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Moderato Cantabile

Dissertation : Moderato Cantabile. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mai 2018  •  Dissertation  •  2 107 Mots (9 Pages)  •  1 451 Vues

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Chap. I

Anne Desbarèdes amène sa progéniture à son cours de piano. Durant la leçon, un cri émerge du café. Anne se dirige donc vers ce lieu et apprend qu’il s’agit d’un meurtre.

Chap. II-III-IV et VI

Le lendemain, Anne entre dans le café et fait la rencontre d’un homme. Trois jours plus tard, Anne Desbarèdes rejoint l’homme dans le café et ils discutent des motifs du meurtre. L’homme ne sait rien à ce sujet, mais on croit comprendre qu’il connait Anne. Le lendemain encore, Anne retourne au café et pose à l’homme d’autres questions sur le crime. Chauvin se présente et révèle à Anne qu’il l’a déjà vu lors d’une réception chez elle. Plus la soirée avance, Anne ne cesse de parler d’elle, encouragé par Chauvin. Le vendredi, Anne Desbarèdes retourne auprès de Chauvin et le questionne encore sur le meurtre. En retard pour son dîner, Anne écoute Chauvin inventer l’histoire des deux amants.

Chap. V

Le même vendredi, le garçon parvient difficilement à jouer son morceau et la professeure reproche à Anne son manque d’autorité avec son enfant.  

Chap. VII

Anne arrive ivre et en retard au dîner, ne mange rien et s’enferme dans la chambre de son fils pour vomir.

Chap. VIII

Anne se présente seule au café, déclare à Chauvin qu’elle ne reviendra pas, leurs lèvres se touchent et Chauvin tue symboliquement Anne Desbarèdes.


Le développement de la science marqua profondément le XIXe siècle et sa littérature était fondée sur une représentation fidèle du réel. En effet, le réalisme traditionnel à la Balzac et Zola se caractérisait par des personnages bien campés, une intrigue linéaire et un cadre spatio-temporel explicite. Cependant, avec l’arrivée du XXe siècle, les auteurs constatèrent que la réalité avait changé depuis le XIXe et n’était plus perçue de la même façon. Selon Sarraute, « […] non seulement le romancier ne croit plus guère à ses personnages, mais le lecteur, de son côté, n’arrive plus à y croire[1]. » Dès lors, un groupe se forma dans cette optique. Défendu par Robbe-Grillet, le Nouveau Roman rejette le réalisme traditionnel et repousse les limites du réel. Après avoir traversé une période de découvertes scientifiques, on entre dans « L’ère du soupçon » comme le suggère Sarraute. On passe du lecteur et de l’auteur objectif à la subjectivité et on se base sur le principe que la réalité ne peut être déchiffrée. Ce nouveau réel dans lequel sont plongés les écrivains du XXe siècle pousse les nouveaux romanciers à s’appuyer sur de nouveaux procédés afin de représenter le réel dans leurs ouvrages. Cela nous amène donc à la pièce de résistance de ce texte : peut-on qualifier Moderato Cantabile de réaliste? Afin d’apporter une réponse à cette interrogation, je comparerai le personnage, l’intrigue et le cadre spatio-temporel nouveau romanesque à celui de Moderato Cantabile en trois parties distinctes.  


« Le titre de l’ouvrage de Musil […], L’Homme sans qualités, convient à beaucoup de « personnages » du Nouveau Roman[2] » en ce sens qu’ils n’ont pas d’identités réelles et sont largement dissous. Pour faire suite à cette idée, il est possible d’affirmer que les indices sur l’identité des personnages dans Moderato Cantabile sont donnés au compte-goutte. Ainsi, on apprend seulement qu’Anne a un Mari qui est directeur d’Import Export et des Fonderies de la Côte et qu’elle habite une grande maison sur le boulevard de la Mer. Si on porte attention aux autres personnages, on constate qu’on en sait moins encore. Pour faire un lien avec l’identité des personnages, le passé de ceux-ci est inconnu. Par exemple, on sait que Chauvin a déjà travaillé pour le mari d’Anne Desbarèdes, car il a déjà vu Anne lors d’une soirée. De plus, on apprend qu’Anne s’est faite discrète pendant 10 ans, mais on ne sait pas exactement pourquoi : « Depuis dix ans, elle n’a pas fait parler d’elle[3]. » De nombreuses hypothèses jaillissent de cet extrait, notamment le fait que son enfant ne vient peut-être pas de son mari et qu’elle a dû se faire discrète, car l’adultère est mal vue dans la bourgeoisie. Tout comme pour l’identité des personnages, les descriptions physiques et psychologiques du Nouveau Roman sont également marquées par de nombreuses lacunes, car on y introduit « […] des figures floues, voire anonymes, sans aucune psychologie[4]. » Dans Moderato Cantabile, les caractéristiques physiques dévoilées par l’auteure sont peu nombreuses. On expose seulement « la blondeur de cet enfant[5] » et de sa mère en plus de décrire les yeux du gamin comme étant « […] à peu près de la couleur du ciel[6]. » Parlant de ce personnage, l’auteur laisse longtemps planer le doute sur le sexe de l’enfant jusqu’à ce qu’il soit clairement identifié: « Comme je vous le disais, mon petit garçon prend des leçons de piano chez Mademoiselle Giraud[7]. »  Au niveau de la description psychologique, le lecteur ne peut qu’interpréter. Par exemple, on suppose qu’Anne est victime d’un ennui profond. Du côté de Chauvin, on croit comprendre qu’il vit un détachement face au milieu ouvrier : « Et aussi vous êtes parti des Fonderies sans donner de raisons et que vous ne pourrez manquer d’y revenir bientôt […][8]. » Les noms des personnages de Moderato Cantabile ne font pas exception à cette culture de l’anonymat prôné par le Nouveau Roman. Ils sont restreints à un nom de famille seulement (Chauvin), à une pronominalisation et à des noms communs comme « Ma petite honte, mon trésor […][9] » lorsque Anne fait référence à son fils. Seule la protagoniste, Anne Desbarèdes, possède un nom complet. Selon Sarraute, le nouveau romancier doit éviter que le lecteur « […] disperse son attention et la laisse accaparer par les personnages […][10]. » Pour ce faire, l’auteur doit « […] le priver le plus possible de tous les indices dont, malgré lui, par un penchant naturel, il s’empare pour fabriquer des trompe-l’œil[11]. » C’est-à-dire que les motifs, sentiments et émotions des personnages doivent être flous afin de ne pas biaiser le lecteur et laisser libre cours à sa subjectivité. En appliquant cette idée au roman étudié, on constate que les motifs poussant Anne à retourner soir après soir dans le café sont relativement vagues. Cependant, on peut supposer qu’elle désire comprendre comment un homme peut tuer par amour : « […] vous croyez qu’il est possible d’en arriver… là… autrement que… par désespoir[12]? » De plus, les émotions et sentiments du personnage principal ne sont accessibles que par inférence, sauf pour la peur, seule et unique émotion clairement exprimée dans le roman : « J’ai peur, dit de nouveau Anne Desbarèdes[13]. » Avec l’analyse des personnages effectuée, il est possible de conclure que Moderato Cantabile se rapproche du Nouveau Roman en nous laissant très peu d’indices sur leur identité, leurs caractéristiques physiques et psychologiques et leurs émotions ou sentiments.

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