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Céline, Voyage au bout de la nuit, la mort du colonel

Commentaire de texte : Céline, Voyage au bout de la nuit, la mort du colonel. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  1 637 Mots (7 Pages)  •  2 793 Vues

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Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932

Extrait : « Ce fut la fin de ce dialogue… Ah ! dis donc ! que je me répétais tout le temps. Ah ! dis donc !... »

Introduction :

Comme de nombreux écrivains du début du XXème siècle, Céline a participé à la première guerre mondiale. À travers ce roman intitulé Voyage au bout de la nuit, publié en 1932, l’auteur nous livre sa vision du conflit. Dans cet extrait, le personnage principal appelé Bardamu assiste au décès d’un colonel, touché par un obus. Nous allons nous voir en quoi ce passage est une dénonciation de l’absurdité de la guerre. Dans un premier temps, nous analyserons le témoignage de Bardamu sur les horreurs de la guerre, ensuite nous montrerons que ce texte propose une vision pessimiste de l’homme.

I. Un témoignage sur les horreurs de la guerre.

1) une scène vécue en direct.

Le texte raconte la mort de 2 soldats provoquée par la chute d’un obus. Céline choisit de nous relater l’événement en utilisant un personnage témoin : Bardamu et un point de vue interne. L’extrait mélange des passages de description et de monologue à la première personne du singulier, ce qui permet de donner une touche d’authenticité, de réalisme au témoignage. Le lecteur peut alors partager les sentiments de Bardamu grâce aux exclamatives : « Tant pis pour lui ! » ; ou encore à travers les passages au discours direct : « Chacun sa guerre ! » que je me dis ; » ; mais également avec les proposition subordonnées qui évoquent les réflexions : « que je pensais tout de suite ainsi ». Le champ lexical des sensations  permet au lecteur de mieux s’impliquer dans la scène et de partager le vécu du personnage. Nous avons des sensations tactiles « tremblaient, secouaient, déporté, projeté… » ; auditives : « bruit, oreilles, glouglous… », olfactives : « fumée, nez, odeur de la poudre et du soufre… » ; visuelles : « je ne le vis plus, saignaient… » et même gustatives : « on en a eu tellement plein […] la bouche. »

2) une scène qui appartient à un autre monde.

L’univers que nous présente alors Bardamu ne ressemble pas à la réalité connue du lecteur. Cette scène de guerre semble même appartenir à un autre monde. Le narrateur semble projeté en enfer, on retrouve d’ailleurs toutes les caractéristiques d’un espace infernal. C’est un monde surnaturel comme le montre l’hyperbole « un de ces bruits comme on ne croirait jamais qu’il en existe ». Le feu, le soufre et le bruit dominent : on relève de nombreuses occurrences du substantif : « feu ». Les corps y sont maltraités, les sens agressés  comme le soulignent les propositions « la fumée qui piqua les yeux », « c’est qu’il avait été déporté sur le talus, allongé sur le flanc par l’explosion… ». C’est un monde où les êtres ne sont plus réellement humains comme le montre la métaphore « viande » utilisée pour parler des 2 victimes. Le narrateur lui-même doute d’être encore en vie : « je croyais bien que c’était fini », n’est plus totalement humain : « j’étais devenu du feu et du bruit moi-même » et ne maitrise plus son corps : « les bras et les jambes qui tremblaient comme si quelqu’un vous secouait par derrière. »

3) une scène de mort effroyable.

À travers le récit du narrateur, le lecteur découvre toute l’horreur de la guerre et sa confrontation avec la mort est effrayante. La mort décrite ici est soudaine, inattendue, c’est une mort qu’on ne voit pas venir et dont personne ne peut se protéger. L’obus n’est pas immédiatement désigné, il est évoqué par une métonymie qui montre que personne ne réalise ce qui arrive : « après ça, rien que du feu et du bruit avec », ce n’est qu’avec la phrase « c’est qu’il avait été déporté sur le talus […] par l’explosion » que le narrateur réalise ce qui vient de se produire.

C’est une mort rapide. Les marqueurs temporels insistent sur la simultanéité des événements : « tout de suite, tout juste, tout de suite après ça… ». Le narrateur dans un commentaire au discours direct souligne de manière burlesque l’efficacité de l’obus : «  Un seul obus ! C’est vite arrangé les affaires tout de même avec un seul obus. » La rapidité est également perceptible à travers la syntaxe « fini lui aussi ».

C’est une mort brutale. La violence de l’impact est montrée par le participe passé « projeté ». Les détails des blessures témoignent de la force du choc : « le cavalier n’avait plus sa tête », « le colonel avait son ventre ouvert ». La souffrance est soulignée par l’hypothèse « ça avait dû lui faire du mal ce coup-là au moment où c’était arrivé »La description proposée par Céline à travers son personnage n’a rien d’héroïque. Le récit ne présente pas un combat loyal mais plutôt une scène de carnage absurde, que rien n’explique ni ne justifie. C’est implicitement une dénonciation de la guerre et des comportements humains.

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