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Étude du sonnet A une passante de Charles Baudelaire

Note de Recherches : Étude du sonnet A une passante de Charles Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Juin 2012  •  1 961 Mots (8 Pages)  •  3 675 Vues

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INTRODUCTION

Il s’agit d’un sonnet de Baudelaire extrait des Fleurs du Mal parues en 1857. Dans cette partie du recueil, intitulée « Tableaux parisiens » (1861), le poète peint des scènes de la vie quotidienne, scènes prises sur le vif et d’autant plus fortes que Baudelaire en saisit la soudaineté.

Un sonnet est constitué par deux quatrains à rimes embrassées (ABBA-ABBA) et par deux tercets qui peuvent rimer selon deux schémas différents : CDD-EED ou CCD EDE. Mais, si les sonnets sont nombreux dans Les Fleurs du Mal, ils sont très rarement réguliers. Le schéma métrique de « À une passante » est assez particulier : A’BBA-CDDC-AEA-EA’A’. Ce que le sonnet perd en cohérence puisque les rimes ne sont pas semblables dans les deux quatrains, il le regagne très largement grâce aux retours dans les tercets de A et A’ (« hurlait » v. 1 ne constitue qu’une assonance très riche par rapport à « ourlet » v. 4) et grâce à la très grande densité des rimes internes (« assourdissante » v. 1, « Soulevant, balançant » v. 4 préparent la rime DD ; « je buvais » v. 6, « éclair » v. 9, « m’a fait » v. 10, « verrai » v. 11, « jamais » v. 12, « tu ne sais » v. 13, « aimée » v. 14 reprennent AA’ et assonent avec EE, c’est-à-dire que quatre rimes, sur les sept, se trouvent ainsi directement en assonance, relayées par sept rimes internes.)

Dans le poème « À une passante », il évoque une rencontre aussi inattendue que violente. Il propose par ailleurs l’image d’une femme à la fois belle et mystérieuse, qu’il aperçoit de manière éphémère. Enfin, il voue cette relation amoureuse à l’échec avant même qu’elle ait pu commencer.

I. LA VIOLENCE DE LA RENCONTRE

A. Le contexte de la rue

Avant même d’évoquer les circonstances précises de la rencontre, le titre de la partie du recueil concernée (« Tableaux parisiens ») et celui du sonnet nous indiquent qu’il s’agit d’un univers urbain. En effet, Baudelaire arrête son regard sur « une passante » aperçue dans Paris. Dans ce poème, c’est aussi sa propre vision de la ville que le poète nous invite à partager, vision qui s’avère plutôt péjorative comme nous allons le souligner.

En effet, Baudelaire situe cette rencontre dans un contexte particulièrement agressif. La première phrase traduit la violence de cette atmosphère. La coïncidence du vers et de la phrase donne à cette dernière une extraordinaire densité qui fait ressortir le tumulte environnant : « La rue assourdissante autour de moi hurlait » (v. 1). Le vocabulaire choisi montre à quel point le vacarme semble insupportable au poète. Il accentue l’idée d’enfermement en plaçant l’expression « autour de moi » au milieu de deux termes relatifs au bruit : « assourdissante » et « hurlait ». Qui plus est, on peut remarquer le choix des sonorités, en particulier les assonances en « u », « ou » et les allitérations en « r », « s » qui renforcent l’impression d’un vacarme intolérable.

B. La violence du « coup de foudre »

Au milieu de cet environnement lui-même agressif, la rencontre fait l’effet d’un véritable choc : « Un éclair… puis la nuit ! » (v. 10). Toute la violence de la vision est résumée dans cette expression qui associe de manière antithétique deux termes qui évoquent des univers opposés. À la lumière fulgurante et brutale de l’« éclair » (on note bien sûr le rapprochement implicite avec la foudre), Baudelaire oppose immédiatement le noir et l’obscurité totale du mot « nuit », comme si précisément une lumière d’une telle intensité l’avait ébloui et rendu aveugle. Qui plus est, cette impression est confirmée par l’utilisation de l’adverbe « puis » précédé des points de suspension qui semble indiquer la succession des événements dans le temps, l’un étant la conséquence de l’autre. Par ailleurs, la violence de cette apparition est encore soulignée par la ponctuation : ici, Baudelaire utilise l’exclamation. Enfin, il prend soin de placer le mot « nuit » à la césure et de le faire suivre d’une pause dans la lecture indiquée par l’emploi d’un tiret. Il le met ainsi particulièrement en relief et insiste sur le vide, le néant qui succède à cet éblouissement.

De plus, une violence latente apparaît ailleurs dans le sonnet, notamment au travers de termes comme « extravagant » (v. 6), « ouragan » (v. 7), « tue » (v. 8), « soudainement » (v. 10). Elle n’est donc pas seulement relative à la rencontre elle-même, elle caractérise aussi l’état d’esprit du poète et ce qu’il perçoit dans le regard de la femme qu’il contemple. L’écriture baudelairienne, dans Les Fleurs du Mal en particulier, contribue à mettre en relief ces tensions internes, entre deux points extrêmes : le bien et le mal, la vie et la mort, l’amour et la violence…

II. L’IMAGE DE LA FEMME

A. La beauté de la passante

Dans les trois derniers vers du premier quatrain et le premier vers du deuxième, Baudelaire décrit la passante qu’il observe. Il souligne sa beauté en mettant d’abord en valeur sa silhouette longiligne avec les adjectifs « Longue, mince » (v. 2). Le rythme du vers lui-même semble insister sur la grâce de cette femme. En effet, les groupes syllabiques vont croissant ; cette cadence majeure fait ressortir la noblesse de la démarche de cette passante, sa distinction. La même idée est reprise dans le premier vers du deuxième quatrain : « Agile et noble, avec sa jambe de statue ». La métaphore utilisée par Baudelaire qui rapproche cette femme d’une oeuvre d’art met en relief sa beauté parfaite, sculpturale. Baudelaire met en lumière la légèreté des mouvements de cette passante qui font une grande part de son charme : « Soulevant, balançant » (v. 4) ; « Agile » (v. 5). Sa démarche ressemble à une

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