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Y a-t-il des vérités philosophiques

Fiche de lecture : Y a-t-il des vérités philosophiques. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Août 2019  •  Fiche de lecture  •  3 716 Mots (15 Pages)  •  625 Vues

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Selon Socrate, le point de départ de la philosophie est la prise de conscience de notre propre ignorance. Ce sursaut invite les hommes à comprendre le monde et à connaître la nature des choses. C’est le rôle de la science, de la philosophie, de l’histoire et de la religion qui prétendent être source de savoir. Cependant, l’histoire de ces disciplines met en lumière une superposition de vérités au fil des siècles. Les vérités d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui et la roue de l’Histoire installe et destitue les connaissances philosophiques. En effet, si par philosophie nous entendons l’amour de la sagesse[1], alors nous considérons que cette discipline à un but. De ce point de vu, définir un terme revient à formuler une vérité. Le langage réduit le réel à des propositions et permet aux individus de se comprendre, d’échanger et de créer. Toutefois, il atténue l’intensité des différentes vérités qu’il énonce. Considérer qu’il existe des vérités philosophiques, c’est admettre la présence de plusieurs savoirs authentiques, immuables et absolus. Cependant, s’il y a plusieurs vérités, c’est qu’il n’y a pas de vérité du tout. Car la différence entre « une vérité » et « la vérité » est capitale. Alors que la première admet une forme de relativité, la seconde s’impose comme unique, déterminante et surplombante. Par conséquent, parler de vérités philosophiques c’est implicitement reconnaître une forme de relativité. Alors que pour Nietzsche « Dieu est mort », Pascal postule à contrario que Dieu existe. Tous deux proposent une vérité, mais laquelle est réellement vraie ? Devant cette impasse nous serions tentées de suspendre notre jugement, considérant que ces deux propositions ne sont ni vraies, ni fausses. Cela met en lumière l’idée selon laquelle, les énoncés métaphysiques a priori interrogent notre rapport à la vérité par le dépassement du réel. Si la vérité est l’adéquation entre le réel et notre jugement, alors pour étudier ces interrogations il faut questionner la qualité épistémologique de ces propositions. En effet, la démarche philosophique, souvent inspirée des méthodes scientifiques, est alors constitutive de notre rapport à la vérité. Poser la question de l’existence de vérités philosophiques c’est aussi admettre implicitement que ce concept de vérité existe. Pour autant c’est reconnaître qu’il n’y a pas de vérité absolue. Autrement dit, la vérité doit être relativisée. Cette proposition est paradoxale et contre intuitive puisque la vérité se caractérise par la pleine véracité de ce qu’elle énonce. Ainsi, sommes-nous condamnés au relativisme ? Pour répondre à cette question, il convient de définir le concept de vérité philosophique, pour ensuite, en donner ses limites, et enfin, en interroger sa relativité

(I) Tout d’abord, nous ne pouvons pas clairement définir ce qu’est la vérité. A ce sujet, il existe une pluralité de définitions liées à différents concepts philosophiques. Issue du latin véritas, verus, le mot vérité trouve ses racines dans le terme indo-européen uera. Celui-ci signifie « ami, digne de foi, vrai ». De son côté, la philosophie comme nous l’avons énoncé se définit par l’amour de la sagesse, justifiée par son étymologie philein : aimer, sophia : sagesse. Autrement dit, cet énoncé n’est pas immobile. Le verbe aimer est un verbe d’action. Cela met en lumière l’idée selon laquelle la philosophie évolue au fil du temps. C’est une recherche de la sagesse. Par conséquent, les vérités philosophiques sont des connaissances jugées sages parce qu’elles sont pensées vraies. Autrement dit, il existe de nombreux points communs entre les mots : sagesse, science, savoir et connaissance. Cette pluralité de terme montre bien au combien il est difficile de définir ce qu’est une connaissance vraie. L’histoire des sciences et de la philosophie nous l’indique : les vérités d’hier ne sont pas forcément celles d’aujourd’hui et rien ne nous permet de complétement définir le vrai. Si la vérité est la somme de la théorie et du réel, alors elle est en partie issue de notre entendement. En ce sens, une vérité est d’abord une pensée, un énoncé ou une intuition. Un individu pour être rationnel et crédible ne peut pas dire en même temps « Socrate est un homme » et « Socrate n’est pas un homme ». Ainsi, la vérité est une croyance formulée en proposition logique. Cette construction est permise par le langage dont la complexité dénote parfois avec l’évidence du réel. Autrement dit, pour construire une vérité philosophique, il faut suivre une méthode et interroge le sens du langage.

        Dans la recherche de vérités philosophiques, il faut prendre garde au piège du réel. La vérité n’est ni un fait, ni une évidence, elle doit toujours être recherchée. Ce caractère de recherche sous-entend alors l’existence d’une méthode. Cette dernière représente à la fois un moyen d’accéder aux vérités philosophiques, mais aussi une vérité en elle-même. En effet, lorsque l’on postule que la démonstration, l’empirisme et l’expérimentation sont des outils nécessaires à la recherche de la vérité, on dit implicitement que le réel est gage de vérité. Autrement dit, l’épistémologie de la vérité représente, elle aussi, un enjeu majeur dans la définition des vérités philosophiques. Si nous prenons l’exemple cartésien, la méthode de recherche philosophique repose sur quatre préceptes. Le premier est l’évidence : on tient pour vrai ce qui est réel. Le deuxième est l’analyse : on segmente les difficultés pour les simplifier. Le troisième invite à la synthèse et recompose la connaissance en déduisant les vérités les unes des autres. Enfin, son dernier aspect prend du recul et vérifie que rien n’a été oublié. Cet exemple méthodique nous montre bien que la vérité, même philosophique, est soumise à une méthode stricte. À contrario de la démarche scientifique, aucune méthode de recherche de la vérité ne prévaut en philosophie. C’est peut-être là le paradoxe de cette discipline qui cherche une vérité sans pour autant définir une méthode précise. Pour Alexandre Koyré, la science et la philosophie ont en commun de commencer par les apparences sensibles[2]. En utilisant les méthodes scientifiques, nous pouvons circonscrire les propositions philosophiques et éliminer celles qui sont fausses par rapport au réel. Par exemple, l’énoncé « c’est un angle droit » est vrai, si et seulement, si cet angle mesure 90° degré. En utilisant la science pour rechercher des vérités philosophiques, nous la considérons comme l’expression même de ce qui est vrai. Les lois de la nature sont alors le référentiel de la vérité et nous les projetons dans les propositions philosophiques. Cependant, pour Canguilhem, il faut séparer la science de la philosophie, notamment pour les sujets ontologiques.  Dans La formation du concept de réflexe aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle, il écrit : « il n’y a de vérité que scientifique »[3]. Autrement dit, l’utilisation de la science peut nous permettre d’identifier plusieurs chemins méthodiques, mais elle reste tout de même limitée. Ce procédé n’est efficace que pour les vérités philosophiques logiques et mathématiques. Quand est-il pour les questions métaphysiques ? Dans ce cas, la science n’est d’aucune utilité, en tout cas, tant que la proposition philosophique n’est pas démontrable dans le réel. Ainsi, la recherche de vérité en philosophie s’appuie sur la science sans pour autant y trouver toutes ses réponses. À contrario des sciences, la philosophie ne répond pas aux lois naturelles. Elle reste par conséquent, sujette aux aléas de l’histoire et des hommes qui la compose.

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