Les liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos, 1782

Les liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos, 1782

Problématique : En quoi les portraits des personnages s'opposent-ils ?

Plan : 

I- Le portrait des personnages
1) un libertin notoire
2) un auto-portrait (paradoxal)

3) une femme de caractère
II -Les stratégies de persuasion

1) la victimisation
2) la séduction
3) la contradiction

III - Les conceptions du bonheur
1) le libertinage
2) la constance
3) le rejet

I- Le portrait des personnages :

1) Un libertin notoire

Tout d’abord, on peut remarquer que Valmont trahit sa véritable personnalité en modifiant la réalité à son avantage, ce que l’on peut constater (L.1) : « Qu'ai-je fait, après tout, que ne pas résister au tourbillon, dans lequel j'avais été jeté? ». Le texte s’ouvre sur une question rhétorique, Valmont en s’interrogeant sur lui même tente de prouver à Tourvel qu’il n’est pas maître de ses actes mais qu’il est guidé par « cette ivresse des sens » ou « ce délire de la vanité » (L.7)

On peut constater l’insistance sur le nombre de ses aventures amoureuses avec une hyperbole (L.2) : « une foule de femmes ». Valmont veut se donner l’image du guerrier seul contre l’armée, comme si avoir accumulé les conquêtes était un exploit.

Nous pouvons observer une métaphore à connotation péjorative ( L .9) : « objets séduisants » qu’il emploie pour désigner les femmes, comme si elles ne représentaient pas plus que de simples objets dépourvus d’âme et donc de sentiments. D’ailleurs il va jusqu’à qualifier ces « objets séduisants » de « méprisables » (L.9) ce qui trahit le désintérêt qu’il porte aux femmes outre leur physique.

Il définit ses déceptions amoureuses par un manque de vertu de ses amantes, qui met encore une fois en valeur le fait qu’il ne s’intéresse pas au caractère des femmes qu’il a courtisées. On le remarque par un parallélisme (L.12) : « on m'offrait des plaisirs, je cherchais des vertus »

2) Un auto-portrait paradoxal

Il poursuit ainsi son raisonnement (L.2 à 5) : « Entré dans le monde, jeune et sans expérience (…) une résistance qu’on ne m’opposait point »  ce qui constitue une nouvelle question rhétorique visant à appuyer le portrait qu’il se dresse de sa propre personne.

On constate l’utilisation d’une accumulation qui se poursuit tout au long du premier paragraphe, avec l’emploi de la ponctuation qui donne l’effet d’un récit saccadé ( ce qui pourrait illustrer l’effet chaotique que Valmont tente de faire comprendre lorsqu’il parle de sa vie, comme ballotté par ses conquêtes, en proie aux femmes).

Il se désigne en paraphrasant comme « né pour l’amour » (L.8) alors qu’il insiste sur le fait qu’aucune de ses expériences « n’a point passé jusqu’à mon coeur » (L.7-8). En partant de ce constat on comprend que sa vision de l’amour est paradoxale puisqu’il ne semble pas vraiment le connaître.

Il se soustrait au mal qu’il a pu causer dans le coeur de ses conquêtes en soulignant le fait qu’elles ne s’y soient pas opposées. (L.4) : « qu’on ne m’opposait point ». Mais s’il était vrai qu’il ne s’acharnait pas envers celles sur lesquelles il a jeté son dévolu, il n’aurait pas à se justifier et à insister auprès de la présidente de Tourvel, ce qui prouve encore que son raisonnement est faux et bancal.

3) Une femme de caractère :

Elle explique son refus, l'inutilité dans un premier temps. Il est question de sincérité et elle lui reproche son harcèlement et son comportement envers les femmes.
C'est une relation entre deux nobles du milieu du libertinage, basée sur le thème de la séduction et de la rupture, et la place de l'individu dans la société.

L'auteur dénonce les libertins et l'hypocrisie sociale. La lettre est argumentative et injonctive. Son raisonnement est repérable par le lexique.

La présidente de Tourvel fait preuve de morale : par exemple avec l’emploi de l’oxymore « amour criminel » (L.18) , du devoir (avec un vocabulaire de la justice comme si sa lettre était un réquisitoire en faveur des femmes) :  « devoir » « droit » ainsi que  de la volonté « je ne veux », « voudrais pas ».
Elle oppose dans sa réponse la passion et la vertu "la tempête/repos", "le tumulte des sens" et le bonheur au malheur.

On remarque l’emploi des expressions : "en paix avec soi", "les jours sereins, sans troubles, sans remords" qui affirment une vision de l’amour, une philosophie de vie, bien que contrastée avec les verbes  « avoir », « s'endormir », « d'éveiller » qui eux expriment le caractère monotone de la vie.

La présidente de Tourvel utilise des images pour illustrer ses propos, comme  l'image de la mer où la passion est assimilée à un naufrage "mille et mille naufrages" (L.8) : ce sont des images hyperboliques.

- Les reproches : attacher, obstiner, l'énumération des verbes.

Les liens logiques

Il y a une supposition et elle envisage les conséquences. La locutrice s'appuie sur des relations logiques :
- Elle utilise des procédés de persuasion.
- Le rythme binaire "et".
- Les oxymores : "amour criminel".
- Les répétitions particulières = parallélisme.
- La gradation finale.

L'image qu'elle veut donner d'elle est celle d'une femme déterminée, sûre d'elle, de sa vertu qu'elle affirme avec force.

II- Les stratégies de persuasion

1) La victimisation :

Valmont veut se faire passer pour la victime de ses manipulations et autres stratagèmes, il recherche la pitié de la présidente de Tourvel.

On le remarque premièrement avec la métaphore de l’amour (L.1) où il assimile ce dernier à un « tourbillon », ce qui donne une idée de chaos, de quelque chose de désordonné et éprouvant. Il insiste sur le fait qu’il était « jeune et sans expérience » (L.2), adjectifs qui ont pour but de renvoyer une idée d’un personnage dont on a profité.

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