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Commentaire de texte, souveraineté, Bodin

TD : Commentaire de texte, souveraineté, Bodin. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2018  •  TD  •  3 977 Mots (16 Pages)  •  2 484 Vues

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FICHE 3 : SOUVERAINETE

Commentaire de texte

Jean Bodin, Les six livres de la République ( 1576 )

« Des Grecs, jadis, demandaient au sage Solon : « Quelle est la meilleure Constitution ?». Autrement dit, quelle est le meilleur gouvernement pour une république ? Solon répondait : «Dites-moi, d’abord, pour quel peuple et à quelle époque ?».

L’époque qui nous concerne est celle du XVIème siècle, ou plus généralement quand la France était une monarchie absolue de droit divin, après avoir expérimenté une longue période de féodalité où des seigneurs locaux se sont substitués à l’autorité centrale. Le pouvoir du roi, affaibli à l’origine, s’est peu à peu imposé et a reconstruit l’image étatique du pays avec un régime de monarchie absolue. Une des figures les plus éminentes de ce régime est surement Louis XIV, qui était surnommé « le roi Soleil », ou encore Louis XVI, guillotiné en 1793 par les révolutionnaires.

La monarchie absolue a été guillotinée, et avec le temps, les français n’en ont conservé que des cicatrices. Inventé par les révolutionnaires, en effet, le mot « absolutisme » apparaît en 1797 pour rimer avec « despotisme ». C’est précisément de cette manière que le roi absolu a été et est désormais conçu par les partisans de la république : comme un despote, un homme qui ne connaît pas la tempérance et qui agit seul, quand et comment cela lui convient. C’est une manière de considérer la monarchie absolue, mais d’autres points de vue sont possibles. Economiste, juriste et député aux Etats Généraux de Blois, Jean Bodin publie en 1576 Les six livres de la République, un ouvrage qui, curieusement, théorise une conception plus positive de la monarchie absolue. Il faut rappeler que Bodin écrit dans une période de crise de la monarchie. Il a connu les guerres de religion entre catholiques et protestants, et la faiblesse du monarque face à un tel défi. Charles IX peinait à contrôler la situation, en outre, comme si cela n’était pas suffisant sa souveraineté était fortement contestée aux yeux de la religion réformée. Par ailleurs, Bodin écrit après une longue période de crise de la Couronne : avant d’être attribuée au monarque, la souveraineté était entre les mains de plusieurs seigneurs puissants partageant le territoire de la France en seigneuries et exerçant chacun d’eux leur propre loi.

Comment donc reconstruire une image plus positive de la souveraineté du monarque royal ? Telle est la question que Bodin se pose.

L’Etat et la Souveraineté sont au cœur de sa théorie. Ces deux notions différentes, pour lui, sont nécessairement liées. Autrement dit, seul l’Etat est souverain (I). Pour Etat, il entend une entité centrale unissant l’ensemble du royaume par une seule loi. C’est donc du monarque qu’il parle, précisément du monarque royal, qu’il considère légitime même dans le cas d’une monarchie royale absolue (II).

I/ Etat et Souveraineté, deux notions complémentaires

Une république légitime est tout d’abord, une république souveraine. Etat et Souveraineté, en effet, sont deux notions complémentaires. Jean Bodin nous explique qu’il serait difficile de concevoir une république sans souveraineté (A). Par ailleurs, il explique que ladite souveraineté, se caractérise particulièrement par la puissance libre du souverain de donner loi à ses sujets (B).

A ) Nécessité d’une république souveraine

« La république sans puissance souveraine (…) n’est plus république » nous dit Jean Bodin.

L’Etat, par définition, est ce qui unit le peuple et le territoire à un gouvernement, une puissance centrale. Il s’agit de la définition académique la plus communément partagée de l’Etat. Donc, logiquement, quand Bodin dit que l’Etat « n’est plus république », cela veut dire que l’union qui le caractérisait n’existe plus. L’unité fait l’Etat. Plus précisément, « plusieurs ménages » avec « ce qui leur est commun » font l’unité. Ici, Bodin se réfère aux institutions publiques et aux intérêts poursuivis par lesdites institutions et il les compare à un « navire ». 

En effet, comme le navire ne peut fonctionner que grâce à « la quille, la poupe et le tillac », l’Etat ne peut fonctionner que grâce à une « puissance souveraine », parce que, précisément, c’est la puissance souveraine qui permet aux institutions publiques d’accomplir leurs objectifs communs et d’unir, de ce fait, le peuple se trouvant dans un territoire déterminé.

« L’Etat détient le monopole de la contrainte légitime », cette définition sociologique de l’Etat, développée par Max Weber pose le problème de l’unité de l’Etat. Un Etat démorcélé est un Etat qui peine à se faire obéir, à imposer une loi unique, générale, pour tous. C’est ce que l’Etat français a dû expérimenter quand le territoire de la France qu’on connaît aujourd’hui était habité par les barbares, plusieurs ethnies suivant plusieurs coutumes, et quand, aux temps des féodalités, le territoire était partagé par plusieurs seigneurs puissants. En somme, la personnalité des lois, suivie par la période de la territorialité des lois n’ont fait qu’affaiblir l’unité de l’Etat et de ce fait, sa souveraineté. Le roi n’avait aucunement le monopole de la contrainte légitime.

A contrario, dans un Etat uni, le peuple est plus apte à consentir et à obéir collectivement et de manière naturelle à l’Etat quand celui-ci s’impose comme puissance centrale et souveraine. Suivant la métaphore de Bodin, nous pouvons ainsi dire que le navire bien équipé est un navire à qui les passagers adressent leur confiance. Voilà pourquoi une République ne peut exister sans une puissance souveraine.

Par ailleurs, la souveraineté ne peut exister sans la puissance libre de donner loi aux sujets dominés.

B) Souveraineté comme puissance de commander librement autrui

« Il faut que ceux qui sont souverains ne soient aucunement sujets au commandement d’autrui », nous dit Bodin. L’expression : « ceux qui sont souverains » nous laisse, à un premier regard, penser que pour Bodin, la république idéale aurait plusieurs souverains en tête. Or, en vérité, ce qu’il entend par là c’est que, certes, les souverains doivent être plusieurs, mais ils doivent se succéder et non pas gouverner de manière collégiale. Avec Clovis, fils de Childéric I et roi des Francs saliens, s’est mise en place la première dynastie royale de France, les Mérovingiens. C’est ainsi que nous avons vù, de manière continue, pour des siècles, des rois se succéder les uns les autres. La succession est propre à la royauté. Quand Bodin nous parle de « ceux qui sont souverains », il ne fait que s’adresser aux rois qui règnent de manière légitime par le sang. C’est ainsi d’ailleurs que Bodin écrit que la souveraineté est une puissance « perpétuelle ». 

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