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Baudelaire, "Une Charogne"

Commentaire de texte : Baudelaire, "Une Charogne". Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Janvier 2020  •  Commentaire de texte  •  1 452 Mots (6 Pages)  •  1 733 Vues

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Présentation du siècle, de l’auteur et du mouvement :

Présentation de l’œuvre :

Présentation de l’extrait :

Problématique :

Plan :

I)

II)

Transition :

Transition :

Transition :

Transition :

Réponse à la problématique :

Comment l’expression poétique permet-elle à l’amour de jaillir du laid ?

Ouverture :

Charles Baudelaire, les fleurs du mal, section Spleen et Idéal, « Une Charogne, 1857

INTRO :

Ce poème de Charles Baudelaire est extrait de la section Spleen et Idéal de son recueil Les Fleurs du Mal publié en 1857. Recueil censuré pour son inadéquation aux règles de la morale et de la pudeur, il s’attaque à des motifs inhabituels et provocateurs, comme celui de la « Charogne » dans ce XIXème poème. Il révèle la fascination du poète pour le mal et le laid (le spleen) et son désir d’atteindre le beau (l’idéal).

Baudelaire décrit une horrible carcasse et pourtant ce poème demeure un poème d’amour adressé à la femme qu’il aime.

Nous pouvons ainsi nous demander :

Comment l’expression poétique permet-elle à l’amour de jaillir du laid ?

Pour répondre à cette question, nous découvrirons dans un premier temps un univers sombre et laid où le rappel angoissant du « memento mori » (souviens-toi que tu vas mourir). Dans un second temps, nous nous attacherons à l’espoir de la lumière où la célébration de la vie et de l’amour.

I) Un univers sombre et laid où le rappel angoissant du « memento mori ».

Ce poème rejoint la tradition du « memento mori » : Rappelez-vous que vous allez mourir.

1) La confrontation d’Eros et Thanatos : 

🡪Un contraste violent dès la construction de la première strophe avec 2 vers calmes et beaux, puis 2 vers agressifs avec la découverte de la charogne. Une confrontation marquée à la rime par l’opposition entre « âme » (v1) et « infâme » (v3) / « doux » (v2) et « cailloux » (v4).  

🡪Eros et Thanatos se mêlent étroitement avec la passion charnelle. Le poème prend une connotation érotique avec l’évocation du « lit » (v4) associé au champ lexical du corps « jambes » (v5), « ventre » (v8), « squelette » (v33) => Une sensualité qui semble décalée par rapport au titre du poème.

La comparaison à « une femme lubrique » (v5) achève d’introduire le thème du plaisir charnel.

Mais, on se rend compte que sexe et mort sont étroitement liés.

2) Une mort envahissante :

🡪 La mort est au centre du poème, elle est décrite de manière réaliste et crue après une présentation basée sur un euphémisme « objet » (v1) et le champ lexical du beau temps « beau matin », « été », « doux » (v2) qui retardent la description horrible à venir, voire endorment le lecteur dans le but de mieux en faire sortir l’horreur.

L’horreur est appuyée par le pléonasme « charogne infâme » (v3).

🡪Le choc entre le vivant et le mort La mort est rendue violente par la vie qui se dégage d’elle.

Le spectacle du cadavre est total, il s’appuie sur les 5 sens : la vue « vîmes » (v1) ; « regardait » (v12) / l’ouïe « bourdonnaient » (v17) ; « étrange musique » (v24) / l’odorat « exhalaisons » (v8) ; « pourriture » (v9) / le toucher « brûlante » (v6) / le goût « cuire à point » (v10).

Le vers « comme afin de la cuire à point » (v10) ne serait-il pas une métaphore des flammes de l’enfer ?

🡪 La victoire de la mort La carcasse allégorique de la mort triomphe, oxymore « carcasse superbe » (v13)

La mort semble s’être emparée de tout, cependant une lueur d’espoir demeure

 

II) L’espoir de la lumière où la célébration de la vie et de l’amour.

Baudelaire est obsédé par la mort, mais aussi intrigué par une vie qui lui succèderait. Un poème tout en nuance qui mêle le spleen à l’espoir, un espoir qui jaillit des ténèbres.

1) La célébration de la vie :

🡪 Une vie qui persiste, le champ lexical de la nature « ciel » (v13), « soleil » (v9), « fleur » (v14) et une « Nature » montrent qu’en dépit de la mort, la vie continue.

🡪La vie naît de la charogne Contre toute attente la carcasse devient un vecteur de vie. Les « mouches » (v17) et les « larves » (v19) vont redonner à la carcasse une illusion de vie, renforcée par la périphrase des « vivants haillons » (v20) qui montrent une chair en lambeaux. Le cadavre est animé au sens premier du terme (anima=souffle, âme), métaphore de la respiration « cela descendait, montait comme une vague ». Baudelaire confirme cette idée de vie aux vers 22/23 « le corps… vivait en se multipliant »

 

Aussi laid que soit ce corps, aussi étroitement liée à la mort que soit la vie, l’espoir l’emporte.

2) L’amour comme salut :

Toute cette observation de la mort et de la vie mène à une réflexion plus profonde. Vie et mort sont inconciliables, indissociables et conduisent le poète à réfléchir sur l’amour. 

🡪 Un poème d’amour

- Le poète s’adresse à sa bien-aimée : dès les premiers vers, puis aux vers 16-40-41-43-45, la présence du « vous » associé au groupe nominal « mon âme » (v1) mis en apposition en fin de vers, indique qu’il s’adresse à la femme aimée. + exhortation « dites » (v45).

- L’image du couple est inscrite par l’usage du pronom « nous » (v1-34).

- Un lien affectif fort et exclusif révélé par les déterminants possessifs « mon », « ma » qui sont associés notamment au vers 40 au mot « passion ». La force de l’émotion ressentie par le poète est accentuée par l’exclamation et la diérèse.

🡪 Un amour spirituel et salvateur 

- Dimension spirituelle de l’amour permet de tout vaincre et de dépasser la mort. L’amour est divinisé à travers le champ lexical de la divinité qui vient s’opposer au champ lexical de la mort « ange », « grâces », « sacrements », essence divine ».

- L’amour est transcendé, il appartient à une région supérieure. On assiste à une véritable célébration de la femme aimée avec la métaphore filée des astres (v39, « étoile », « soleil »).

D’une description réaliste et répugnante, le poète parvient à extraire la beauté de la laideur. Il pose ainsi une vraie réflexion sur le rôle du poète.

3) Le rôle du poète :

A travers cette réflexion sur l’amour, Baudelaire introduit une réflexion sur l’art et l’artiste.

🡪 Cet amoureux est un poète qui se met en scène lui-même, apparition de la figure du poète au vers 47 « j’ ».

🡪Le poète est un « artiste » (v31) dont l’art associe la peinture et la musique que nous découvrons par l’association de leurs champs lexicaux : « peinture » (v30), « ébauche » (v31), « toile » (v31) / et « vague » (v21-23), « souffle » (v23), « musique » (v25), « mouvement rythmique » (v27). La structure même du poème avec ses 12 quatrains et l’alternance des alexandrins et des octosyllabes crée un balancement musical.

🡪 L’art poétique est insaisissable comme le souligne la comparaison à « l’eau courante » et au « vent » (v26), mais nécessaire pour comprendre la vie.

CONCLUSION :

Le poète est un alchimiste qui par le biais de son art transforme l’horreur, l’écœurant, le laid en beau. De plus, alors que l’être humain est confronté à la finitude, l’Art incarne la permanence, la pérennité. Baudelaire livre ainsi un message consolateur à la femme aimée qui survivra grâce à la poésie « j’ai gardé la forme et l’essence divine » (v47). La poésie est une faculté divine dont naît l’immortalité.

Film de Rawson extraits.

 

Les Fleurs du Mal (Titres envisagés : Lesbos, Les Limbes). 

1857 : procès

1861 : version censurée (6 poèmes en moins + 35 nouveaux poèmes)

1949 : réhabilitation des 6 poèmes censurés.

6 sections : Spleen et Idéal (85 poèmes), Tableaux parisiens (30 poèmes), Le vin (5 poèmes), Fleurs du mal (9 poèmes), Révolte (3 poèmes), La mort (6 poèmes).

Censuré :

Interdit à la publication.

Eros et Thanatos

Éros : dieu primordial de l’Amour et de la puissance créatrice dans la mythologie grecque. Le mot érotisme provient de Éros. Dans la Théogonie d’Hésiode, il est issu de Chaos et constitue, avec Tartare, Nyx, Gaïa et Érèbe, une des cinq divinités primordiales. C'est le seul qui n'engendre pas, mais il permet à Ouranos et Gaïa de le faire. Il est beau, immortel, « dompte l'intelligence et la sagesse ».

Thanatos : personnification de la Mort dans la mythologie grecque. Selon Hésiode, il est le fils de Nyx, qui l'avait engendré seule. Thanatos est également le frère jumeau d'Hypnos, la personnification du Sommeil.

🡺Le monde entier est une pulsation rythmée de vie et de mort.

Fonctions du poète :

- Mage inspiré par un souffle divin,

- Déchiffreur de symboles,

- Prophète conducteur de peuples.

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