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Jean Bodin, commentaire de texte

Commentaire de texte : Jean Bodin, commentaire de texte. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Janvier 2021  •  Commentaire de texte  •  3 021 Mots (13 Pages)  •  653 Vues

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Dans un Royaume de France en proie aux guerres de Religion opposant catholique et huguenots (protestants) et marqué par le schisme anglican de 1531 (la Réforme anglaise), un fort esprit de division affecte l’opinion. La personne royale, normalement symbole de l’unité du royaume, est au cœur des polémiques entre catholiques et protestants par sa position ambiguë où foi et politique se trouvent mélangés sans distinction. Quatre ans après le massacre de la Saint-Barthélemy, le jurisconsulte et théoricien politique français Jean Bodin publie les Six livres de la République (1576), dans lequel il s’attache à rétablir et garantir une paix civile par la théorisation d’un nouvel objet juridique présent tacitement depuis longtemps :  l’État. Jean Bodin développe ainsi sa pensée juridique autour du constat selon lequel toute société politiquement organisée repose toujours sur la souveraineté.  

En opposition au notion féodales, Jean Bodin définit la souveraineté de façon moderne comme « la puissance absolue d’une république ». Cette notion « République », assassinée par l’avènement de la féodalité au 9ème siècle, est retenue par l’auteur en son acception latine « Res publica », comme gouvernement de la chose publique. C’est cette « chose publique » ressuscitée dépendante par nature du pouvoir de contraindre sans être contraint (souveraineté) qui permet le développement de la pensée juridique de Jean Bodin et aboutira à l’avènement de l’État monarchique absolu.  

Pour rétablie l’autorité royale, la doctrine juridique bodinienne issue des « Six livres de la République » pense les institutions indépendamment des personnes et désolidarise la personne royale de pouvoir royal. Cette rupture stricte définit le droit public comme domaine normal mais pas exclusif de l’activité législative royale. Cette théorie synthétise ensuite l’inertie de la souveraineté en un objet symbolique : « la couronne », permettant l’avènement de l’État monarchique. En effet, celui-ci est défendu comme le régime pouvant exploiter au mieux la souveraineté.

Cet ouvrage doctrinal est ainsi une étape importante dans la progression de la construction étatique, permettant de passer progressivement d’un État de fait vers un État de droit, tout en marquant la suprématie du domaine temporel sur le spirituelle.  

Au travers de son ouvre doctrinale, le légiste Jean Bodin nous délivre son enseignement concernant l'art de gouverner et le pouvoir du roi, garant de la paix civile qu'il faut rétablir.

Ainsi Jean Bodin inaugure une riche tradition juridique quand laquelle de nombreux juriste entendent montrer la supériorité légitime du régime monarchique absolue.

Sous le prisme d’un contemporain nous dévoilant une forte tradition monarchique française historique, on peut se demander comment la théorisation bodinienne de la souveraineté participe concrètement à l’affirmation d’un État monarchique autoritaire. Suivant cette interrogation nous verrons l’avènement théorique de l’État monarchique puissant (I) par la construction juridique pratique de la souveraineté royale (II).

  1. L’avènement théorique de l’État monarchique puissant

Au travers de la théorie d’un état de Nature initialement violent, accentué par le souvenir d’une atmosphère imprégnée par la prédation féodale régnant au Haut Moyen-Âge, Jean Bodin fait ressusciter la « Res publica » et la rend indivisible de la notion de souveraineté nouvellement théorisée, formalisant ainsi un nouvel outil juridique issu de cette « chose publique » : l’État absolu comme personne de droit public.

  1. Le retour de la « Res publica » comme chose publique unificatrice.

Le contexte violent des guerres de religions ainsi que les guerres d’usures entre les différents centres locaux de pouvoir apparus inopinément (seigneuries banale), font prendre à Jean Bodin le postulat d’un État de nature où « la violence, l’ambition, l’avarice la vengeance eurent armé les uns contre les autres » et « la victoire aux uns, rendoit les autres esclaves ».

Opposé aux notions féodales mais contraint par une réalité de fait où le roi de France est au cœur des conflits religieux ayant conduit à des guerres de religions chronique, le juriste Jean Bodin décide sciemment de partir de l’observation des faits pour bâtir un pouvoir central fort, selon une méthode se révélant aristotélicienne. Influencé par L’ecclésiaste St Thomas d’Aquin et sa conception du droit « Jus-Naturalis », Jean Bodin présente une définition de la République issue de l’observation sous « la lumière naturelle » et de l’utilisation de « la raison », instrument que Dieu donna à l’humanité. La République est ainsi définie comme un gouvernement légal car « est un droit gouvernement ». Cette « Res publica » comme gouvernement « de plusieurs ménage » permet d’« unir tous les membres et parties d’icelle »( sous-entendu les parties divisées du Royaume de France) , « et tous les ménages et collège en un corps ». Cette unité transversale aux seigneuries indépendante que permet la « Res publica » repose sur « ce qui qui leur est commun » : la « puissance souveraine ».

Ainsi la « Res publica » et défini par Jean Bodin comme « le gouvernement de la chose publique ». Cette théorisation permet de formaliser plus précisément la République et permet son retour, perdu par l’avènement de la féodalité qui traduisait un monde sans État. Cette « Res publica » unifie « tous les ménages et les collèges en un corps » grâce à la « puissance souveraine ».

Une « Res publica » sans puissance souveraine ne pourrait ni unir toutes les parties du Royaume de France, ni faire émerger une structure étatique : cette souveraineté donne sa cohésion à l’État. Cette structure étatique permise par la « Res publica » est donc indirectement dépendante de la souveraineté pour exister car « la République sans puissance souveraine […] n’est plus république ». Ainsi un « Res publica » sans puissance sonne le glas de la structure étatique qui en découle.

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