Les Liaisons Dangereuses,Choderlos de Laclos

FERTAT--MANACH

Ema

Seconde Féroé

Vendredi 11 février 2022

Ma chère et belle amie, Mainte fois après avoir relu votre lettre une question trottait dans ma tête. Dites-moi que le vicomte dont vous faites un si bel éloge n’est pas le neveu de Mme Rosemonde, le vicomte de Valmont. Personne donc ne vous a mis en garde ou encore parlé de ses mauvaises manies avec les femmes ? N’avez-vous pas eu vent de la réputation le précédent ? Le libertinage vous serait-il monté à la tête ? Cet homme est aussi dangereux que sa beauté et son charme. Il n’a jamais, ô grand jamais, fait ou dit quelque chose sans avoir un projet en tête. Et jamais ce projet ne fut de bon augure. Valmont, jamais cet homme n’eut une once de culpabilité pour avoir fait souffrir une femme ou détruit leur réputation. On ne les compte plus, les femmes victimes de son comportement. Si seulement vous n’étiez pas si pure, je n’aurais pas peur de souillée votre âme par ces récits hideux. Mais je peux vous dire que parmi toutes ses proies une seule n’eut pas succombé, la Marquise de Merteuil, seule elle fut savoir rester de marbre devant ses flatteries.

 Ma chère amie je voudrais vous compter un récit, savez-vous, il y a plus d’un seul homme qui est enchainé au libertinage, ma petite sœur en fut malheureusement une victime, elle vous ressemble un peu, aussi pure que vous ne prenant jamais partit aux rumeurs, elle eut malencontreusement croisé la route d’un libertin. Ces hommes sont pire que la peste, plus vous refusez leur compagnie, plus ils se serrent à vous. Il fut son amant pendant un mois, elle pensait pouvoir, comme vous, le faire changer, le faire entrer sur le droit de chemin. Mais ce rêve fut chimère…

Au début ce n’était que des lettres, où elle répondait ne pas vouloir avoir affaire à lui, mais plus il insistait plus elle s’obstinait à croire qu’il l’aimait d’un amour fou. Pourtant, et croyez-moi, j’ai bien essayé de le lui faire comprendre, et Dieu sait ! Oui sait, que j’aime ma sœur chérie et que je ferais n’importe quoi pour l’aider… Mais je fus impuissante face à l’emprise que cet homme exerçait. Elle eut tous sacrifiée pour lui, vous savez aussi bien que moi ce que la virginité représente, pour nous, les femmes, et bien il réussit à lui dérober peu avant son mariage. Je ne vous dis pas combien je m’en suis voulu, mais que pouvais-je faire de plus ? Le pire est quand il l’a quitté. Seigneur, j’ai bien cru qu’elle ne s’en pardonnerait jamais. Ce fourbe lui à envoyer une simple lettre avec pour seuls mots « je vous quitte ma douce ». Aujourd’hui elle réside au couvent, elle dit que plus jamais elle ne se mélangera avec les hommes, je ne peux que la comprendre et l’abandonner à son triste sort. Et donc ma belle amie, la morale de ce turpide récit et de rester sur vos gardes, je ne peux que comprendre votre situation, votre homme vous manque, ô combien donnerais-je pour être aux côtés de mon bien aimé moi aussi. Mais ce que l’âge, l’expérience et mon amitié pour vous, me permette de vous dire est de ne pas se laisser aller à la raison du cœur. Nous remarquons l’absence du vicomte dans la société, et si le monde sait que vous vous tenez en sa compagnie, alors il tiendra votre réputation entre ses répugnantes mains. Croyez-moi c’est le pire des sacrilèges, pour une femme de votre rang. Je ne vous laisserais pas faire cette erreur ma chère. Dites à sa tante de ne pas le retenir, ou ainsi partez. Je suis actuellement dans ma maison de campagne vous pourriez venir y passez le temps ? Surtout que moi aussi je manque cruellement de compagnie, le comte Vertheuil est parti en expédition. Enfin… Vous savez ce que c’est.

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