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Cage d'oiseau et Les Corbeaux

Discours : Cage d'oiseau et Les Corbeaux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Juillet 2022  •  Discours  •  1 049 Mots (5 Pages)  •  193 Vues

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Devoir 3C – Dissertation critique        

Sujet de dissertation critique

A-t-on raison de penser que Saint-Denys Garneau et Émile Nelligan présentent, dans Cage d'oiseau et Les Corbeaux, une même vision de la fatalité ? Discutez.

Tout d’abord, la mort est présentée comme étant la fin ultime dans Cage d’oiseau d’Hector Saint-Denys Garneau et dans Les Corbeaux d’Émile Nelligan. De plus, la mort prend la forme des oiseaux dans les deux poèmes. Saint-Denys Garneau annonça la 5e strophe : « C’est un oiseau tenu captif/ la mort dans ma cage d’os ». L’association entre l’oiseau et la mort devient évidente lorsqu’on observe le parallélisme entre la 5e strophe et la 3e strophe qui indique que « l’oiseau dans ma cage d’os/ c’est la mort qui fait son nid ». Similairement, dans le poème de Nelligan, l’image des « corbeaux » revient à plusieurs reprises et évoque la présence de la mort. Ces derniers sont présentés comme oiseaux carnassiers et charognards qui « [flairent] un régal de carcasses de zèbres » (6e vers) et qui « dévoreront en entier [une charogne éparse au champ des jours] » (14e vers). L’auteur reproduisit alors les comportements naturels des corbeaux et profita de leur association étroite à la mort dans la vie réelle. De plus, les deux auteurs comprennent la destruction de leurs âmes dans leur vision de la fatalité. Pour Saint-Denys Garneau, l’oiseau « aura son âme au bec » (24e vers) et pour Nelligan, « ces vieux corbeaux dévoreront [son âme] en entier ». Les deux auteurs voient alors la mort et la destruction de leur âme comme étant la fatalité.

Cependant, l’attitude des deux auteurs face à la fatalité est distinctement différente. Alors que Saint-Denys Garneau évoque l’imagerie de la mort dans son poème, il utilisa des euphémismes tels que « il aura mon âme au bec » (24e vers) pour adoucir l’impact de sa mort. Nelligan présenta la nature de sa mort comme étant d’une violence hyperbolique. On retrouve dans son poème des phrases comme « agitant à leurs becs une chair en lambeaux » (8e vers), « déchirant à larges coups de bec, sans quartier [mon âme] » (12e vers) ou « [mon âme], que ces vieux corbeaux dévoreront en entier » (14e vers) pour peindre une véritable scène de massacre. Le niveau de violence est une différence majeure entre les deux poèmes. Dans le même ordre d’idées, les deux poèmes possèdent des tons distincts. Saint-Denys Garneau utilisa rarement des adjectifs dans son poème pour créer une scène calme avec une tristesse sous-entendue qui contraste fortement avec le poème de Nelligan qui est rempli d’adjectifs aidant à créer des scènes remplies d’actions et d’images vives. Il est sans coïncidence qu’on peut soulever un champ lexical macabre et sombre chez Nelligan. En effet on l’aperçoit à l’aide des mots comme « funèbres » (2e vers), « tombeaux » (5e vers), « carcasses » (6e vers) ou « ténèbres » (7e vers). Les deux auteurs visèrent de créer des impressions différentes chez les lecteurs à travers le ton du poème.

Finalement, malgré l’utilisation de l’imagerie des oiseaux pour représenter la fatalité de la mort chez Saint-Denys Garneau et Nelligan, l’opinion des auteurs face à cette vision est ultimement différente. En effet, Saint-Denys Garneau a dû prendre connaissance de sa fatalité vers le début de sa vie adulte. Il avait développé une maladie du cœur. Il parla de sa condition dans Poèmes et Proses (1925-1940), Avec des inédits : « Les médecins m’ont découvert une maladie de cœur, une lésion. Cela m’a laissé froid : j’ai toujours éprouvé de l’indifférence pour la façon dont je mourrais…. Je me repose activement , en peignant, en écrivant, en lisant ». Son poème, Cage d’oiseau, reflète sa vision sur la mort. Il parla de la mort dans Journal (1929-1939) de la façon suivante : « Jamais elle ne m’a répugné. Je l’ai toujours considérée comme une libératrice ». Ceci explique entre autres le choix de la cage d’oiseau comme métaphore pour décrire son corps ainsi que l’oiseau, qui représente la mort, qu’on retrouve à l’intérieur de lui à la première strophe. « Je suis une cage d’oiseau/ une cage d’os/ avec un oiseau » (1re strophe). L’auteur exprime son acceptation de la mort à la fin du poème avec le vers « il aura mon âme au bec » (24e vers) lorsque l’oiseau s’envole après « avoir tout mangé » (20e vers). Saint-Denys Garneau voit la mort comme libératrice et provenant d’à l’intérieur de soi-même. Cette vision est vastement différente de celle de Nelligan. Pour ajouter aux différences créées par le lexique péjoratif et le ton sinistre, la mort de Nelligan dans son poème Les Corbeaux est vécue d’une manière dissociée. Il annonce l’idée d’une dissociation dans le tout premier vers. Il voit « sur [son] cœur un essaim de corbeaux » (1er vers) comme s’il fut témoin. Il ne se décrivit pas non plus comme étant « proie » (9e vers), mais l’attribua plutôt à sa « Vie » (10e vers) auquel il accorde une majuscule comme pour le distinguer du soi comme étant une entité différente. On peut comprendre que Nelligan opposa fortement sa fin ultime et ne vit que de la violence et l’impuissance puisqu’il n’opposa aucunement les corbeaux dans son poème. Cette vision peut être attribuée à son internement dans un asile psychiatrique avant même qu’il eut 20 ans. Il vit dans ce fait la mort d’une partie de lui-même, une mort violente à laquelle il n’a pu porter de résistance. Il serait juste d’admettre qu’en dépit des similarités, les deux auteurs ne partageaient pas la même vision de la fatalité.

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