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Commentaire littéraire : Moderato Cantabile, "Le canard à l'orange"

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Par   •  22 Juin 2016  •  Commentaire de texte  •  1 397 Mots (6 Pages)  •  9 214 Vues

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Ce texte communément appelé Le canard à l’orange, est un extrait du roman Moderato Cantabile de Marguerite Duras (1914-1996), paru en 1958 et adapté au cinéma par Peter Brook en 1960.

La célèbre romancière qui a rédigé ce roman est aussi connue pour avoir écrit plusieurs récits comme L’amant publié en 1984, Hiroshima mon amour sorti en 1959 ou India Song, une pièce écrite en 1972 qu’elle adaptera elle-même au cinéma en 1975, et bien d’autres encore.

L’époque dans laquelle le roman est écrit nous laisse penser qu’il s’agit du Nouveau Roman, mouvement littéraire qui remet en question la place de l'intrigue, la déconstruction du personnage et la réflexion sur le point de vue.

Le titre Moderato Cantabile est dû à une indication de rythme dans une partition de piano que le fils de l’héroïne s’entête à ne pas respecter lors de ses leçons de piano.

Dans ce texte, Anne Desbaredes, une jeune bourgeoise, partage un dîner mondain avec ses invités. Cela juste après un rendez-vous avec un homme, ancien ouvrier de l’usine de son mari, avec qui elle va nouer des liens et faire naître une grande passion.

Lors de ce dîner, Anne sera physiquement présente mais en effet sa pensée sera bien ailleurs.

On peut se demander par quels procédés l’auteur fait la critique d’une société mondaine et comment elle exprime le décalage d’Anne par rapport aux invités et à l’ambiance de la soirée.

Dans un premier temps, nous verrons la mondanité de la société qui est faite de convenances. Par la suite, nous traiterons du  personnage d’Anne et de son absence psychique lors du dîner et de sa rupture vis-à-vis de la société.

A travers cette scène, l’auteur nous soumet une critique de la catégorie sociale des invités au dîner.

Le pronom personnel « on » est récurent dans le récit (lignes 9, 21, 25, 30, 31, 33, 37). Ainsi que des groupes nominaux ou pronoms personnels qui ne désignent personne en particulier comme « D’autres femmes » (ligne 4), « Les femmes » (ligne 9), « elles » (ligne 10), « L’une d’elles » (ligne 11) et « Quelqu’un en face d’elle » (ligne 27). Tous ces sujets indéfinis donnent une impression de masse. Et surtout l’auteur ne critique pas qu’un seul profil de personne. Elle critique tout l’ensemble de cette catégorie sociale. Mais c’est aussi une méthode pour alourdir les commentaires des invités qui pour Anne sont pesants.

L’auteur juge la société par le biais du narrateur en la faisant s’exprimer grâce à des verbes de parole comme « ose-t-on avancer » (ligne 25), « On redemande » (ligne 30) et « insiste-t-on » (ligne 31). Les interrogations des invités dérangent Anne ; elle adapte donc ses réponses. « J’ai l’habitude de ces fleurs, non, ce n’est rien. » (ligne 26) puis, après réitération de la question, elle répond alors « Non. J’ai l’habitude de ces fleurs. C’est qu’il m’arrive de ne pas avoir faim. » (ligne 32), le « Non » nous fait ressentir son agacement.

« Elle n’est pas malade » (ligne 30) est une dérision du narrateur visant les autres bourgeoises puisqu’il montre qu’elles s’obstinent à croire qu’Anne est malade alors qu’elle à déjà démenti sur ce sujet-là. Par cette dérision, on traduit le mépris qu’Anne éprouve à l’égard de ces femmes.

Le regard que la société porte sur Anne se ressent avec le champ lexical du jugement moral. On peut alors citer « irréprochables » (ligne 5), « scandale » (ligne 20), « impassiblement » (ligne 27) et « ivre » (ligne 29). C’est grâce à ce procédé que l’auteur fait subtilement ressentir la futilité de ce groupe de personnes. Et le narrateur emploie même le terme « indigne » (ligne 3) par lequel il qualifie  la consolation qu’Anne trouve en buvant du vin. Le regard de cette masse de femmes réussit même à convertir les pensées d’Anne puisqu’elle finit par adopter une image peu flatteuse d’elle-même.

On peut noter que cet échantillon de personnes élabore hâtivement des conclusions puisque d’après eux, si Anne ne désire pas consommer le mets principal, soit c’est à cause de « cette fleur » (ligne 25, 31), soit « elle est malade » (ligne 30, 37) et ce ne peut être dû à rien d’autre pour leurs esprits superficiels « il n’y a pas d’autre explication » (ligne 38).

Cette société est en effet faite de conventions : avec « on les choisit belles et fortes » (ligne 9-10) cela signifie qu’à l’époque, on pouvait reconnaitre une femme riche à sa corpulence car une femme « forte » ne manquait pas de moyens pour satisfaire son appétit. « comme il lui fut appris » (ligne 20-21) désigne aussi une convention imposée par la société, chaque geste doit être fait d’une certaine façon.

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