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Lecture analytique, extrait 1: « Et que voulais-tu ? » p. 24 à Fin de l’acte I, Sc.4 p. 28

Commentaire de texte : Lecture analytique, extrait 1: « Et que voulais-tu ? » p. 24 à Fin de l’acte I, Sc.4 p. 28. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  1 377 Mots (6 Pages)  •  1 032 Vues

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Albert CAMUS, Caligula, I, 4, 1944.

Lecture analytique,  extrait 1: « Et que voulais-tu ? » p. 24 à Fin de l’acte I, Sc.4 p. 28 

I - INTRODUCTION (env. 2mn)

1- Accroche : « Celui qui désespère des événements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un fou », affirme Albert Camus dans ses Carnets.

2- Présentation de l’œuvre et du texte : Cette idée se développe dans Caligula, pièce parue en 1944 et que Camus place dans une tétralogie qui constitue le cycle de l’absurde. Ébranlé par la mort de sa sœur et amante Drusilla, Caligula tente de tester ses limites. Après avoir disparu dans les trois premières scènes, il vient d’apparaître, dans cette scène, hagard et désespéré. Permettez-moi de lire. (Ou) Je vais procéder à la lecture.

Lecture de l’extrait

3. Formulation ou reformulation de la question : Vous m’avez posé la question : Quels changements se sont opérés dans la personnalité de Caligula et quel est l’intérêt dramatique de ces changements ?

4. Annonce du plan : Pour vous répondre, je parlerai tout d’abord d’un personnage dérangé, ensuite d’un avenir perturbé.

II – La lecture analytique (5 à 6 mn)

I- Un personnage dérangé

En fait, Caligula est un personnage dérangé. Il éprouve un besoin de confidence, un sentiment d’insatisfaction, et un besoin d’impossible. 

1- Besoin de confidence

  • Alors que Caligula ne voulait voir personne depuis trois jours, il n’évite pas Hélicon et s’adresse à lui « avec naturel ».
  • Il lui avoue, à travers une série de stycomities :
  • le motif de sa disparition : il cherchait « la lune »,
  • l’échec de sa quête : « Non, je n’ai pas pu l’avoir »,
  • et enfin, son épuisement physique et moral : « c’est pour cela que je suis fatigué ».
  • Il demande à Hélicon, avec humilité :
  • sa discrétion : « Garde le silence et oublie que tu viens de me voir »,
  • son aide : « Et, s’il te plaît, aide-moi ».
  • De son côté, Hélicon sert de confident et de faire-valoir à son maître :
  • Il ne contredit pas son maître : on note le vocabulaire de l’approbation : « Bien sûr »« C’est un raisonnement qui se tient », « Cela est vrai ».
  • Il esquive les réponses dangereuses : « Tu sais bien que je ne pense jamais. Je suis bien trop intelligent pour ça ».
  • Il critique avec humour l’entourage de Caligula : « Ce n’est pas cela qui les empêche de déjeuner »,
  • Mais promet de l’aider : « Je ferai de mon mieux ».

2- Sentiment d’insatisfaction 

  • Caligula voudrait posséder tout. S’il veut avoir la lune, c’est que « c’est une des choses q’[il n’a] pas ».
  • Après un silence (« un temps », didascalies), comme un temps de réflexion et pour donner plus d’impact à la phrase qui va suivre, Caligula annonce son sentiment d’insatisfaction : « Les choses, telles qu’elles sont, ne me semblent pas satisfaisantes ».
  • « Les choses » : terme vague qui pourrait désigner les affaires de l’empire, ou la vie en général.
  • Litote qui révèle l’ampleur du malaise de Caligula.
  • La mort de Drusilla est le déclic qui pousse Caligula à faire une réflexion métaphysique :
  • Phrase interrogative : « Qu’est-ce que l’amour ? », la réponse, phrase minimale : « Peu de chose ». Ce style dépouillé présente les faits avec indifférence : la mort de la femme aimée l’a amené à nier l’importance de l’amour. Ce n’est pas cette mort qui est la source de son chagrin.
  • Mais cette mort lui permet de faire une découverte, lui révèle une « vérité » :
  • Accumulation de groupes adjectivaux qui caractérisent cette vérité : « toute simple, toute claire, un peu bête, difficile à découvrir, lourde à porter ».
  • D’une part, c’est une vérité bien évidente et il aurait dû la découvrir plus tôt. D’autre part, elle a des conséquences dangereuses, si jamais il pousse cette logique jusqu’au bout.
  • Cette vérité, prononcée sous forme de maxime, est que : « Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux ».
  • Présent de vérité générale qui confère à cette affirmation une valeur atemporelle.
  • Caligula découvre le non-sens de la vie, l’absurde : toute une vie ne procure pas de bonheur à l’homme. Même la mort ne constitue pas une délivrance.

3- Besoin d’impossible

  • Ce sentiment d’insatisfaction réveille chez Caligula le besoin d’obtenir ce que normalement on ne peut avoir, ce que ce monde absurde ne peut procurer.
  • C’est une soif d’absolu : « quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde ».
  • Les choses désirées constituent un crescendo qui va jusqu’à la divinité :
  • La lune : obtenir la lune, c’est vaincre la distance, transcender la petitesse de l’homme.
  • Le bonheur : Dépasser tous les problèmes de la vie, (et insinuer aussi que le bonheur véritable n’existe pas et n’est pas possible).
  • L’immortalité : La mort est la condition humaine la plus absurde. Caligula vient d’en vivre l’expérience et d’en éprouver la dureté. Obtenir l’immortalité, c’est vaincre le temps et la mort, c’est devenir Dieu.

Transition : Ainsi, Caligula paraît comme un personnage dérangé, insatisfait, qui cherche l’absolu. Cela entraînera bien sûr un avenir perturbé.

II- Un avenir perturbé

Cet avenir perturbé se manifeste dans une opposition entre passé et avenir, et implique l’élaboration d’un plan avec Caligula comme professeur.

1- Opposition entre passé et avenir

  • « Je ne le savais pas auparavant. Maintenant, je sais ». Antithèse au moyen de laquelle Caligula remet en question son passé, ses anciennes certitudes et donc remet en question ses comportements basés sur ces certitudes.
  • Antithèse entre « mensonge » et « vérité » : C’est également une remise en question de son entourage (« tout autour de moi est mensonge »), qui vit dans l’hypocrisie : « Ce n’est pas cela qui les empêche de déjeuner ».
  • Ce besoin d’impossible annule tout repos dans l’avenir : « Cela ne sera plus jamais possible » ; « Si je dors, qui me donnera la lune ? »

2- Élaboration d’un plan

  • « Les choses, telles qu’elles sont, … », « Le monde, tel qu’il est, … » : l’état présent de la situation n’étant pas « supportable », Caligula élabore le plan de le changer.
  • L’ignorance dans laquelle les hommes vivent les rend aveugles aux problèmes de la vie.
  • « Ils sont privés de la connaissance » : le déterminant défini « la » donne à cette connaissance une valeur absolue. C’est comme l’arbre de « la connaissance du bien et du mal » dont Adam et Eve ont mangé les fruits, et depuis, leurs yeux se sont ouverts à la vérité.

3- Caligula, le professeur

  • Doté de sa nouvelle expérience et de ses nouvelles réflexions sur la vie et la mort, Caligula se sent plus illuminé que d’habitude, plus illuminé que les autres : « Je n’ai jamais été aussi raisonnable ».
  • La découverte qu’il fait est « lourde à porter », il ne va pas la porter tout seul ! Caligula se donne comme mission de faire profiter les autres de cette découverte, et il en a le pouvoir : « J’ai les moyens de les faire vivre dans la vérité » ; il se considère comme « un professeur qui [sait] ce dont il parle ».
  • Il est évident que cette vérité ne sera pas agréable, et les moyens de la faire parvenir non plus. Sur le plan dramatique, cette scène annonce la suite et prévient les spectateurs des comportements tyranniques de Caligula.

III – LA CONCLUSION (2 mn)

1- Synthèse et réponse à la question posée par l’examinateur : Pour conclure, le Caligula, qui paraît sous les yeux des spectateurs dans cette scène 4, est différent de « l’empereur parfait » que les praticiens ont décrit. C’est un personnage à l’esprit angoissé, qui éprouve une grande insatisfaction et un grand besoin d’absolu. Cette transformation radicale dans sa personnalité va se refléter sur l’avenir de son entourage qu’il compte éduquer.

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