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Les Liaisons dangereuses (1782) Choderlos de Laclos (1741-1803)

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Par   •  22 Avril 2016  •  Commentaire de texte  •  2 095 Mots (9 Pages)  •  1 248 Vues

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Les Liaisons dangereuses (1782) Choderlos de Laclos (1741-1803)

Introduction

L'oeuvre de Laclos, Les Liaisons dangereuses, est un roman épistolaire publié en 1782. L'intrigue repose sur l'affrontement de deux libertins, le Vicomte de Valmont et la Marquise de Merteuil, qui se jouent des règles de la société aristocratique du XVIIIe siècle. Valmont a entrepris de séduire la très vertueuse Présidente de Tourvel avec la complicité de Mme de Merteuil qui consent à passer une nuit avec lui s'il réussit cet exploit. Mais le Vicomte se prend de passion pour la Présidente. Jalouse, la Marquise refuse d'honorer le pacte. Dans la lettre 141, Merteuil s'adresse à Valmont pour lui rappeler les principes du libertinage par l'intermédiaire d'un apologue et d'une lettre de rupture.Nous pouvons nous demander en quoi la lettre de la Marquise est-elle un modèle de manipulation implacable et de perversion libertine. Nous verrons dans un premier temps l'aspect manipulatrice de la lettre, puis nous étudierons la perversion libertine exprimée ici.

I / La lettre de la Marquise est un modèle de manipulation implacable pour forcer Valmont à la rupture

        a- Les raisons de la manipulation

-La lettre de Mme de Merteuil est une réponse à la « dernière Lettre » (l.1) de Valmont. Celle-ci a suscité chez la Marquise un sentiment de colère mêlée de jalousie, dû à la relation entre Valmont et Tourvel. En témoignent l'expression hyperbolique « ces mille preuves de votre préférence décidée pour une autre » (l.3-4) et la citation de Valmont (« quelque intérêt commun entre vous et moi » l.5) intégrées dans une phrase exclamative. Tout cela traduit l'indignation de Mme de Merteuil face à l'audace de

Valmont qui attend une réponse concernant leur pacte, alors même qu'il manifeste à son insu des signes d'amour pour Mme de Tourvel.

-La Marquise suppose en effet le vicomte entièrement occupé de la Présidente et attribue le « silence » (l.3) de Valmont sur ses

« grandes affaires » (l.2) comme un aveu d'amour intense qu'il ressentirait pour Mme de Tourvel. Merteuil se voit ainsi évincée par une femme dévote qui représente son antithèse. La jalousie de la marquise ne provient pas tant d'un sentiment amoureux et sincère que d'un orgueil démesuré. En sentant que Valmont lui échappe, elle décide de mettre en oeuvre le pouvoir de son

intelligence pour se défaire d'une rivale en obligeant le vicomte à rompre.

        b- Les procédés de manipulation

-Pour soumettre Valmont, la Marquise recourt à un savoureux chantage : elle laisse en effet présager un avenir fâcheux en tenant des propos menaçants. Elle utilise pour cela le mode impératif et le futur à valeur de certitude : « Prenez-y garde, Vicomte » (l.5), « ma réponse sera irrévocable » (l.6), « vous y trouverez aussi mon ultimatum »(l.37-38). À la fin de la lettre, le terme latin « ultimatum », qui appartient au vocabulaire guerrier, réitère la menace initiale et confirme la détermination redoutable de la Marquise. Valmont est pour ainsi dire mis à l'épreuve avant une éventuelle déclaration de guerre. L'intimidation est d'autant plus efficace qu'elle repose sur un silence chargé d'hostilité (« craindre de la faire en ce moment [ma réponse], c'est peut-être déjà en dire trop » l.6), autrement dit la Marquise sous-entend que sa réponse aurait eu de graves conséquences

sur le devenir de Valmont. Bien entendu, la raison est ailleurs.

-Si la Marquise choisit de différer sa réponse, c'est pour lui substituer un récit (« tout ce que je peux faire, c'est de vous raconter une histoire » l.8), mais ce récit constitue une mise en abyme (=un reflet) du roman car derrière les silhouettes volontairement anonymes se dessinent les protagonistes des Liaisons dangereuses. Ainsi, « un homme de ma connaissance » (l.11) représente Valmont ; « une femme qui lui faisait peu d'honneur » (l.11) désigne Tourvel et « une amie » (l.16) renvoie à Merteuil. La comparaison « comme vous » (l.11) invite à tisser des liens entre les deux histoires. L'apologue a pour fonction essentielle de

rappeler indirectement au Vicomte les principes du libertinage.

        c- Un apologue pour rappeler les principes du libertinage

-Pour ce faire, la Marquise raconte une histoire au centre de laquelle l'amour est fortement dénigré. Il est en effet désigné par des expressions péjoratives qui suivent une gradation ascendante, depuis une « aventure [qui fait du] tort » (l.12-13) et un « état d'ivresse » (l.17) jusqu'au « mal » qui nécessite « un remède » (l.21). Le protagoniste est présenté de manière fautive, « empêtré » (l.11) dans un sentiment qui lui enlève toute sa superbe. L'homme apparaît comme l'ombre de lui-même, ce que

traduit le champ lexical du ridicule dont le terme est d'ailleurs répété deux fois (l.14 et 17), accompagné d'expressions significatives telles que « rougît », « pas le courage », « embarras » (l. 13), « ne cessant de faire des sottises » (l. 15-16). Il s'agit de mépriser le portrait de l'homme amoureux, alias le Vicomte, afin de provoquer l'amour-propre du libertin. Par ailleurs,

la femme est exhibée comme un motif de honte : « une femme qui lui faisait peu d'honneur » (l.11), tandis que la marquise revêt le meilleur rôle, celui d'une amie « généreuse » (l.18) qui tente un « dernier moyen » (l.19) pour remédier au « mal ». -La petite histoire à caractère didactique, inventée par Mme de Merteuil, est l'occasion de rappeler indirectement au Vicomte les principes du libertinage auxquels tous les deux se sont assujettis. Le libertin doit se garder de tout attachement qui entraverait sa liberté : « il s'était vanté à ses amis d'être entièrement libre » (l.14). Si l'homme devait renoncer aux règles du libertinage, l'amie en question n'hésiterait pas à « le livrer au Public en cet état d'ivresse » (l.17), chantage qui fait écho aux menaces silencieuses du premier paragraphe. Or, il n'est pas pire affront pour un libertin que d'être amoureux d'une dévote. Le

récit permet enfin à la Marquise de souffler au Vicomte une lettre de rupture particulièrement cinglante et cynique.

II / La lettre de rupture de la Marquise est un modèle de perversion libertine

        a- Une lettre cruelle

-Mme de Merteuil prétend avoir retranscrit la lettre de rupture d'une femme, écrite à la place d'un homme, pour aider celui-ci à mettre fin à une relation amoureuse. En vérité, il n'en est rien. La seule rédactrice est la Marquise, qui n'a aucun objectif amical, ni pour Valmont, ni pour Tourvel. La lettre sera par conséquent d'autant plus cruelle et cynique qu'elle est écrite par une femme jalouse, blessée dans son amour-propre, mais aussi par une libertine qui se joue de tous les principes moraux. La preuve

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