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Commentaire comparé Faust "cuisine de sorcière"

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Par   •  29 Mars 2017  •  Commentaire de texte  •  2 273 Mots (10 Pages)  •  1 345 Vues

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goetz

Armandine

L1 Lettres Modernes

Commentaire de « Cuisine de sorcière »

Cet extrait intitulé « Cuisine de sorcière », issu du Faust 1 de Goethe est particulier. En effet, cette scène s’inscrit dans la lignée du Faust de Marlowe, mais rompt avec les bases de la tradition de ce mythe posées par Marlowe.

Cette ambivalence se retrouve tout au long de la scène.

Problématique :        Pour saisir la duplicité de ce texte, il convient d’analyser comment à travers sa signification, et les procédés stylistiques utilisés, Faust mélange tonalités, réalité et fiction afin de traduire le mal-être de l’époque.

Annonce du plan : Dans cette scène, Goethe a affirmé ce genre, en lui prêtant une dimension comique. Cela pose alors la question d’un changement d’enjeux de la pièce. Lorsque cette œuvre a été écrite, l’Allemagne était gouvernée par un roi, alors qu’en France le courant des Lumières était en pleine expansion. Goethe était partisan des idées de Rousseau, il n’était pas satisfait de l’ordre établi dont il fait la satire, tout en prônant des valeurs romantiques. Cela induit un retour à une conception plus proche de la nature.

  1. le genre fantastique

  1. une présence du fantastique affirmée

L’une des premières remarques à noter dans « cuisine de sorcière » est l’atmosphère omniprésente du fantastique. Plus prononcée que chez Marlowe, elle se caractérise d’une part, par un champ lexical de la magie présent dès le chapeau introductif : « la  grosse marmite » qui contient « un breuvage », « A travers la vapeur qui s’en élève, apparaissent des figures singulières » ; voici le décor de la maison de la sorcière dont « les murs et le plafond sont tapissés d’outils singuliers à l’usage de la Sorcière », dans laquelle Méphistophélès entraine Faust, son  élève.

D’autre part, des adjectifs moraux les qualifient : « animaux malhonnêtes », « aimables bêtes »

Enfin, Goethe innove par l’usage d’un procédé stylistique : celui de la personnification. Les animaux ont leurs répliques, à l’image des acteurs : le chat et la chatte dialoguent avec Méphistophélès : celui-ci interroge les animaux qui lui répondent «- Méphistophélès : Dites-moi, drôles que vous êtes ? Qu’est-ce –que vous brassez ainsi ? – Les animaux : Nous faisons la soupe des bêtes. »

 En outre, les didascalies et les répliques les concernant contiennent des verbes d’action : « le ramasse », « oh ! Jouons tous les deux… » ; cette espèce est donc capable de travailler, de parler, de prendre des initiatives, et de réfléchir comme le ferait un humain.

  1.  une ambivalence du fantastique

Cette ambiance surréaliste au-delà de son but satirique, a une visée comique. En effet, dans ce passage, les animaux ont une importance équivalente à celle de l’Homme. Ce qui donne une tonalité humoristique est par exemple leur audace : « Méphistophélès : qu’est-ce –que cette coupe ? - Le chat et la chatte : Il ne connaît pas le pot… Vit-on jamais un pareil sot ?» Dans cette réplique, les animaux se permettent d’insulter le diable, ce qui peut être perçu comme une marque de supériorité. Ce rapport ridiculise Méphistophélès, d’autant plus que le chat, comme l’indique la didascalie « oblige Méphistophélès à s’asseoir. »

  1. vers un changement d’enjeux

L’introduction d’animaux-acteurs, bien que pertinente, a induit des changements à plusieurs niveaux du mythe de Faust.

        D’abord son genre qui, à la base, était théâtral ; autrement dit pour être joué sur scène, se trouve bouleversé. En effet, d’un point de vue technique, la mise en scène d’animaux qui parle parait impossible. Evidemment, des comédiens pourraient porter des déguisements d’animaux, cependant l’effet satirique s’effacerait face à celui du burlesque, carnavaleresque  présent chez Marlowe. Ainsi, l’authenticité recherchée par Goethe disparaitrait.

        Ensuite, le fait de cette représentation improbable provoque un changement dans le but et dans la portée de la pièce. Le mythe de Faust, tragico-comique prend une dimension politique voir philosophique. D’ailleurs la présence de ces animaux n’est pas sans rappeler le procédé utilisé par Lafontaine ; qui dans ses fables, faisaient intervenir des animaux pour critiquer la société. De fait, Goethe et Lafontaine ont une volonté commune : dénoncer un ordre établi, et démocratiser leur réflexion. Les animaux qui parlent sont empruntés au monde merveilleux adoré et compris par les enfants.

  1. Une critique de l’ordre établi

  1. une rupture avec le présent

La critique de l’ordre établi se distingue à deux niveaux. D’abord dans l’histoire de la pièce elle-même ; si Méphistophélès emmène Faust chez la Sorcière, c’est pour qu’il retrouve l’innocence de sa jeunesse. De cette façon, il pourra retrouver la joie de vivre : « Et y a-t-il dans cette cuisine quelque breuvage qui puisse m’ôter trente ans de dessus le corps ? », « J’ai déjà perdu toute espérance.» Méphistophélès lui reproche de rester trop raisonnable : « Mon ami, tu parles encore avec sagesse. » Cette réplique suggère donc que la magie de la potion va transformer la personnalité de Faust, qui dans le présent, l’empêche d’atteindre le bonheur.

        Puis,  de manière implicite, cette sensation de mal-être éprouvée par Faust coïncide avec une crise sociétale et économique : « le crible rend l’âme aux yeux visible», explique le chat à Méphistophélès. Autrement dit, il fait réagir face à ce régime monarchique allemand aux idées archaïques, condamné par Goethe. Le chat déclare en outre : « Voici le monde : La boule ronde…Donne la mort. » Ainsi, le monde est en perdition, il faut le fuir ou passer à autre chose pour survivre. Plus tard, cet animal fait état de la disparité économique en flattant Méphistophélès : « Et fais ma fortune… J’obtiendrais une belle place. » Ces dires pointent l’inégalité des classes sociales. Cette condition sociale est rappelée par la remarque de Méphistophélès lorsqu’il désigne les animaux : « Voici la servante, voilà le valet… »

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