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Balzac, La peau de chagrin : Analyse du portrait de l'antiquaire

Commentaire de texte : Balzac, La peau de chagrin : Analyse du portrait de l'antiquaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  1 604 Mots (7 Pages)  •  8 356 Vues

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Honoré de Balzac, grand écrivain du XIX e siècle, est à l'origine de nombreuses oeuvres du réalisme, courant littéraire illustré par de grands auteurs tels que Flaubert ou encore Stendhal.

L'extrait qui nous intéresse ici est tiré de la première partie intitulée "le talisman" de La peau de chagrin écrite par Balzac. Cet écrivain a écrit d'autres oeuvres telles que Le père Goriot et Les illusions perdues. Ces oeuvres sont issue d'un vaste ensemble de romans qui porte le titre de Comédie humaine. Ce passage relate la rencontre entre Raphael, jeune homme ruiné sur le point de se suicider mais y renonce ensuite car il a accepté d'un étrange antiquaire un talisman, la peau de chagrin.

Nous analyserons d'abord dans quelle mesure le portrait macabre de l'antiquaire préfigure la mort de Raphael. Puis, nous étudierons la transition du réalisme au surnaturel avec un portrait aussi étrange qu'important. Enfin, nous examinerons le rapport entre Raphael et l'antiquaire, annonçant un thème majeur de l'oeuvre.

La description de l'antiquaire est pour l'auteur l'occasion de dresser un portrait macabre de ce personnage, préfigurant la mort de Raphael. Tout d'abord, nous constatons l'ambivalence de l'antiquaire qui plonge Raphael dans le doute. L'utilisation du champ lexical du doute avec des termes tels que "crut" (l 1), "l'éblouissaient" (l 5), "doute" (l 12) ou "hallucination" (l 20) en est une bonne illustration. Nous observons aussi l'absence de verbe de perception, ce qui signifie que Raphael n'arrive pas à percevoir ce qui lui arrive. L'auteur renforce l'ambivalence de l'antiquaire par une comparaison contradictoire, c'est à dire une antithèse: "une belle image du père éternel ou le masque ricaneur du Méphistophélès" (l 59-60). Le lecteur ne sait alors que penser de l'antiquaire, tantôt sage, divin et magistral, tantôt vicieux et figure du tentateur. L'utilisation récurrente de la deuxième personne du pluriel comme "vous" (l 23 et 55) nous montre que Raphael est plongé dans le doute en nous prenant comme témoin. Si le portrait de l'antiquaire permet de mettre en évidence le doute, il permet aussi de montrer l'imminence de la mort.

En effet, nous observons ensuite le recours à des termes appartenant au champ lexical de la mort tels que "linceul" (l 30), "ensevelir" (l 29) et "sarcophage" (l 13). Ceci laisse entrevoir la fin tragique de Raphael. Ce passage est aussi marqué par l'allégorie de la faucheuse, l'antiquaire est représenté comme un squelette "crane" (l 28) ainsi qu'un "être décharné" (l 32) ou "un vieillard sec et maigre" (l 23). De plus, l'auteur fait souvent référence à la religion. Par exemple, les termes "Moise" (l 39), "père éternel" (l 60), "Dieu" (l 56) ou encore l'expression "clarté d'une lampe" (l 8) qui rappelle la vision qu'aurait les morts avant de partir vers les cieux. Balzac souligne donc le caractère sacré de sa description. Pour accompagner ce caractère sacré et l'imminence de la mort, il produit un effet de peur.

Ainsi, il se sert d'une peur omniprésence en guise de mauvais présage. D'une part, il utilise un vocabulaire dépréciatif et lugubre pour décrire l'antiquaire, comme nous le montre les expressions "joues blêmes et creuses" (l 43), "visage étroit et pale" (l 31) et "barbe grise et taillé en pointe" (l 36) qui renforce l'agressivité de l'antiquaire puisque la pointe était un objet redouté lors de l'antiquité avec les nombreuses crucifixions. D'autre part, Balzac fait référence au félin noir, par exemple "robe en velours noire" (l 24), "yeux verts" (l 44). Or, le chat noir est associé depuis le Moyen âge au mauvais présage, il a un caractère diabolique. Mais, on peut l'interpréter différemment, ceci peut être une allusion aux chats noirs martyrisés au Moyen âge. Ceci nous laisse entrevoir que l'antiquaire est lui même martyr de la peau de chagrin. ici, le champ lexical de la froideur est utilisé "face froide", "blanc visage" (l 42) ou encore "yeux immobiles" (l 14) car l'immobilité est une conséquence directe du froid.

Le portrait macabre de l'antiquaire préfigure la mort de Raphael mais est-ce le seul effet recherché par l'auteur?

Cette description permet également au romancier de faire une transition entre le réalisme et le fantastique. Ce portrait est alors aussi étrange qu'important. On observe une apparition spontanée de l'étrange. Tout d'abord, nous constatons une multitude de termes appartenant au champ lexical du surnaturel: "magique" (l 10), "surnaturel" (l 15), "fantôme" (l 14), "ténèbres" (l 6) ou "sphère rougeâtre" (l 6) qui désignent un aura maléfique. Ensuite, nous observons que l'extrait commence par "tout à coup" ce qui implique un élément perturbateur et favorise donc l'apparition du fantastique d'autant plus que les verbes sont conjugués au passé simple: "crut" (l 1), "tressaillit" (l 2). Néanmoins, , cette apparition de l'étrange n'aurait pas été possible

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