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Documents de Justice Charles Baudelaire

Dissertation : Documents de Justice Charles Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Mai 2019  •  Dissertation  •  870 Mots (4 Pages)  •  591 Vues

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Alençon, le 1 juillet 1857

Monsieur Battestin , Juge a la défense

45, rue sainte chèvre, Nice

Objet : Plaidoirie

Mr Battestin

La présente lettre vous ait écrite pour plaider le recueil de Mr Baudelaire, et du caractère « immoral » que vous lui octroyez. En effet Mr Battestin, je ne puis être avec condescendant avec votre avis. Bien sûr, je ne peux insinuer que Mr Baudelaire est un saint, mais contrairement à cela, je reconnais de chez Baudelaire un talent inné, en effet Mr Baudelaire n’est pas seulement le grand artiste et le poète profond et passionné au talent duquel l’honorable organe du ministère public a tenu lui-même à rendre un hommage public. Il est plus : il est un honnête homme, enfin pas par ses actes, mais dans ses valeurs en tant qu’artiste et c’est pour cela qu’il est un artiste convaincu. Son ouvrage, il la minutieusement méditer, elle est le fruit de plus de huit années de labeur. Il l’a portée, il l’a mûrie dans son cerveau, avec amour, comme la femme porte dans ses entrailles l’enfant de sa tendresse. Comprenez la peine incontestable et l’amertume profonde de ce créateur sincère et convaincu qui voit son précieux travesti à votre barre comme contraire à la morale publique et à la morale religieuse.

Envisagez-vous, sérieusement que ses intentions peuvent être douteuses ? Est-ce que vous pouvez tergiverser un instant sur le but qu’il a poursuivi et sur la fin qu’il s’est proposée ?

De mon avis Baudelaire a voulu tout peindre, il a voulu tout mettre à nu, il a fouillé la nature humaine dans ses replis les plus intimes, avec des tons vigoureux et saisissants, il l’a exagérée dans ses côtés hideux, en les grossissant outre mesure. Vous le savez autant bien que moi, messieurs, que le juge n’est point un critique littéraire, qu’il n’a pas à prononcer sur les modes opposés de comprendre et de rendre l’art, qu’il n’a pas à décider entre les écoles de style, c’est pour cela que, dans les affaires de cette nature, ce n’est pas la forme qu’il faut interroger, mais le fond car il serait risque de se tromper et de ne pas faire bonne et équitable justice, si l’on se laissait entraîner par quelques expressions, exagérées et violentes, parsemées çà et là, sans aller au fond des choses, sans rechercher les intentions sincères, sans se rendre un compte bien exact de l’esprit qui anime le livre.

Je cite aussi le fait que le poète vous prévient par son titre, qui est là, en premier plan, pour annoncer la nature et le genre de l’œuvre. « Les fleurs du mal », c’est le mal qu’il va chercher à nous montrer, la flore des lieux malsains, les fruits des végétaux vénéneux, son titre vous le dit, mais il va plutôt nous montrer cela, pour le flétrir, pour vous en donner l’horreur, pour nous en inspirer la haine et le dégoût.

La pensée intime de l’auteur, vous la trouverez, encore plus nettement marquée, dès les premiers vers, si vous transformez cela en prose, messieurs, supprimez la rime et la césure, recherchez ce qu’il y a au fond de ce langage puissant et imagé, quelles intentions s’y cachent ? Et dites-moi si nous n’avons jamais entendu tomber ce même langage du haut de la chaire chrétienne,

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