Ebauche d'article selon Olympe de Gouges

08/03/1978 

L’occasion s’est présentée à moi de vous rédiger cette ébauche d’article. Si j’ai voulu vous écrire aujourd’hui, c’est parce que je me devais de vous parler de cette avancée majeure dans le domaine pour lequel je me suis battue toute ma vie : l’égalité des sexes. En effet, nous sommes un an après la mise en place de la Journée Internationale de la Femme par l'Organisation des Nations Unies. Cette journée a été rendu possible grâce aux nombreux mouvements féministes partout à travers le monde qui ont fait prendre conscience à la population que l’égalité est une valeur essentielle dans notre société. 

Après réflexion - puisqu’on pourrait voir cela comme une excellente nouvelle seulement - cette journée me paraît ambivalente ; n'est-il pas inquiétant de devoir recourir à ce genre d'action pour que la population réalise entièrement que les femmes doivent être égales aux hommes ? J’en appelle à votre raison ! Oui, créer cette journée est symbolique mais ce n'est évidemment pas suffisant. Nous devons continuer d'agir pour défendre nos droits ! Depuis la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, le monde a changé. Les progrès dans le domaine que je défends se sont accumulés ; en somme, les inégalités entre les deux sexes n'ont jamais été aussi réduites et j'en suis fière. Mais je ne pense pas qu'il soit normal qu'aujourd'hui, les femmes doivent continuer à se battre pour la parfaite égalité entre les genres. Ne pensez-vous pas qu’elle devrait être évidente de nos jours ? Après tant de luttes, je ne comprends pas que tout le monde n’ait pas ouvert les yeux sur ledit sujet. Je veux que mes descendants trouvent absurde que je me sois battu pour l’égalité des sexes tellement cela leur paraîtrait évident et établit. Je veux préserver mes petites-filles de ce monde misogyne, voir mes petits-fils respecter les femmes et leurs droits.

Ainsi, j’approuve l’initiative du 8 mars car il nous permet de prendre conscience des avancées dans le droit des femmes, mais surtout du chemin qu'il nous reste à parcourir pour obtenir cette égalité dont nous rêvons tant.  

À présent, je me dois de réagir à deux caricatures qui m'ont marqué à propos de la Journée Internationale de la Femme. Dans les dessins de Geluck et Plantu notamment repose toute l'ambivalence de cette journée. Ces caricatures prouvent que la symbolique de la journée de la femme n'est pas prise au sérieux ou n’est simplement pas comprise. Partisane de la liberté d’expression, je ne condamne pas ces caricatures mais je tiens à leur répondre : leur sarcasme, au lieu de nous inférioriser, sera notre source de motivation pour nous battre d’autant plus contre les inégalités. Il est également à noter que ces dessins illustrent le cliché de l’homme qui se sent supérieur à la femme, je ne peux donc les prendre au sérieux : après deux siècles, la mentalité masculine n’aurait pas changé ? Cela me paraît peu concevable. 

Femmes, battez-vous, battez-vous encore, faites-en sorte que ma conscience soit tranquille : elle ne le sera pas tant que vous ne gagnerez pas ce combat. 

Votre dévouée Olympe de Gouges. 

...