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Lecture analytique Les colchiques, Apollinaire

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Par   •  10 Août 2015  •  Commentaire de texte  •  729 Mots (3 Pages)  •  5 278 Vues

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Les Colchiques

Approche initiale

Repérer certaines caractéristiques du poème :

  • La répartition en trois strophes ou bloc de sept, cinq et trois vers, qui semblent moduler le mètre classique de l’alexandrin ;
  • Le schéma de rimes plates, qui isole le vers 2 et invite par conséquent à le relier au vers suivant, autre hexasyllabe, pour « reconstituer » un alexandrin rimant avec le vers initial ;
  • Chacune de ces strophes correspond aux trois moments d’une triste anecdote bucolique : dans un pré en automne, des vaches s’empoisonnent « lentement » en broutant des colchiques, que des enfants sortis de l’école viennent cueillir, avant que le troupeau abandonne « pour toujours » le pré, accompagné du gardien qui chante « tout doucement » ;
  • Ces colchiques vénéneux sont comparés aux yeux d’une femme à laquelle s’adresse le poète dont la vie elle-même serait « empoisonnée » ;
  • Le ton mélancolique et élégiaque qui imprègne le poème est en résonnance avec la lenteur du rythme et la récurrence des nasales « an » et « on ».

I  Un sonnet disloqué ?

La remarque faite sur les deuxième et troisième vers permet de dégager la forme initiale d’un sonnet qu’Apollinaire aurait détournée ou recomposée pour s’éloigner de la tradition poétique.

Ainsi les vers 1 à 5 constitueraient un premier quatrain, et le second regrouperait les vers 6 à 9.

Les vers 10 à 12 puis 13 à 15 correspondraient aux deux tercets.

De la même façon, la métrique de l’alexandrin subit des distorsions. Les vers 1, 4, 5, 7,8, 12, 13, 15 respectent le décompte syllabique traditionnel (rappeler le cas du « e » muet) contrairement aux cinq autres qui présentent des entorses à la règle et se rapprochent ainsi du vers libre ou de la langue orale courante : apocope du « e » à la fin du mot « comme » (v. 6 et 10), ou de « filles »(v.11), synérèse dans « hoqueton » et « jouant » (v.9), quatorze syllabes (V.14) à moins d’omettre les liaisons.

On observe en outre un emploi délibéré des hiatus qui rompent l’euphonie attendue dès le vers initial : « Le pré est vénéneux mais joli en automne ».

II Le détournement de la tradition lyrique

Publié une première fois dans une revue en 1907, ce poème fut probablement écrit en Allemagne et inspiré par l’amour déçu d’Apollinaire pour Annie Playden. La comparaison entre le colchique et la femme destinataire reprend le motif de la femme-fleur traditionnel dans la poésie amoureuse, tout en s’inspirant de la rhétorique du blason.

On peut faire un lien avec le poème de Ronsard « Mignonne, allons voir si la rose… » : l’automne, saison mélancolique et funèbre, se substitue au printemps symbole de renouveau et de sève amoureuse, tandis que le colchique, bien différent de la rose, est une fleur du mal propre à empoisonner les vaches qui la mangent ou les enfants qui la cueillent.

Partant de la « couleur de cerne et de lilas » commune au colchique et aux yeux de la femme aimée, l’analogie conduit à assimiler le poète, empoisonné par une femme maléfique, aux vaches malades qui doivent « abandonner pour toujours » le pré nocif. Ce parallèle, pour le moins inhabituel dans le bestiaire de la poésie amoureuse, intrigue et relance l’interprétation.

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