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Cinna, Acte V, scène 3

Commentaire de texte : Cinna, Acte V, scène 3. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Décembre 2019  •  Commentaire de texte  •  2 516 Mots (11 Pages)  •  5 246 Vues

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LA1 : Cinna, Acte V, scène 3

Au 17e siècle, l’idéal de l’honnête homme se répand. L’honnête homme se doit d’être non seulement ouvert mais également altruiste et capable de dominer son amour propre. La littérature classique, miroir de cette société du 17e siècle, met ainsi en place des personnages s’apparentant à cet idéal et ce notamment dans la tragédie cornélienne qu’est Cinna représentée en 1642.Cinna, personnage éponyme, a monté une conjuration, contre l’empereur Auguste, avec son ami Maxime. Ce dernier a par la suite révélé à Auguste le complot. Nous sommes désormais face à l’acte V, scène 3 dans lequel Auguste s’adresse à Cinna, prêt à le châtier.

LECTURE

Dans cet extrait, la parole est tout d’abord donnée à Auguste, l’empereur. Contre toute attente celui-ci est clément. Cette clémence lui assure la consécration.

  • Quelle est la force argumentative de cette tirade ?
  • Comment Corneille met-il en scène la toute-puissance d’Auguste ?
  • En quoi cette scène est-elle une plaidoirie en faveur d’une morale héroïque ?

I        Un héros transcendant

Auguste apparaît au premier abord agité par l’annonce de la trahison laissant envisager une vengeance certaine. Mais Auguste surmonte l’influence de son courroux, il se place au rang de héros.

A        La crise tragique traversée par Auguste

        1        Trouble

Auguste traverse au premier abord une crise tragique. Son trouble est matérialisée par les questions rhétoriques qui jonchent les vers 1 à 8 avec par exemple : « En est-ce assez, Ô ciel ! », « A-t-il quelqu’un des mens qu’il veuille encor séduire ? ». Le spectateur et lecteur comprend alors combien est profonde l’agitation que l’annonce de la trahison cause à Auguste. Auguste se sent trahi. Les adverbes antinomiques tels que « assez » et « encore » soulignent le sentiment d’injustice éprouvé par le personnage face à de si nombreuses trahisons. D’ailleurs, on ressent dans cette première question une certaine ironie qui laisse à entendre un personnage désabusé, blessé. Il ne semble plus espéré car tous l’ont trahi.

2        La victime du sort

L’Empereur se présente alors comme victime du sort. Le sort a un but. Celui-ci est rendu visible par le complément circonstanciel de but « pour me nuire ». C’est ce même sort qui agit sur l’entourage d’Auguste. Effectivement celui-ci est sujet actant du verbe vouloir dans : « quelqu’un qu’il veuille encore séduire ». Les humains ne sont alors qu’un simple complément, ils sont en quelque sorte les marionnettes de ce dernier. De ce fait, ils ne sont pas responsables ce qui permettrait d’excuser les conjurés.

        B        La volonté d’Auguste

                1        Affirmation du moi

Face à ce sort qui semble s’acharner contre lui, Auguste certes se laisse aller au désespoir mais très vite, il reprend le dessus et cherche à affirmer sa volonté, sa liberté. La répétition anaphorique du pronom personnel « je » tout comme le présentatif « c’est moi qui » mettent en exergue cette affirmation. Le rythme de ses propos traduit également sa détermination et ce notamment lorsqu’il affirme : « je le suis, je veux l’être, Ô siècles, Ô mémoires ! ». Effectivement, l’alexandrin est scandé en tétramètre (3/3/3/3), la régularité est parfaite et témoigne de l’opiniâtreté de celui qui le clame. Il ne veut en aucun cas perdre le contrôle. De plus, la polyptote du verbe être grâce à « suis » et « être » valorise son état, Auguste clame son existence et par là-même son pouvoir décisionnel. Il refuse de se victimiser. La comparaison « je suis maître de moi comme de l’univers » met en avant le caractère supérieur, surhumain de cette volonté qui fait d’Auguste le « maître » de tout parce qu’il parvient à rester maître de lui.

2        Toute puissance de l’homme d’Etat

Ce moment s’apparente à un véritable miracle. Le passage des interrogations initiales aux fermes injonctions qui suivent puis à l’affirmation résolue de la maîtrise s’opère très rapidement, en moins de dix vers. De cette manière Auguste exprime sa toute-puissance ; une toute puissance qui se réalisera également dans l’éternité comme le sous-entendent le groupe binaire « Ô siècles, Ô mémoire ! » ainsi que l’expression « Conservez à jamais ». Auguste se hisse donc au-dessus et affirme son statut d’Homme d’Etat non de simple homme mortel. Il triomphe de ses émotions, de son orgueil, de ses passions. Cinna lui-même lui rappelle par la suite le caractère unique lorsqu’il d’exclame : « Ô vertu sans exemple ! ».

        C        Supériorité d’Auguste

Cette victoire d’Auguste sur lui-même représente l’affirmation supérieure et martiale du moi glorieux, héroïque et aristocratique. Ainsi, elle prend la forme d’ « un triomphe » où le vainqueur souligne qu’il a écrasé dans « un combat » son « ennemi ».

Cette supériorité se traduit par de multiples impératifs adressés à Cinna puis à Emilie avec « Reçois », « Aime », « Préfères-en » ou encore « Apprends ». Il impose sa volonté aux conjurés.

En affirmant son pouvoir décisionnel, Auguste acquiert des proportions véritablement surhumaines. Emilie est comme frappée par une illumination surnaturelle puisqu’elle « recouvre la vue auprès de leurs clartés ». Nous avons l’impression qu’un voile s’est déchiré. Cinna en perd la parole. Il est réduit à une simple interrogation oratoire qu’est « Que vous dirai-je ? ».  Auguste assoit donc son autorité politique.

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