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Moderato Cantabile

Mémoire : Moderato Cantabile. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Avril 2013  •  1 675 Mots (7 Pages)  •  1 262 Vues

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I) – La composition du roman

L’action de Moderato cantabile tient en une dizaine de jours, et l’ordre y est strictement chronologique.

L’ensemble du roman est divisé en huit chapitres (à peu près d’égale longueur). Les quatre premiers chapitres, ainsi que le dernier, correspondent chacun à une journée particulière ; en revanche, les chapitres V, VI et VII présentent divers moments (chronologiques) d’un même jour, le deuxième vendredi (importance centrale dans le récit).

Chronologie du roman

Chapitre I : Premier vendredi, jour du meurtre

Chapitre II : « le lendemain » (p.23), donc samedi

Chapitre III : lundi ou mardi, cf. « Il y a maintenant trois jours » (p.40)

Chapitre IV : « Le lendemain encore » (p.53), donc mardi ou mercredi

Chapitre V : jour de la leçon de piano, donc vendredi en fin d’après-midi

Chapitre VI : le même vendredi, « sept jours » (p.84) après le meurtre, début de soirée

Chapitre VII : le même vendredi encore, plus tard dans la soirée

Chapitre VIII : « le surlendemain » (p.114), dimanche

Action et thèmes

En dix jours seulement, il semble que les deux protagonistes aient vécu, à leur manière, tout le développement d’une « histoire d’amour ». Mais, au resserrement de cette chronologie s’ajoute un autre caractère, celui de la circularité. Cet aspect est bien mis en évidence par l’importance accordée au second vendredi (trois chapitre). Le choix de ce jour est significatif : d’une part , l’étymologie du mot vendredi (veneris dies, « jour de vénus ») possède une connotation amoureuse évidente ; d’autre part, le vendredi saint, dans la Passion du Christ, est le jour de la Crucifixion, de la mise à mort, et en cela même le point culminant de la passion.

Les heures du jour où est placée l’action se répètent elles aussi. Le moment privilégié des rencontres d’Anne et Chauvin est la fin de l’après-midi, crépuscule compris. Ainsi, le mot « couchant » revient régulièrement, et peut être lié à l’amour et même à l’érotisme. De même le meurtre a lieu exactement à ce moment là, et le meurtrier « se couche » sur le corps de la femme qu’il a tuée. Instant précis de l’amour, le couchant est aussi le temps de la mort.

Les références contradictoires au printemps ne permettent pas de situer l’action en un mois précis. Difficile de parler de réalisme météorologique, mais encore une fois, c’est plus l’idée du printemps qui intéresse Duras que le printemps lui-même. Là encore, la symbolique du printemps s’avère amoureuse voire érotique. Ces données chronologiques n’ont d’autre fonction que de suggérer la seule réalité de la passion, au détriment de toute représentation de type réaliste.

II) – Les personnages du roman

Moderato cantabile présente un nombre limité de personnages, parmi lesquels deux protagonistes principaux, Anne Desbaresdes et Chauvin. Au couple central s’ajoute l’enfant, Mlle Giraud, la patronne du café, et le couple original formé par le tueur et la tuée. Il n’y a pas d’autre personnage identifiable, en dehors des divers figurants chargés de donner à l’espace une épaisseur sociale.

Le personnage principal du roman : Anne Desbaresdes

Il n’est fait d’elle aucun portrait physique. En revanche, son statut social est rapidement précisé, « femme du directeur d’Import Export et des Fonderies… », (p.31-32). Le nom de « Desbaresdes » est d’ailleurs empreint d’une certaine couleur bourgeoise (il évoque, par exemple, le « Desqueyroux » de Mauriac).

Son mari reste distant par opposition à la présence presque continue de l’enfant. Aucune information ne nous est donnée sur sa famille, son passé. Ainsi, ce n’est pas dans le cadre conjugal que l’héroïne peut espérer l’amour.

Il n’y a chez Duras aucune psychologie traditionnelle, le personnage n’est absolument pas doté d’un « caractère », ni d’une « hérédité » qui permettraient ensuite de faire jouer la mécanique des déterminismes propres à la littérature réaliste. Ainsi, la vie d’Anne semble marquée par un vide insistant, que comble seul l’amour maternel, et que matérialisent les habitudes de promenade. Toutefois, le café n’est pas pour Anne le lieu ordinaire de ses promenades. Comme tel, il devient lieu de l’extraordinaire, et le trajet qui l’y conduit, véritable « déviation ».

Si le personnage extérieur d’Anne Desbaresdes se résorbe tout entier dans la répétition de l’habitude bourgeoise, c’est aussi cette absence d’identité qui lui permet de s’abandonner à l’inouï du crime passionnel. Plus que par une « psychologie », le personnage durassien est constitué par une absence (de caractère, d’identité, de volonté) qui le rend à la fois ouvert à l’expérience, et tout à fait opaque. Au reste, c’est parce qu’elle est si peu déterminée à l’origine qu’Anne est à même de subir au cours du récit une transformation profonde.

C’est aussi grâce à cette « identité zéro » du personnage que l’identification, ou du moins la fascination, peut facilement naître chez le lecteur. Certains propos d’Anne Desbaresdes trouvent dans des textes nettement autobiographiques de Duras des échos indiscutables. Par exemple, « La difficulté, c’est de trouver un prétexte, pour une femme, d’aller dans un

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