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Analyse de l'Acte I Scène 1 de la pièce de théâtre Britannicus de Jean Racine

Commentaire de texte : Analyse de l'Acte I Scène 1 de la pièce de théâtre Britannicus de Jean Racine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Février 2013  •  Commentaire de texte  •  2 726 Mots (11 Pages)  •  5 970 Vues

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BRITANNICUS – DEBUT DE LA SCENE 1 DE L’ACTE I

Lecture analytique

INTRODUCTION

C'est en 1669 que Racine écrit Britannicus. Comme dans beaucoup de tragédies du XVII° siècle, le sujet est emprunté à l'histoire romaine. Le thème de prédilection des tragédies raciniennes est la description des ravages de la passion amoureuse mais, dans Britannicus, il a voulu écrire aussi une pièce à sujet politique : l’évocation des luttes pour le pouvoir à la cour de Néron. La scène I de l'acte I dont nous allons étudier le début, est un dialogue entre la mère de Néron, Agrippine, et Albine, sa confidente. Elle correspond en tous points à ce que les classiques appelaient une scène d'exposition, c'est à dire une scène qui se donne pour objectif d’informer rapidement le spectateur, de la manière la plus naturelle possible. Dans un premier axe, nous verrons que le spectateur reçoit ici, en très peu de temps, une information très dense. Mais le souci de Racine est aussi d’éliminer dans la mesure du possible les aspects artificiels de cette information à rythme accéléré. C'est pourquoi dans une seconde partie de notre commentaire, nous analyserons les moyens utilisés par l’auteur pour apporter à la scène d’exposition vraisemblance et efficacité dramatique.

1° AXE : LA RECHERCHE D’UNE INFORMATION

COMPLETE ET RAPIDE.

Idée directrice de l’axe : Le spectateur de Britannicus trouve très vite dans ce début de scène un grand nombre d’informations.

Indices spatio-temporels

Le lieu : v.3-4 « Qu’errant dans le palais sans suite et sans escorte, / La mère de César veille seule à sa porte ? » Pour le spectateur, qui n’a pas lu la didascalie initiale ( « La scène est à Rome, dans une chambre du palais de Néron »), Albine en résume à sa manière la teneur.

L’époque : L’époque est suggérée par la célébrité des noms : Néron, empereur de Rome entre 54 et 68 après Jésus-Christ (né en 37).

Autres références historiques précises :

« Depuis trois ans entiers, qu’a-t-il dit, qu’a-t-il fait … » (v.25) Une note explique que cet indice temporel renvoie à l’adoption de Néron par Claude.

« Rome, depuis deux ans, par ses soins gouvernée » (v.27). Nous savons donc exactement en quelle année nous sommes : en 56 ap.JC.

Le moment : Le moment exact où commence la pièce est indiqué dés le vers 2 : « Faut-il que vous veniez attendre son réveil ? »

L’action

L’élément-clé (l’élément perturbateur) est révélé progressivement au cours du texte :

v.10 – 14 : « Contre Britannicus, Néron s’est déclaré / L’impatient Néron cesse de se contraindre / Las de se faire aimer, il veut se faire craindre, / Britannicus le gêne … »

Mais il faut attendre le vers 54 pour en connaître la nature exacte : « Et ce même Néron, que la vertu conduit, / Fait enlever Junie au milieu de la nuit ».

On remarque donc que l’élément perturbateur s’est produit avant même que la pièce ne commence.

Montrons ici sur un exemple comment la versification peut contribuer à renforcer l’idée : analysons le vers 13 : « Las de se faire aimer, il veut se faire craindre ». Analyse empruntée à Gilles Guilleron : Britannicus (L’oeuvre au clair 1993).

Agrippine y traduit la transformation psychologique que vit son fils et rend visible, à travers l'évocation de son besoin de domination, son évolution vers la tyrannie.

On peut le commenter à partir des remarques suivantes :

  Le parallélisme des deux hémistiches et l'antithèse qu'ainsi il renforce entre les deux infinitifs aimer et craindre accentuent l'opposition éloquente entre l'idée d'un pouvoir qui garantit l'honneur de celui qui l'exerce et celle d'une autorité haïssable et monstrueuse.

  Ce parallélisme souligne également l'introduction du verbe de volonté : il veut, dont le mode et le temps indicatif présent , et la place dans le vers, renforcent l'expressivité. En deux mots s'énonce le choix implacable de Néron.

  Les sonorités du premier hémistiche assonance en [], élision du e muet de faire accompagnent la tristesse d'Agrippine dans le regard résigné qu'elle jette sur son fils. En revanche la prononciation du e muet de faire dans le second hémistiche, la vibrante que cette prononciation souligne, répercutée dans l'infinitif craindre et accentuée par la gutturale et la dentale traduisent son effroi devant le naissant besoin de tyrannie de Néron. Le théâtre appartenant d'abord à la voix des acteurs qui le jouent, le commentaire des effets de sonorités est important.

  Par le bouleversement psychologique ainsi mis en scène, se dit l'enjeu de la pièce. La volonté de prise de pouvoir de Néron est désignée ici comme tout à la fois illégitime et monstrueuse. C'est cette accession à un ordre inhumain qui assure le ressort tragique de la pièce et sa cohérence.

D’autres informations nécessaires pour comprendre la situation nous sont apportées par les diverses interventions d’Albine :

• Vers 15 à 18, nous apprenons qu’Agrippine, mère de Néron (« vous à qui Néron doit le jour qu’il respire ») a déshérité le fils de l’empereur Claude, Britannicus, prétendant légitime au trône de son père, pour porter au pouvoir « Domitius » (c’est à dire Néron, dont le nom latin était Lucius Domitius Tiberius Claudius Nero).

• Vers 25 à 30, nous apprenons que Néron a été un bon chef d’état pendant les deux premières années de son règne (comparable à « Auguste vieillissant ». Une note nous indique que l’empereur Auguste, arrivé au pouvoir par la violence, avait ensuite gouverné avec modération)

Agrippine complète ces informations aux vers 51-52, en nous apprenant que Britannicus aime une jeune fille appelée Junie. Le vers 58 nous apprend qu’Agrippine encourage cette liaison. C’est pourquoi elle accueille comme une attaque personnelle l’enlèvement de Junie par Néron.

Cependant certains éléments manquent à Agrippine (et

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