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Baudelaire, une charogne

Cours : Baudelaire, une charogne. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Mars 2020  •  Cours  •  2 556 Mots (11 Pages)  •  1 012 Vues

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Etude linéaire « une charogne » 

Introduction

  • situation : poème XXVII, « Spleen et Idéal » composé de 12 quatrains hétérométriques (de différents types de vers)
  • titre péjoratif qui renvoie au corps humain en décomposition ou non, mais après la mort. Également utilisé pour les animaux.
  • poème qui présente un couple en promenade tombe sur une charogne, écrire sur des sujets macabres est très à la mode dans la deuxième partie du XIXème siècle : c’est ce qu’on appelle le romantisme noir
  • ce poème parodie de la poésie galante et amoureuse (et plus précisément la poésie de l’auteur de la Pléiade Ronsard) puisque ce poème traite un thème vil de manière noble
  • on remarque que le regard du créateur rend lyrique un objet abject : c’est ce qu’on appelle un éloge paradoxal. Baudelaire redéfinit également la poésie en renouvelant les thèmes et explique alors que tout peut devenir objet de poésie

> En quoi cette vision horrible d’une charogne féminine exprime-t-elle paradoxalement la beauté et redéfinit-elle le rôle du poète ?

Mouvements possibles :

Q1-Q2 : effet de retardement et de surprise de la description d'un cadavre

Q3-Q9 : description précise de la charogne (hypotypose)

Q10-Q12 : memento mori : leçon de vie donnée à la femme convoitée mais aussi au lecteur

Q1 :

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,

Ce beau matin d'été si doux :

Au détour d'un sentier une charogne infâme

Sur un lit semé de cailloux,

Le premier vers rappelle la poésie romantique élégiaque (lyrisme teinté de tristesse), par exemple les vers du poème « Le Lac » de Lamartine : « Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence». Le lecteur s’attend à un poème traditionnel du romantisme qui évoque un souvenir « rappelez-vous »

Rappel sur le lyrisme : expression des sentiments personnels, intimité, « je », ponctuation expressive

D’emblée, on remarque la dimension un peu ridicule de l’allitération en « m » : «L’objet que nous vîmes, mon âme ».

énonciation : le poète s'adresse à la femme aimée, poète qui invite au souvenir et vouvoiement montre le respect, reprend poésie galante + image du memento mori « souviens-toi que tu es mortel »

« nous vîmes » : importance des sens, le poète va repenser la beauté de la charogne en se focalisant sur la vue

« mon âme » > idée d'un couple fusionnel, expression romantique traditionnelle qui fait partie du lyrisme

 rappel de la mortalité - Poème construit comme un petit apologue, une fable. Un récit, circonstancié (complément circonstanciel de temps, de lieu « Ce beau matin d’été si doux/ Au détour d’un sentier » : volonté de dramatisation, poésie galante qui va induire un contre-point, insistance intensif sur la douceur

on s'attend à une évocation d'un souvenir lyrique mais apparait « une charogne infâme ». L’ effet d'attente est contrecarré, accentué par l’adjectif qui souligne le caractère infâme > surprenant pour le lecteur, ainsi Baudelaire déroute

la rime « infâme » et « âme » détourne la poésie courtoise puisqu’ici il y a fascination pour un cadavre et pas une femme adorée

« sur un lit semé de cailloux » : le CC suggère l’érotisation mais celle-ci semble en partie violente.

  • Dès le Q1, le lecteur est surpris, il découvre le portait d’une charogne

Q2 :

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.


« Les jambes en l'air, comme une femme lubrique, » (lubrique : Qui a, qui manifeste, qui cherche à susciter un penchant effréné pour les plaisirs sexuels.). cette comparaison est surprenante, cette charogne est une carcasse de femme à dimension érotique, la charogne est personnifiée et fait le lien entre mort et vie
« Brûlante et suant les poisons » > dimension sensorielle > dégout  qui revient avec le nom « exhalaisons ». Baudelaire convoque donc les 5 sens dans son poème : on parle alors de synesthésies.

Ce poème est également une hypotypose càd une description tellement précise qu’elle semble prendre vie sous les yeux du lecteur

« Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique » > on a ici une vision de la femme cruelle ( cf. le poème « La beauté »). Selon Baudelaire, la femme est lancinante ce qui signifie qu’elle l’obsède mais également qu’il se dégage une vision crue de l'érotisme qui choque le lecteur

Lancinant : Dont la conduite, l'attitude manque de fermeté, de volonté, de rigueur, d'entrain. 

ET qui  est sans principe; qui est provocant, insolent, aux limites de l'impudence

CL de l'obscénité (ob/skene) B. montre ce qui doit rester caché, il en fait même l’exhibition comme en témoigne insistance de ce voc. « Son ventre plein d'exhalaisons. » ventre siège des désirs mais également lieu où l'on donne vie > création poétique qui nait de l'abject, Baudelaire repense la notion d'art à partir de l’horreur et non plus du beau traditionnel

« plein d'exhalaisons » > importance de l'odeur

Q3 :

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;


« Le soleil rayonnait sur cette pourriture » : alliance des contraires, imparfait de description, distance ironique du poète mais aussi idée que dans un poème tout peut être réuni : la belle nature et l’affreux cadavre

beauté et fascination qu'entrainent cette laideur « pourriture » rime avec « Nature » > nouvelle source d'inspiration (allitération en R)

« Comme afin de la cuire à point », > terme de cuisine, idée d'une appétit, ce cadavre donne envie d’après cette comparaison (parler du lubrique et du culinaire > choquant)

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