de la fable et à la moralité que cherche à faire passer La Fontaine à travers son récit.

Pour commencer, cette fable se démarque des autres apologues par l’impression de mouvement qui en découle ainsi que par sa vivacité.

En effet, elle adopte une forme dynamique traduite par les nombreux verbes au présent de narration : « rencontre », « aborde », « reprit » qui rendent le récit plus vivace. De plus, la brièveté du récit en assure l’efficacité. En outre, les vers sont hétérométriques : ainsi, l’alternance des différents mètres comme les alexandrins, les décasyllabes ou les octosyllabes entraine une diversité et une vivacité propre à La Fontaine et crée des rythmes variés pour délimiter les étapes de cet apologue. Pareillement, l’alternance de la disposition des rimes (rimes plates, embrassées, croisées) permet de dynamiser le récit. La présence importante de dialogues et de discours évite toute monotonie et de ce fait rend le récit plus vivant qu’il ne l’est déjà.

Ainsi, les interruptions du récit offrent un espace de parole, retranscrite au discours direct et indirect. Le discours indirect est présent lorsque le Loup flatte le Chien sur son « embonpoint » aux vers 10 à 12. Le reste des paroles des animaux sont rapportées au style direct, ce qui confère de la vivacité au récit. La parole est monopolisée par le Chien qui exprime ainsi sa vanité, et se sent supérieur au Loup.

Cependant, même si la parole du Chien est privilégiée, c’est le Loup qui aura le dernier mot et qui s’attirera les faveurs du lecteur. Cette vivacité est renforcée par un dialogue à l’intérieur de deux mêmes vers : le débat entre le Chien et le Loup à propos de la marque que porte le premier autour du cou. Le Chien y fait des propos dilatoires, il évite de répondre au Loup puis finit par s’y résoudre et avoue que c’est la marque de son collier, aveu souligné par un contre rejet.

Enfin, le récit proposé fait place à de nombreux rebondissements, respectant ainsi le schéma narratif. De la sorte, les deux premiers vers constituent la situation initiale, à savoir l’état physique du Loup et des Chiens : le premier est « affamé » tandis que les seconds « faisaient bonne garde ». On assiste ensuite à la rencontre entre ce Loup et un puissant Dogue, soit l’élément déclencheur qui s’étend du vers 3 au vers 9. S’ensuivent plusieurs péripéties dont la flatterie du Loup auprès du Chien sur son embonpoint (vers 10 à 12), l’argumentation du Chien qui cherche à persuader le Loup de sa facilité à se nourrir, mais sans mentionner les désagréments de cette méthode (vers 13 à 29). Puis le Loup se décide à accompagner le Chien et

à l’imiter pour acquérir sa nourriture (vers 30 et 31), mais, malgré les remarques du Chien qui tente de camoufler les inconvénients de son travail, il découvre ensuite qu’il n’est pas libre de ces gestes : « vous ne courrez donc pas où vous voulez ? » grâce à la marque de son collier. Des vers 38 à 40, nous retrouvons donc l’élément de résolution où le Loup rejette l’idée de devenir comme le Chien et choisit de rester indépendant. Enfin, on découvre la situation finale, c'est-à-dire le fait que le Loup soit encore libre tandis qu’on devine que le Chien est retourné servir son Maitre.

Mais le succès de ce récit ne tient pas seulement à son dynamisme, mais aussi à l’animalisation des personnages, représentant chacun une conception de la vie différente.

La qualité de cette fable tient aussi au travestissement animal des personnages. Les animaux incarnent ainsi des traits de caractère et des comportements plus humains que bestiaux.

Comme, les catégories sociales qu’ils représentent, ces deux personnages sont en opposition constante. L’opposition animal sauvage - animal domestique fait d’eux des adversaires inégaux, mais on assiste à un rééquilibrage par opposition physique entre le Loup qui n’a «que les os et la peau » et le « Dogue aussi puissant que beau », ce qui va susciter la jalousie du Loup qui voudrait lui ressembler. C’est d’ailleurs cette opposition physique en sa défaveur qui va déterminer le comportement du Loup. Mais l'opposition est également d’ordre psychologique. Le Loup fait profil bas et parle peu tandis que le Chien semble sûr de lui comme en atteste sa longue tirade (vers 13 à 29) et se sent supérieur : « aussi gras que moi », « vos pareils y sont misérables ». Enfin, la visée morale nous fait prendre conscience d’une dernière opposition : le Chien est soumis et servile alors que le Loup est libre et indépendant.

Tout d’abord, le Chien nous apparait comme « puissant », « beau » et « gras », une certaine idée de force et de respect s’en dégage. Néanmoins, lorsqu’il prend la parole, on comprend qu’il n’est qu’un domestique car la question de la nourriture est celle qu’il aborde en priorité aussi bien quand il se décrit « aussi gras que moi », que lorsqu?il expose la vie des Loups « mourir de faim », « point de franche lippée ». Son assurance est perceptible dans la métrique des vers : il utilise de nombreux alexandrins, comme si l’ampleur du vers lui convenait mieux pour exprimer la classe sociale à laquelle il appartient. Cette autosuffisance est renforcée par le fait qu’il parle posément et longuement comme ceux qui ont l’habitude d’être écoutés tandis que le Loup s’exprime brièvement. L’objectif du Chien va consister à transformer le Loup

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