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Voltaire, Article " Guerre ", Dictionnaire Philosophique

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Par   •  4 Mai 2015  •  1 308 Mots (6 Pages)  •  1 618 Vues

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Voltaire, «Guerre», Dictionnaire philosophique, 1764 (Commentaire composé)

 

Introduction

 

Les  philosophes des Lumières ont mené leur combat contre tout ce qui peut s'opposer au  progrès et au  bonheur des hommes en portant atteinte à leur liberté  physique, intellectuelle , ou morale. En 1764, Voltaire préfère aux lourds volumes de l'Encyclopédie le format du Dictionnaire philosophique portatif, une arme plus adaptée aux besoins du lecteur pressé. L'article Guerre qui s'inscrit dans le combat des Lumières, à la fois par les moyens très « personnels »  utilisés par Voltaire  pour convaincre son lecteur et par les  cibles de ses attaques.  C'est un vrai conte philosophique qui n'est pas sans rappeler le chapitre 3 de Candide et où derrière la fantaisie du récit, l'humour et l'ironie, le lecteur n'aura pas de peine à comprendre  les condamnations du philosophe des Lumières.  

1. La fantaisie et l'ironie d'un conte philosophique

 

1.1. Les éléments obligés d'un conte

 

Cette ouverture de l'article Guerre peut se lire au premier degré comme un conte.

Tout commence,  comme Candide,  dans la fine fleur de l'aristocratie parmi « princes » et «  comte ». Les héros, les lieux, l'époque  ne sont guère précisés … (« un généalogiste », « un prince », « une maison », « une province » ) : un titre mais pas de nom ! il ne serait pourtant pas difficile, au hasard des livres d'histoire, de lui trouver de proches parents bien réels !. L'action ne démarre pas immédiatement, le temps – fort bref – pour le Prince de se laisser facilement convaincre par « un généalogiste » et de solliciter l'avis complaisant du « conseil », sans écouter les principaux intéressés, les habitants de « cette province » que le Prince s'apprête à annexer. L'affaire alors s'emballe «  incontinent » jusqu'à l'embrasement de toute une région.

La composition même du récit – un émiettement de brefs paragraphes juxtaposés sans le moindre connecteur logique-  reproduit cet engrenage qui, à partir d'une anecdote banale,  aboutit à un déchaînement de violence « infernale ».

 

1.2. Le recours à l'ironie

 

Parler avec sérieux de ce qui est dérisoire et avec légèreté de ce qui est grave, dire le contraire de ce qu'on pense pour faire comprendre son véritable point de vue, voilà la marque de l'ironie voltairienne : c'est ainsi que Voltaire transforme les situations, les choses et les êtres.

1.2.1. Approximations et périphrases

Dès les premières lignes, Voltaire dénonce ironiquement l'absurdité – ou la fausseté – des prétentions de ce prince sur « cette province ».Les affirmations catégoriques du généalogiste ( « prouve », «  en droite ligne » ) se perdent  progressivement dans des niveaux de parenté de plus en plus « éloignés », la disparition bien commode de tout témoin digne de foi, les dates approximatives (« trois ou quatre cents ans ») et l'éloignement dans l'espace ( « quelques centaines de lieues »).

Les périphrases permettent ce déguisement transparent de la réalité : les « mercenaires » recrutés par le Prince deviennent  des « hommes qui n'ont rien à perdre », leur uniforme «  un gros drap bleu […] aune » et leur entraînement  consiste en une parade de pantins  qui mécaniquement, tournent «  à droite à gauche ». On ne parle pas ici de  « guerre », ou d'« armée ». Il s'agit d'une rumeur ( « entendent parler », « entendent dire ») qui, comme une maladie contagieuse, se propage de bouche à oreille, du «  généalogiste » au « prince », puis à d' « autres princes », enfin  à des « multitudes » sans que personne ne se soucie d'en vérifier la vérité ou la légitimité.

 

1.2.2. Antiphrases  et  véritable  indignation

 

Les opérations militaires apparaissent, par antiphrase,  comme un jeu : c'est une « équipée », une « partie ”, presque l'activité pacifique de « bandes de moissonneurs », à une différence près : ces mercenaires se préparent à saccager le pays et ses récoltes… Le jeu des alliances qui se font et de défont devient, dans une phrase allègre, un ballet bien rythmée où chacun, au gré des figures, change  de partenaire ( « tantôt […] cinq »). On oublierait presque qu'il y va de la vie de « multitudes » si Voltaire, parfois,  ne rappelait les horreurs de la guerre. Ces Princes et leurs troupes sont aussi « meurtriers » que les plus terribles chefs barbares de sinistre mémoire « Gengis Khan, Tamerlan, Bajazet ». Leurs crimes, évoqués par quelques expressions brutales et pleinement justifiées (« s'acharnent », «  le plus de mal possible »),

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