Lecture analytique moderato cantabile

-Quelle focalisation vous semble dominer dans le roman? Quel est l’effet produit ?

-Relevez et commentez des interventions du narrateur dans le récit. Sur quel mode fait-il sa présence dans le texte ?

-Recherchez ce que Roland Barthes désigne sous le nom d’ « écriture blanche » dans Le Degré zéro de l’écriture. Selon vous, cette définition peut-elle s’appliquer à l’écriture de Marguerite Duras ? Nuancez votre réponse.

          Le point de vue qui semble dominer dans le roman est le point de vue externe, ou focalisation externe, on s’en rend compte grâce à l’absence d’un narrateur, le récit est raconté par un narrateur témoin.

Ex.: « Cet homme a quitté le boulevard de la mer, il a fait le tour du parc, l'a regardé des dunes qui, au nord, le bordent, puis il est revenu, il a redescendu le talus, il est redescendu jusqu'à la grève. »
(Marguerite Duras, Moderato cantabile, 1958.)

Le narrateur intervient rarement dans le récit si ce n’est que pour émettre des hypothèses ou un jugement sur ses personnages ou sur les événements.

Ex. : « Anne Desbaresdes devint sérieuse plus que le propos, apparemment, ne l’exigeait » chapitre II, Moderato Cantabile, 1958

Le narrateur intervient, il donne son avis, il utilise le modérateur « apparemment » c’est à ce moment là que le point de vue devient omniscient car on a quelques informations sur Anne. Le lecteur assiste au dialogue, il prend le rôle d’un client au café.

 Ensuite, Les informations se limitent donc aux actions, aux gestes et aux paroles des deux protagonistes, Anne Desbaresdes et Chauvin. Les pensés et les sentiments des personnages restent inaccessibles, c’est le cas d’Anne. L’héroïne est donc caractérisée par ce qu’elle dit d’elle même ou par ce qu’en disent d’autres personnages, c’est les dialogues entre Anne et Chauvin. Anne s’exprime donc à travers la parole, et à ce moment là il y a une focalisation interne sur Anne, c’est une technique très théâtrale et cinématographique donc plus que technique romanesque traditionnelle.  Enfin l’action semble se dérouler d’elle-même, l’illusion réaliste est alors très grande, c’est une particularité du nouveau roman, le réalisme plus crédible, caractérisé par une vision plus subjective du monde.
Les quelques critiques qui traitent de la narration dans Moderato Cantabile sont plus au moins d’accord pour dire que le narrateur de ce roman est un narrateur objectif qui, loin d’être omniscient, nous présente les choses comme il les perçoit, sans vouloir les pénétrer pour nous en donner une explication plus profonde.

L'écriture littéraire désigne la manière par laquelle certains écrits se situent dans la société et l'histoire. Le mot écriture a acquis un sens tout à fait nouveau au début des années 1960, Roland Barthes l'ayant choisi pour désigner la façon dont l'écrivain lui-même envisage la place de ses écrits.

Le degré zéro de l'écriture est un livre de critique littéraire par Roland Barthes. D'abord publié en 1953, c'était le premier livre de Barthes et a été destiné, comme Barthes écrit dans l'introduction, comme "pas plus qu'une Introduction à ce qu'une Histoire d'Écriture pourrait être."

...