La Double Inconstance (Acte II sc. 4) de Marivaux

Commentaire Composé :

La Double Inconstance (Acte II sc. 4) de Marivaux :

Introduction :

Comme son titre l’indique, la pièce de Marivaux, La Double Inconstance (comédie en

III actes représentée pour la première fois en 1723) est placée sous le signe du double.

C’est le personnage de Flaminia qui domine dans l’acte II par sa présence et par ses stratagèmes qui provoquent une évolution rapide des sentiments de Silvia mais aussi d’Arlequin. Au début de l’acte II, Flaminia a poussé la jeune fille à accepter les services du prince déguisé en officier du palais. Elle s’attaque ensuite à Arlequin à partir de la scène 4 en le courtisant et en flattant son amour propre.

En quoi ce passage constitue-t-il une étape importante de l’action ?

Nous verrons d’abord en quoi consiste le jeu habile de Flaminia puis nous analyserons les progrès du sentiment amoureux chez Arlequin.

I- Le jeu habile de Flaminia :

Un des plaisir du spectateur dans cette scène est de suivre les manœuvres de

Flaminia, véritable meneuse de jeu, et d’analyser la façon dont elle manipule Arlequin.

a) Renforcer leur complicité en suscitant la pitié d’Arlequin :

Contrairement à Trivelin ; elle n’attaque pas frontalement et donne même

l’impression de ne pas attaquer du tout. Il s’agit de ne pas heurter Arlequin mais d’aller dans son sens. Elle ne parle pas de la nécessité pour Arlequin de se détacher de Silvia, au contraire, elle feint la complicité. Elle se présente en alliée. Elle approuve l’amour de ces deux êtres et dit vouloir le favoriser. Elle multiplie avec insistance les protestations de fidélité : « Il n'y a rien que je ne fisse pour vous rendre contents tous deux » ce qui veut dire Je suis prête à tout faire … , « J’espère que vous n'oublierez jamais Flaminia, qui n'a rien tant souhaité que votre bonheur ». Si elle agit ainsi c'est que cela fait partie d'une stratégie bien définie.

La piété est un autre ressort qu'elle va faire jouer, elle exprime de la compassion envers Arlequin pour toucher sa sensibilité. Tout notre passage beigne dans une tonalité pathétique et est placée sous le signe de la sympathie au sens étymologique du terme c’est à dire dans le partage des émotions et de la souffrance. Réciprocité des sentiments d'où de nombreuses répliques plus ou moins parallèles dans lesquelles un personnage reprend à son compte les propos de l'autre. La preuve la plus éclatante de la réussite de cette attitude adoptée par Flaminia est à la fin de la scène :

Flaminia : « Je ne sais où je suis.»

Arlequin : « Je suis tout de même. »

Par ailleurs pour émouvoir Arlequin, Flaminia va user de la fiction, on va la chasser de la Cour parce qu’elle a pris parti des amoureux, c'est comme une héroïne tragique qu'elle s'exprime à certains moments de la pièce : «Arlequin je vous parle peut être pour la dernière fois, et il n'y a plus de plaisir pour moi dans le monde.»

b) Eveiller l’amour propre d’Arlequin :

En fine psychologue, Flaminia sait que l'amour ne va pas sans amour propre, c'est pourquoi elle s'efforce de toucher l'amour propre d'Arlequin et de faire naître chez lui la vanité : « Vous ne connaissez pas ce que vous valez. » « Regardez vous Arlequin, voyez combien vous méritez d'être aimé ».Elle flatte aussi Arlequin par l'usage d'une autre fiction et une identification imaginaire : « Depuis que j'ai perdu mon amant, je n'ai eu de repos qu'avec vous. » « Vous lui ressemblez tant »...

c) Insensiblement, occuper la place de Silvia :

C'est ainsi que, insensiblement par ses propos elle tente à occuper la place de Silvia. Elle s'est mise dans la situation de Silvia. Comme Silvia, elle est arbitrairement séparée d'Arlequin, elle multiplie les compliments d'Arlequin. De fait son habileté est grande et le spectateur peut déchiffrer aisément les progrès qu'elle fait dans le cœur d'Arlequin sans qu'il,

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