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Il s’agit ici de déterminer le problème philosophique au quel le texte fait allusion

Cours : Il s’agit ici de déterminer le problème philosophique au quel le texte fait allusion. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Mai 2016  •  Cours  •  14 795 Mots (60 Pages)  •  1 081 Vues

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                                      1ère PARTIE[pic 1]

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Le commentaire de texte philosophique est un exercice de compréhension, d’analyse  réflexion et de discussion. Elle comprend trois parties de traitement : l’introduction, le développement et la conclusion.

L’idée générale du texte : consiste la grande idée qui couvre le texte

Le problème posé : il s’agit ici de déterminer  le problème philosophique au quel le texte fait allusion

  1.  Introduction

Elle comporte les étapes suivantes :

 Thèse de l’auteur : quelle idée l’auteur semble soutenir dans le texte.

Le plan ou mouvement du texte : consiste les étapes de la pensée de l’auteur, c’est la démarche de l’auteur.

  1.  Développement  

Il comprend généralement deux phases : une phase d’explication et une phase de discussion.

La phase d’explication : Elle est d’une manière générale soit linéaire soit thématique. Mais en philosophie c’est la démarche thématique qui est plus utilisée car plus conforme a l’esprit philosophique. Expliquer thématiquement un texte c’est essayer de l’élucider suivant ses propres articulations. Il s’agit tout en gardant a l’esprit que le texte garde sa cohésion, d’expliquer ses idées essentielles en procédant par centres d’intérêt ou idée  secondaire

NB : l’explication de chaque articulation ou centre d’intérêt doit être bouclé par une conclusion partielle er reliée par une phrase de transition.

La phase de discussion : C’est la partie critique ou il s’agit ou il s’agit d’évaluer le texte .Il s’agira de monter l’intérêt du texte, la pertinence des idées développées en justifiant votre propos par des arguments bien choisit. Il est aussi  de monter les insuffisances, les limites de la pensée de l’auteur .Cette parie de discussion est le lieu privilégie pour faire intervenir d’autre auteurs, mais toujours en rapport avec ce qui est dit dans le texte.

  1. Conclusion :

Elle consiste a :

Rappeler les idées principales du texte. Ce pendant il convient de préciser que ce rappel doit être soutenu par l’idée générale.

Monter l’opportunité ou non de ce dont il est question dans le texte.

Monter la place du texte et les problèmes qu’il soulève dans l’histoire de la philosophie.

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Explicitement, aucune d’entre nous ne s’est encore posé cette question…philosophique peut-être est-il temps de le faire! Mais ce cheminement en philosophie était nécessaire pour qu’une tentative de réponse soit possible ; nous prendrons donc le temps aujourd’hui de cette réflexion et ce sera aussi l’occasion de faire le point sur cette activité et les motivations qui nous y mènent.
Pourquoi philosopher ? On a l’impression de pouvoir donner spontanément des réponses…
Pour un certain plaisir…Celui de penser sa vie avec raison.
Pour répondre à une volonté de dialogue, à un amour de la discussion, du débat.
Pour être plus lucide, pour se forger des idées personnelles (mais attention à l’opinion et à sa subjectivité).
Pour fuir les discours manipulateurs, préserver un sens critique et une capacité de révolte. Ou encore, pour passer le temps, ou pour le prestige…Pour tout un ensemble de mauvaises ou bonnes raisons qui donnent à la philosophie une apparente utilité ; nous ne devons cependant pas confondre la philosophie avec une doctrine ou un système d’explication du monde et de la vie, comme si elle présentait une sorte d’utilité pratique pour la vie de chacun.
Il faut en effet se rendre compte que, plus que des contenus, la philosophie est une attitude face à ces contenus et éviter donc de sombrer dans un usage non philosophique de la philosophie…

POURQUOI PHILOSOPHER ?

Impossible de répondre véritablement à cette question sans analyse des termes :
-Philosopher : nous aurons l’occasion durant toute notre analyse de le définir.
-Pourquoi : sous ses apparences anodines, ce terme doit être précisé car selon son interprétation, il peut donner une orientation particulière à la réflexion. En effet : «
pourquoi ? » peut signifier : quelle raison nous pousse à…Quelle cause nous détermine…Et ici, plus précisément : quelle est l’origine de la philosophie ? quelle raison a amené les hommes à philosopher ? Est-ce un besoin ? Mais cela peut-être aussi : « pourquoi ? » C’est à dire, dans quel but ? Il s’agit ici de la fin recherchée, de l’utilité.

Pourquoi ?
Nous nous posons tout d’abord la question des causes : Et la première cause qui semble nous expliquer l’avènement du philosophe, c’est que précisément l’homme appartient à l’espèce Homo-Sapiens Sapiens et que ce terme de sapiential à savoir la sagesse, fait de l’homme un être de raison et de sagesse par excellence (même si comme nous le rappelle Edgar Morin, Homo est également démens…). Ainsi, par une appréhension rationnelle du monde, l’homme interprète les principaux aspects de la condition humaine et se présente comme cet « animal métaphysique » dont nous parlent de nombreux auteurs. Comme nous le dit Pascal : « l’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature mais c’est un roseau pensant. » Nous devons cependant remarquer que cette faculté de rationalisation n’est pas la seule que l’homme utilise : le besoin de connaissance et d’une pensée scientifique et rationnelle fut précédé pendant toute une époque par une pensée plus primitive reposant sur des croyances en des forces surnaturelles, sous forme de religions, mythes et rites. La pensée devenant plus exigeante, elle restera insatisfaite face aux énigmes de l’univers ; c’est cette exigence de vérité qui fera que plus que la foi, c’est la raison qui sera sollicitée.

Une remarque s’impose ici : Dans ce questionnement de l’esprit humain face au monde, la science et la philosophie seront un temps confondues ; ce n’est qu’à partir de Socrate que la réflexion philosophique se libère non seulement de la sophistique, mais aussi des spéculations pseudo-scientifiques de l’époque. Donc l’homme est un « animal raisonnable », mais la raison, cette première cause que nous venons d’évoquer ne nous satisfait pas totalement…Il lui manque un élément, une sorte d’élément moteur qui va justement mener l’homme à utiliser cette raison, un  facteur déclenchant… De nombreux auteurs nous apportent le secours d’une réponse et semblent d’accord pour affirmer que c’est la faculté d’étonnement de l’homme, sa curiosité qui fournit un moteur à la raison et à l’intelligence. Nous lisons à ce propos un très beau texte de Schopenhauer pour qui l’intelligence fruste est celle qui ne s’étonne pas car elle ne parvient pas à s’abstraire de l’ensemble des choses, à se poser face au monde et à l’envisager objectivement avec ce sentiment particulier d’être « autre », ce que Schopenhauer nomme le « sentiment de dualité ».
De même Karl Jaspers, pour qui : « L’origine de la philosophie se trouve dans l’étonnement, le doute, la conscience que l’on a d’être perdu. Dans chaque cas, elle commence par un bouleversement qui saisit l’homme et fait naître en lui le besoin de se donner un but ».
Ainsi donc, l’insolite mobilise l’intelligence et l’étonnement ouvre sur l’interrogation, le questionnement, jusqu’à proposer une solution ; viendront alors la justification et l’argumentation dans une sorte de jeu intellectuel. Enfin une dernière cause : « l’homme est un animal politique », c’est à dire un animal social qui ne se réalise qu’à travers ses relations à autrui…Cette réflexion d’Aristote nous rappelle que la réflexion philosophique c’est aussi la rencontre, le dialogue dans une recherche commune d’une même vérité à travers des débats ; c’est la volonté de comprendre le monde mais aussi les hommes ; ce qui amène certains auteurs tel André Comte-Sponville à affirmer que philosopher, c’est tenter de mieux vivre ensemble.

C’est à présent la question du pourquoi qui se pose : Quelle est la finalité de la philosophie ? son but ? C’est la question de l’utilité de la philosophie que finalement nous devons aborder ici. Nous devons convenir que c’est la vérité que vise la philosophie et pourtant, elle n’entretient pas les mêmes rapports avec cette même vérité que la science : la science est le lieu de la vérité alors que la philosophie tend à la vérité en posant des questions. Nous reconnaissons que la philosophie n’est pas une science car si pour elle vérité il y a, elle n’est pas démontrable ni vérifiable ; philosopher, c’est penser sans preuves, c’est penser plus loin qu’on ne sait, tout en se soumettant aux contraintes de la raison, de l’expérience et du savoir. Plus encore, s’il y avait démonstrations et preuves, ce serait la fin de la philosophie, car c’est bel et bien de désaccords et d’incertitudes qu’elle se nourrit. Entre la question qui se pose et la découverte d’une vérité, à mi-chemin, c’est là que se situe la philosophie ; elle est une tentative sans toujours l’espoir d’aboutir, elle est chemin. Karl Jaspers : « Faire de la philosophie, c’est être en route, les questions en philosophie sont plus essentielles que les réponses… » Nous remarquons pourtant qu’il y a des éléments de réponse, des problèmes qu’on sait résoudre, surtout les faux-problèmes !
A. Comte-Sponville pense que la philosophie a pour caractéristique d’échouer : « Si Kant avait réussi nous serions tous kantiens… » et la philosophie n’aurait plus d’intérêt ; l’échec (et non pas l’erreur) la définit et la fait vivre et si une philosophie réussit, ce n’est plus de la philosophie, c’est une science. (un problème peut être philosophique jusqu’à ce que la science s’en empare).
Mais pour autant, nous ne cessons pas de philosopher car pour cela il faudrait tout connaître ou renoncer à penser.


QUE NOUS APPORTE ALORS UN TEXTE PHILOSOPHIQUE ?      

Il nous influence par ses arguments, sa force, sa vraisemblance. En fait, la philosophie joue dans le domaine de l’improbable, c’est à dire de ce que Karl Popper appelle « l’infalsifiable », à savoir, l’impossibilité de prouver qu’une chose est fausse, et pourtant, la philosophie nous apparaît comme nécessaire car elle vaut mieux que l’ignorance ou la bêtise.
Il faut donc philosopher mais en sachant utiliser le doute(Descartes) à travers une philosophie qui doit être sceptique (A. Comte-Sponville). C’est à ce moment de la réflexion que A. Comte-Sponville nous apporte une objection de taille à savoir: il n’y a jamais de preuve absolue… ainsi par exemple, la proposition : « la physique est vraie » : il n’y a pas de vérification expérimentale de cette proposition ; ce n’est qu’à l’intérieur du champ de savoir de la physique que l’on peut prouver et démontrer ; hors de ce champ, c’est l’incertitude car il n’y a pas de savoir du savoir ; et savoir, ce n’est pas savoir qu’on sait, mais c’est le croire. Hors du savoir, la raison laisse la place à la croyance. Car finalement, comment savoir ce que vaut notre raison puisqu’on ne peut le savoir que par elle ? Nous reconnaissons qu’il nous faut faire preuve de beaucoup d’humilité; il n’y a pas de certitude absolue mais il y a la pensée, la raison, des probabilités si grandes qu’elles valent des certitudes. Cela permet à la philosophie d’être toujours vivante même si aujourd’hui son champ se déplace ou se resserre ou se précise.
En conséquence, cette question des fins et de l’utilité de la philosophie nous donne aussi l’occasion de lever un malentendu : Jacques Bouveresse nous fait remarquer que dans la demande actuelle de philosophie, les gens cherchent non pas la philosophie elle-même mais souvent une consolation à la triste réalité du monde contemporain, à la désorientation ; mais la philosophie ne vise aucune certitude, de plus il peut lui arriver de nourrir le malentendu dans la mesure où elle est aussi un art de parler et qu’elle s’exerce parfois sur le terrain mouvant de la sophistique ( le langage est un pouvoir et il est l’outil par excellence de la philosophie : rigueur grammaticale autant qu’une rigueur géométrique, étymologie…)
En fait, on n’entre pas tout de suite en philosophie, on ne sait pas tout de suite philosopher et cela demande un effort important. « Lorsque l’on apporte vraiment de la philosophie, je constate qu’une grande partie des gens n’en veut pas… » (Bouveresse) ; c’est qu’il ne faut pas attendre des réponses concrètes et surestimer la philosophie qui ne prétend pas résoudre les problèmes de l’humanité… Elle est plus une attitude, celle d’un esprit critique qui interroge les fondements et la cohérence des contenus de pensée et dans la mesure où elle ne constitue pas essentiellement une réponse, on peut se demander si la philosophie peut répondre vraiment à un besoin…
La question de l’utilité de la philosophie, le pourquoi, reste entière !
C’est que la question de l’utilité semble étrangère à la philosophie, et cette question ne peut lui être posée que de l’extérieur. (le non philosophique). La philosophie n’est pas utile au sens de subordonnée à une fin naturelle ou préétablie ; elle n’existe qu’à dessein d’elle même, c’est à dire qu’elle trouve en elle même sa destination et sa fin ; elle est à elle même sa propre fin. La philosophie ne servirait-elle à rien ? En fait, elle n’est au service de rien et n’a pas à se légitimer ; on ne demande pas plus à la musique ou à la peinture de se légitimer et les œuvres artistiques ou philosophiques s’imposent d’elles-mêmes comme nécessaires car elles semblent répondre finalement à un besoin, même si elles sont inutiles car sans finalité ou utilité extérieure.

ALORS POURQUOI PHILOSOPHER ?

Pour philosopher ! Pour le plaisir et plus que cela, pour répondre à un besoin si ce n’est vital, assez impérieux, comme une incitation pressante à se pencher sur les problèmes.
Cependant, si la philosophie est sans pourquoi, se faisant, elle sert tout de même à quelque chose et nous devons à présent nous demander ce qu’elle apporte :
Tout d’abord, nous reconnaissons qu’en tant que réflexion sur les savoirs disponibles, la philosophie embrasse les sciences dans leur ensemble : elle articule les savoirs qui apparaissent comme disjoints, elle les relie et offre ainsi une unification, une synthèse de tous ces savoirs. En décloisonnant les disciplines, elle donne du sens à ce qui n’en possède pas. Par exemple, un questionnement philosophique peut nous mener à des cheminements successifs à travers l’histoire, la sociologie puis la psychologie ou l’anthropologie…Seule la philosophie possède cette liberté de mouvement au delà des cloisonnements des savoirs et c’est en cela qu’elle est autonomie de la pensée. Par ailleurs, en tant que recherche, la philosophie nous semble t’il, apporte l’espoir d’une réponse et même si celle-ci n’est pas assurée, cela peut contribuer à dissiper l’angoisse : nous sommes sur la route de la sagesse avec ses idéaux d’équilibre, de vertus, de paix de l’âme, de bonheur…

Ainsi pour certaines d’entre nous, philosopher, c’est apprendre à mieux vivre ; et pourtant, Montaigne affirmait que philosopher, c’est apprendre à mourir…Comment expliquer cette contradiction ?


On pourrait penser à priori que la philosophie nous apprend à accepter l’idée de la mort.
Ceci n’est pas faux mais ne reste que la conséquence d’une cause plus fondamentale : philosopher, ce serait apprendre à mourir à une certaine vie pour renaître à une autre : renoncer, de façon socratique, à une vie d’ignorance, d’illusions pour s’ouvrir à la sagesse et à la connaissance, permettre à l’âme d’échapper aux contraintes du corps et de l’immanence.
Il est vrai qu’un tel détachement peut aider à accepter l’idée de la mort…

Enfin, philosopher en tant que chemin, nous apporte aussi une direction : celle donc de la sagesse que nous venons d’évoquer ; et ceci depuis l’origine, sous forme de trois questions : que puis-je connaître ? que dois-je faire ? que puis-je espérer ?… Et comment vivre ? ajoute A.Comte-Sponville.
Mais à ce point de la réflexion, nous admettons que pour mieux savoir ce qu’apporte la philosophie nous devons définir ce qu’est l’acte même de philosopher et quelles en sont les spécificités.

PHILOSOPHER, C’EST SE LIBERER :


L’une des principales caractéristiques de la philosophie est, comme nous l’avons précédemment effleuré, la possibilité pour la pensée de se libérer, de s’arracher d’un réel trompeur ou de l’ignorance et d’accéder ainsi à une certaine autonomie : c’est une démarche qui ne va pas sans difficultés car la philosophie et les philosophes appartiennent à une culture ; la culture nous constitue et il n’est pas facile sans en sortir, de s’en libérer ; philosopher sera alors opérer une sorte d’arrachement, de dénaturation par lesquels nous sommes renvoyés au réel, à la vérité ; pour A.C Sponville, philosopher, c’est « nous déprendre de nous-mêmes. »

PHILOSOPHER, C’EST QUESTIONNER :

Mais questionner correctement, avec méthode et donc mieux que par cette philosophie spontanée que beaucoup prétendent posséder. Comment ? Après avoir définis des concepts et en sachant les manier, ceux-ci se caractérisant par leur objectivité, leur universalité et leur idéalité.
Mais aussi, pour questionner, critiquer, juger, il faut se donner les moyens concrets de le faire : cela suppose un minimum de savoirs ; si par exemple vous abordez le problème du langage, cela suppose de votre part des connaissances de base en linguistique…

Enfin, il faudra aussi étudier les grandes théories philosophiques.
Il s’agit donc finalement d’une critique instruite.

PHILOSOPHER, C’EST REFLECHIR:
La réflexion, tel le phénomène physique de la réflexion lumineuse, est retour, retour de la pensée sur elle-même ; c’est la conscience qui se prend pour son propre objet ; et la conscience de soi, la réflexion, jointes à la parole articulée sont le propre de l’homme.
Par la réflexion, ce « dialogue intérieur » dont parlait Platon, nous découvrons le possible et la pensée du possible, c’est ce qui nous libère de ce qui est pour pouvoir nous tourner vers ce qui peut être ; ainsi, selon Yvon Bélaval : « L’homme est le seul entre les animaux à se parler de son passé, à s’argumenter sur son avenir et, surtout, à se dire qu’il est mortel. »

PHILOSOPHER, C’EST AIMER :

c’est son étymologie qui nous le dit : philosopher = aimer la sagesse.
Car en effet, pour philosopher, nous nous rendons compte qu’il faut une grande motivation et qu’on ne peut vraiment réfléchir qu’à ce qui nous touche ; la curiosité, l’étonnement que nous avons déjà évoqués sont étroitement liés à cet amour de la vérité et de la connaissance. Cet amour est le moteur même de la recherche philosophique.

MAIS PHILOSOPHER, EST-CE ETRE SAGE ?

Nous remarquons d’emblée qu’une telle question présente une contradiction au niveau même des termes : philosopher est un verbe d’action alors qu’être (sage) est un verbe d’état et de par leur nature, nous ne pouvons les identifier. Mais pour aller plus loin que cette première contradiction, peut-être faut-il savoir ce qu’est un sage ?
Pour les anciens, le sage était celui qui avait fait le choix de la « vie bonne », un engagement de l’être tout entier par lequel il fallait, par une véritable ascèse, endurcir le corps mais aussi l’âme pour se libérer de ses chaînes ; le sage est celui qui contemple les choses d’en haut dans un état d’ataraxie à savoir, la paix de l’âme que rien ne vient troubler ; il est celui qui accepte et qui se tient à l’écart. Or philosopher, c’est agir, ce n’est pas se tenir à l’écart ; c’est éveiller l’esprit critique, ébranler les idées reçues, soulever les contradictions et c’est souvent dire non dans une quête de dépassement ; c’est forger des concepts, construire des théories ; tout un bouillonnement, un « champ de bataille » (cf : François Jullien) qui n’est pas vraiment le repos de l’âme… Voilà donc ce qu’est philosopher et ce que cela apporte ; mais ce qui nous frappe ici, c’est que nous ne pouvons découvrir tout cela qu’en philosophant !
Cette utilité n’apparaît qu’au philosophe et cela pose ici un problème :
Comment , pour un non philosophe, vouloir philosopher puisqu’il ne sait pas au préalable ce que c’est et ce que cela apporte… Certains auteurs parlent du « problème épineux » du passage à la philosophie, passage du non-philosophique au philosophique qui se ferait par une sorte de nécessité, celle qui naît face aux faiblesses de l’opinion ; il y a aussi les causes que nous avons déjà évoquées : l’étonnement, l’amour de la vérité et aussi cette « scission » dont nous parle Hegel dans un court extrait. Mais de l’extérieur de la philosophie, la nécessité de ce passage ne se démontre pas ; c’est de l’intérieur, après coup, qu’on comprend le sens et la nécessité de la philosophie.
Le passage à la philosophie s’appuie sur un désir irréductible à tout autre.
Avant de conclure une dernière question se pose : A quoi attribuer le retour actuel à la philosophie ?
Gala Naoumova (anthropologue :voir texte) mais aussi A.C Sponville et Luc Ferry nous apportent leur réponse : Pour l’homme moderne, affranchi de la cosmologie, de la religion et des idéologies politiques, la sagesse reste introuvable ; il s’est rendu compte que ce n’est pas non plus la science qui la lui apporte car souvent réduite à la technique, elle engendre aussi bien le mal que le bien ; il n’y a plus de réponses toutes faites, de grands maîtres à penser ; cependant la question du sens est toujours une demande fondamentale dans un monde où la considération des moyens semble l’emporter sur celle des fins, où le paraître et l’avoir l’emportent sur l’être . Cependant la philosophie moderne ne vise pas la sagesse au sens ancien , elle est le contraire d’un repli sur soi ; elle aide au contraire à élargir son horizon, elle est ouverture à l’autre, aux autres pour mieux les connaître et pourquoi pas, comme le pense Luc Ferry, pour les aimer…Tout ceci par ce qu’il appelle « l’individuation » : ce par quoi notre singularité se trouve reliée à l’universel : « Individualiser sa vie, la rendre, pour ainsi dire, irremplaçable, c’est savoir réconcilier en soi les trajectoires particulières qui sont le lot de tout un chacun, et l’ambition universelle par laquelle nous sommes entre nous reliés, par laquelle nous participons de l’humanité tout entière. » ; certainement l’aboutissement le plus noble de la philosophie aujourd’hui…

C’est André Comte-Sponville qui nous aide à conclure :

« A quoi ça sert de philosopher ? ça sert à habiter le monde de façon un peu plus intelligente, un peu plus lucide, un peu plus libre, un peu plus heureuse, bref, un peu plus sage …On ne philosophe pas pour passer le temps. On philosophe pour sauver sa peau et son âme. »
Et nous notons aussi que « philosopher c’est penser sa vie et vivre sa pensée. »
Vivre sa pensée, une formule qui emporte notre adhésion et qui nous permet donc d’affirmer :
La philosophie est signe de vie, signe de l’homme en marche vers son humanité qu’il réalisera tout au long de chemins parfois rudes et escarpés.

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