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Famille et genre

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Par   •  29 Décembre 2021  •  Cours  •  2 887 Mots (12 Pages)  •  235 Vues

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CM parenté, famille et genre

Séance sur la parenté, une question politique

1. Remarques sur le couple parenté/ politique

-Le couple parenté/ politique entretiennent des rapports complexes qui entrent dans une phase nouvelle dans les sociétés occidentales. Très souvent dans la variété des sociétés humaines, la parenté fonde le politique ou l’englobe notamment dans les sociétés ou les sphères ne sont pas clairement dissociées. Par exemple, dans de nombreuses ethnographies, la plupart de ces sociétés exotiques soulignent que ce sont les structures de la parenté qui servent de structure politique car le politique n’existe pas comme une instance séparée. Ce sont des sociétés sans Etat, dans lequel il n’y a pas d’appareil juridique, sans institutions politiques. Les rapports politiques se confondent avec les rapports de parenté. Par exemple, chez les Nuer, la double logique de fission et de fusion qui caractérise les patrilignages, répond à des impératifs politiques liés à des risques de guerre. Cette manière de pointer la confusion qui s’opère entre le politique et la parenté explique pourquoi l’anthropologie de la parenté a longtemps privilégié une lecture de la parenté juridique et politique. Les anthropologues avaient pour postulat que comprendre les structures de la parenté était comprendre l’organisation politique et ses structures.

-Dans les sociétés différenciées, marquées par l’apparition de l’Etat, le politique a une sphère séparée, la parenté sert à légitimer le politique. L’idée est que la société politique est comme une grande famille et elle est vue comme la cellule de base de la société. Ces visions qui font jouer à la parenté ce rôle, justifie que le politique (les régimes…) puisse intervenir et contrôler ce qu’il se passe dans les familles car est révélateur de ce qu’il va se passer dans les sociétés plus tard. C’est en assurant la paix dans les familles à travers le droit, que l’on peut obtenir la paix politiquement (ce qui regarde les familles, regarde le politique). Le vocabulaire politique s’appuie sur le lexique de la parenté (la mère patrie, des français de souche…). Le lexique politique a une prétention à reprendre à son compte le lexique de la parenté, c’est le lexique de la filiation car il met en avant le sang, la solidarité naturelle, la nature. L’évocation de la parenté dans l’ordre politique répond à un souci de légitimation du fondement du politique en invoquant la nature. Cela revient à naturaliser l’ordre politique (c’est normal que ce soit ce régime car c’est naturel). C’est une vision universalisante de la parenté, en naturalisant le politique, les conservateurs se donnent les moyens qu’il en aille toujours ainsi. Tout cela était ce que l’on pouvait dire dans nos sociétés mais depuis quelques décennies, on entre aujourd’hui dans une phase nouvelle entre les rapports de parenté et politique dans laquelle ce n’est plus le politique qui s’appuie sur la parenté mais la vision de la parenté qui devient politique.

2. Le laïcisation de la parenté

-La parenté pose des questions telles que : qui peut être parent de qui, qui ne peut pas l’être, qui doit l’être, qui ne doit pas l’être… La réponse à ces questions renvoie à des croyances, quand on compare les sociétés, on se rend compte qu’elles ne répondent pas de la même manière et on peut voir des désaccords. Le changement est que ces questions simples en apparence n’ont plus de réponse évidente aujourd’hui. Jusque dans les années 1980, un modèle de parenté domine largement au nord de l’Amérique, dans nos sociétés occidentales. Le fondement de ce modèle de parenté n’était jamais remis en question et reposait sur 3 principes : bilatéralité (un père et une mère de sexe différent), exclusivité (chaque enfant n’a qu’une mère et qu’un père), biocentrisme (présomption selon laquelle le père et la mère sont présumée géniteur de l’enfant). Ces 3 piliers ne sont pas des faits mais des croyances qui énoncent dans un espace culturel et social ce qu’est la bonne famille, ce sont des normes. Il y avait donc des discrédits forts pour les situations familiales dans lequel on ne retrouve pas ces 3 principes. Cela a longtemps prévalue, donnant l’idée de principes permanents, même certains anthropologues pensaient qu’il y avait une grande stabilité.

-Aujourd’hui, ce qui fait l’intérêt de l’anthropologie de la parenté est que ces 3 piliers sont contestés, ils ne font plus l’unanimité. A la question de qui doit et peut être parent de qui, il existe pleins de réponses qui revendiquent la même valeur. Les unes continuent à mettre l’accent sur l’aspect biologique, l’engagement, la différence des sexes... On peut dire qu’on a faire à une pluralisation des modèles de parenté qui y répondent différemment. Leur manière de répondre montre qu’ils ne se considèrent pas comme moins bons que les autres. Ils sont pluriels et divergeant voir contradictoires car ils expriment des manières de penser la parenté qui sont divergents.

-Une des questions auxquelles nos sociétés sont confrontées consistent à se demander si ces différents modèles sont conciliables. La réponse est politique car si l’objectif est de rendre compatible ces modèles, cela suppose un cadre commun de référence qui est à construire et qui reconnait à chacun une place légitime. On comprend alors pourquoi la parenté devient une question politique. En effet, la parenté est présente de manière croissante dans le débat politique… Au-delà de cela, la parenté est elle-même devenue un sujet de nature politique car cela tient principalement au changement des normes de parenté qui peuvent relever de différents registres. Depuis quelques temps, on vit le déclin de ce qu’on peut appeler la norme indisponible, une norme sur laquelle les hommes se reconnaissent ne pas avoir prise. La vision d’une norme de parenté sur lequel les hommes n’ont pas prise car est le fait de Dieu, de la nature, d’une tradition immuable, est en recul. Pourtant, cette vision a longtemps justifié la parenté. A partir du moment ou la question n’a plus de réponse évidente et absolue, fondée sur une vérité qui s’impose à tous, la conséquence est que la parenté entre dans le champ politique de la manière dont on peut politiquement trouver un fondement aux normes de parenté. La parenté se laïcise car la vérité de la famille ne renvoie plus à un ailleurs, à quelque chose sur lequel les hommes n’auraient pas prise.

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