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Article torture dictionnaire philosophique

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Par   •  30 Décembre 2019  •  TD  •  2 032 Mots (9 Pages)  •  472 Vues

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Dictionnaire philosophique article « TORTURE »  Voltaire

INTRODUCTION

Voltaire (1694 / 1778) né à Paris, devient l’un des philosophes des Lumières les plus célèbres. Ses textes s’opposent au gouvernement de l’époque (la Régence) et son esprit polémique lui vaut plusieurs exils, notamment en Angleterre. C’est à cette époque qu’il publie ses contes philosophiques les plus connus, tels Candide ou L’Ingénu. Il écrit aussi des essais historiques, des lettres et le Dictionnaire philosophique portatif.

Il poursuit toujours le même dessein : défendre les droits de l’Homme et combattre l’intolérance. Il s’engage également dans des affaires judiciaires comme l’affaire Calas, Sirven et De la Barre.

Le texte présenté à l’étude est extrait du Dictionnaire philosophique, datant de 1764. Il évoque le thème de la torture légale au 18ème siècle. Cet article se situe juste avant le Traité sur la tolérance, ce qui en dit long sur l’ironie de Voltaire. A travers ce texte engagé l’auteur cherche à faire abolir la torture, appelée autrefois « la question ». Le philosophe retrace les différentes époques de son utilisation et l’analyse sous des angles divers. L’utilisation constante de l’ironie insiste sur le caractère inhumain et révoltant de cette pratique pourtant banalisée.

  • La composition du passage : 4 mouvements
  1. Lignes 1 à 8 : la torture de l’Antiquité au 18ème 
  2. Lignes 9 à 14 : La torture dans un contexte privé
  3. Lignes 15 à 17 : La torture au-delà des frontières
  4. Lignes 18 à 26 : L’exemple du Chevalier de la Barre
  5. Lignes 27 à 30 : La conclusion sans appel de Voltaire

  1. DES MULTIPLES USAGES DE LA TORTURE

Le mot « torture » sert de fil conducteur au texte : on note au moins sept occurrences. Dans chaque paragraphe le mot apparaît, soit tel quel, soit au moyen de périphrases comme « aventure », « expériences » et « question ».

  1. Les différents contextes de la pratique de la torture

Dans cet article, Voltaire évoque la torture de façon universelle, c’est-à-dire dans des contextes temporels, juridiques et privés. 

  • Le contexte temporel :

Trois époques sont évoquées pour donner au lecteur une vision diachronique de la torture :

  • « Les Romains » (l.1) renvoie à l’Antiquité. C’est pour Voltaire l’occasion d’évoquer la naissance de cette pratique. La référence à l’Antiquité renvoie à une situation de domination « maître / esclave ». La négation « n’étaient pas comptés pour des hommes » (l.2) montre que l’on torturait des êtres que l’on jugeait inférieurs.
  • Le 13ème siècle (le moyen âge).
  • Le 18ème : époque contemporaine de l’auteur. Voltaire décrit sans transition, dans le même paragraphe, ce qu’elle est devenue.

  • Le contexte juridique :

Voltaire évoque le contexte juridique et légal de la torture, preuve que la France n’a pas évolué. Implicitement, il évoque la légalisation d’une pratique à la fois archaïque et barbare.

  • Le vocabulaire judiciaire : « conseiller de la Tournelle » ; « cachot » ; « la grande et petite torture » (l.3, 5, 6) est emprunté à la réalité de l’époque et renvoie à la terminologie officielle.
  • L’allusion à la « présence d’un chirurgien » (l.6) est aussi un fait réel.

  • Le contexte privé :

La torture dans un contexte privé : on constate une continuité entre le 1er et le 2ème paragraphe par la présence du même protagoniste ; le « conseiller de la Tournelle » (l.3) devient « le grave magistrat » (l.9).

Toutefois, dans ce paragraphe, il n’est pas vu dans l’exercice de ses fonctions mais dans sa vie privée. Tout en franchissant les limites de la prison, la torture reste au centre des préoccupations. Ici, Voltaire évoque une situation familière par :

  • le CC de lieu « chez lui »
  • le CC de temps « à dîner »
  • l’allusion à l’épouse (l.10)

  • Le contexte précis et particulier : le fait divers

La forme narrative apparaît par l’utilisation du passé simple « ordonnèrent ; appliquèrent », la torture est relatée comme une simple histoire.

  • Le contexte national

Dans le dernier paragraphe, l’auteur propose un élargissement. Il juge enfin la France, ce qui sert de conclusion à l’article : « Il n’y a pas au fond de nation plus cruelle que la française. »

 Les différents contextes évoqués mettent en relief les conditions d’utilisation de la torture, permettent de réfléchir sur sa légitimité. Ils mettent également en valeur la chute du texte qui sert d’idée centrale.

  1. Une fausse justification de la « Question »

L’auteur montre de quelle manière on peut justifier officiellement l’application de la torture :

  • La prétendue infériorité de certains hommes :

Les esclaves : il est logique de battre ces êtres car ils sont inférieurs, ils ne sont pas des hommes :

  • La première phrase « les romains n’infligèrent la torture qu’aux esclaves, mais […] hommes » comporte une négative restrictive d’un ton indifférent. (ARGUMENT LOGIQUE)

Les prisonniers : implicitement, l’auteur suggère qu’on peut soumettre cet homme à la torture sans remords et avec la caution des anciens car il ne ressemble plus à un homme.

  • La même négation apparaît donc dans le contexte du 18ème « il n’y a pas d’apparence non plus » (l.2) : pour l’auteur, l’ignominie est la même.
  • La description du prisonnier propose une gradation « hâve ; pâle ; yeux mornes ; barbe longue et sale » qui insiste sur sa déchéance progressive. (ARGUMENT D’AUTORITE)
  • La caution juridique :

Plus on avance dans le texte plus l’énonciateur semble justifier la torture :

  • Dans le 2ème paragraphe, la proposition subordonnée relative « qui a acheté pour quelque argent le droit de faire ces expériences » (l.9) insinue que la torture est légitime, selon le droit de vénalité (il a payé pour exercer son métier).
  • Ce n’est donc plus un argument historique mais économique. Parallèlement, Voltaire dénonce un système qui permet d’assouvir sa barbarie moyennant finance. (ARGUMENT DE VALEUR)

Dans le 3ème paragraphe, la torture est justifiée par les chefs d’accusation :

  • Les deux infinitifs passés « avoir chanté des chansons impies ; avoir passé devant une procession » donnent au propos un ton informatif qui semble évoquer sans jugement les raisons qui mènent au châtiment. (ARGUMENT LOGIQUE)

Enfin, dans le même paragraphe, le CC de but « pour savoir combien de chansons il avait chantées » justifie une torture qui a une finalité, une utilité. (ARGUMENT LOGIQUE)

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