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La bête humaine - E. Zola

Commentaire de texte : La bête humaine - E. Zola. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Avril 2016  •  Commentaire de texte  •  1 807 Mots (8 Pages)  •  7 230 Vues

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La Bête humaine , Zola

Introduction :

        Emile Zola (1840-1902) est le chef de file et le théoricien du mouvement naturaliste dont il jette les bases dans son ouvrage théorique Le Roman expérimental. Zola explique qu'il a pris le parti du naturalisme, doctrine par laquelle il essaie d'élever la littérature au rang de science exacte. Zola narre en un cycle de vingt romans constituant une grande fresque romanesque  « L'histoire Naturelle et Sociale d'une famille sous le Second Empire » ainsi que l'indique le sous-titre donné à l'ensemble de son oeuvre sur les Rougon-Macquart. Dans son roman La Bête humaine (1890), Zola met en scène Jacques Lantier, mécanicien de la locomotive La Lison.  Porteur d'une « fêlure héréditaire », la pulsion sexuelle s'accompagne toujours chez lui d'une pulsion meurtrière.  Au cours d'une visite chez sa tante Phasie, le mécanicien Jacques Lantier et sa

cousine Flore se sentent attirés l'un vers l'autre et s'embrassent. Mais Jacques est pris soudain d'une folle enviede tuer et doit s'enfuir pour échapper à ses pulsions meurtrières.Nous étudierons comment la lutte du personnage face au monstre qui l'habite s'inscrit dans le projet naturaliste

de Zola et construit un nouveau personnage tragique.Nous verrons dans un premier temps l'introspection de Jacques , puis l'aspecte médical avant d'analyser l'aspect tragique de ce personnage.

I / L'introspection de Jacques

        La lutte du personnage face au monstre qui l'habite est étudiée longuement et comme cliniquement mais cette analyse n'est pas conduite du point de vue d'un narrateur omniscient qui en ferait de l'extérieur le diagnostic, elle est relatée à travers le point de vue du héros par le biais du discours indirect libre, un héros qui découvre avec

douleur et révolte la résurgence de son mal héréditaire.

        a- La réflexion de Jacques

- Après sa fuite, Jacques analyse les symptômes de la résurgence du mal qu'il croyait éteint : il se remémore la période de son adolescence et de « la puberté » (l.16). L'envie de tuer s'exerce sur les femmes et est liée à un

dérèglement de la sexualité. La vue de leur chair « cette chair, cette gorge, chaude et blanche » (l. 18) réveille en lui la pulsion meurtrière. Ainsi se mêlent les champs lexicaux du désir sexuel et du désir de tuer : « la fièvre

grandissante affolante du désir » (l. 15), « tuer » (plusieurs occurrences), « les ciseaux pour les lui planter dans la chair » (l. 17), « égorger » (l. 20).

- Jacques Lantier recherche ensuite les raisons de son mal. La progression de la réflexion est marquée par des liens logiques : « il est vrai, mais, peut-être, non pas... mais pourtant ». Elle aboutit à une explication génétique : la

transmission héréditaire d'une fêlure et de l'alcoolisme de ses ancêtres, mais également à une cause plus ancienne, largement développée à la suite de ce passage, et qui renvoie aux sources de l'humanité.

        b- La souffrance de Jacques

- La réflexion intime de Jacques s'accompagne de sentiments douloureux. La souffrance physique s'exprime par des contractions musculaires « ses doigts tordus » (l.22) ou par des muscles qui ne peuvent plus répondre aux

sollicitations demandées « les jambes brisées » (l. 12).

- Elle se double d'une souffrance morale que traduisent des pleurs irrépressibles : « sanglots convulsifs » (l.12) , « ses sanglots lui déchirèrent la gorge, dans un râle d'effroyable désespoir » (l. 22-23). Les expressions

hyperboliques telles que « déchirèrent la gorge » ou « effroyable désespoir » ainsi que les phrases exclamatives et interrogatives et enfin les apostrophes « Mon Dieu ! » (l. 13 et 20) marquent l'horreur du personnage que le désir de meurtre lui inspire. Enfin, les répétitions autour du verbe « tuer » témoignent d'une conscience affolée et lucide autour du mal qui ressurgit, mais également d'une pensée obsessionnelle qui l'attire et l'anéantit en même temps.

Le discours indirect libre permet une plongée dans l'intériorité du personnage. Mais cette introspection ne se

limite pas à rapporter les pensées du personnage, elle donne également accès au désarroi de Jacques, confronté au

désir de tuer.

II / La bête humaine ; un cas médical

        Zola propose ainsi à travers son personnage un véritable cas médical, ce qui lui permet d'exposer ses théories

naturalistes concernant le double déterminisme du milieu et de l'hérédité.

        a- Les thèses naturalistes de Zola

- Le déterminisme du milieu, s'il est peu développé dans cet extrait, est cependant suggéré par l'évocation du couple que forment les parents de Jacques, Gervaise et Lantier : « une mère si enfant » (l. 29), « un père gamin comme elle » (l. 29), « ce beau Lantier dont le mauvais coeur devait coûter à Gervaise tant de larmes » (29-30). De ces notations, on peut en déduire que le manque de maturité des parents ainsi que leur désunion ont marqué le souvenir de Jacques et ont fragilisé la construction de l'enfant.

- Le poids de l'hérédité est mis en relief par un abondant champ lexical qui relève du déterminisme génétique (« son mal » (l. 30), une « fêlure » (l. 32 et 33), « des cassures » (l. 35), « des trous », l. 35). Mais, c'est surtout la

métaphore de la « fêlure » qui traduit bien le caractère insidieux de la transmission héréditaire, dont n'échappe aucun des membres de la fratrie (« l'aîné surtout qui se dévorait à vouloir être peintre, si rageusement qu'on le

disait à moitié fou de son génie », l. 31). La fin de l'extrait insiste sur une autre tare familiale, l'alcoolisme : « les pères, les grands-pères qui avaient bu, les générations d'ivrognes » (l. 39).

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