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Magie, religion et science

Commentaire d'oeuvre : Magie, religion et science. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Janvier 2023  •  Commentaire d'oeuvre  •  3 737 Mots (15 Pages)  •  221 Vues

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Alain C, L2 anthropologie

1- E.B. Tylor et J.G. Frazer sont tous deux évolutionnistes. Et pourtant, leur approche du triptyque « magie – religion – science » diffère sur certains points. Exposez quelles sont ces différences.

A la sortie du XVIII ème siècle marqué par les philosophes des Lumières, et le triomphe de la raison sur l’obscurantisme religieux inhérent à l’Ancien Régime, le XIX ème, ce nouveau siècle qui voit un développement formidable des sciences et techniques, s’inscrit dans l’idée d’un genre humain en progrès constant.

L’anthropologie, science nouvelle, emmenée par quelques pères fondateurs « occidentaux » sera à ses débuts résolument évolutionniste, avec quelqu’un comme l’Américain L-H Morgan, l’un des rares à avoir produit une monographie de terrain (sur les Iroquois) à cette époque, ou l’anglais E.B Tylor (1832-1917) et son homologue Écossais J.G. Frazer (1854-1941) , tous deux hommes de grande érudition vivant en permanence dans la lumière blafarde de leur bibliothèque, à lire notamment tout ce qu’aventuriers, fonctionnaires et missionnaires pouvaient écrire sur ces peuplades lointaines d’Afrique ou d’Asie avec une objectivité toute européenne, à un âge où le vieux continent brillait de sa technologie, de ses arts et de ses sciences sur le monde. Bien que s’estimant être plus évolués et appartenir à une civilisation d’un degré d’évolution supérieure à ces sociétés primitives, ils reconnaîtront à tous les êtres humains quel que soit le degré d’évolution de la société au sein duquel ils vivent, la faculté de penser, et par là même, la qualité d’êtres humains. Il n’y aura pas une nouvelle controverse de Valladolid organisée au milieu du XVI ème en Espagne pour savoir si les indiens d’Amérique jouissant certes d’une âme, mais plus basses, n’avaient pas vocation à êtres des esclaves naturels qu’ils faudraient réduire au silence en cas de nécessité. Nous n’en étions plus là, il n’était plus question d’esclavage mais de colonisation afin de permettre à ces sociétés primitives sous-développées de bénéficier de nos savoirs et de notre technologie. C’était même un devoir de l’occident que de coloniser ces contrées sauvages afin de leur dispenser nos vertus civilisatrices, avait déclaré J. Ferry au parlement dans un accent de grande sincérité républicaine.

E.B Tylor et J.G. Frazer, évolutionnistes, dans le sens qu’ils pensaient que toutes sociétés procédaient par étapes successives vers un stade de développement supérieur, la société primitive ou barbare étant la forme la plus élémentaire, et la forme ultime de société civilisée étant celle où dominerait la science. Si chacun d’eux distingue en parallèle un triptyque du fait religieux allant de la magie pratiquée dans les sociétés primitives, puis de la religion organisée et hiérarchisée dans les civilisations intermédiaires, pour enfin arriver au stade où la science vient caractériser les civilisations prétendument évoluées, de type occidental, cependant sous ces trois notions ils développent des concepts sensiblement distinctes.

EB Tylor est le premier à introduire le concept d’animisme qui correspondrait au premier stade de la religion. L’être a deux versants, qui coexistent simultanément, l’un physique, le corps vivant, et l’autre psychique et surnaturel, son image dans un rêve qui peut se mouvoir alors que le corps vivant est au repos, c’est l’âme qui peut exister au-delà du corps physique qui finit par mourir mais dont tous les proches peuvent en garder une image vivante. Les hommes primitifs auraient tendance à attribuer une âme à toute chose, animée ou pas, donc d’y voir des êtres spirituels susceptibles d’apporter une explication aux phénomènes naturelles dont ils ne peuvent comprendre le fonctionnement d’une manière rationnelle, ou autrement intelligible. Cette pratique magique répondrait aussi à une quête de sens dans une recherche de signification du monde et de ses manifestations naturelles ou inter-relationnelles entre êtres humains. Aussi, ce serait en agissant sur ces êtres spirituels, causes personnifiées des phénomènes naturelles, que les hommes pourraient intervenir sur le cours des choses et leur environnement de sorte à le rendre plus favorable (provoquer la pluie, se préserver d’un ennemi, garantir la naissance d’un enfant…). Dans les sociétés sauvages, des spécialistes plus ou moins hierarchisé-es – des magicien-nes ou intercesseurs- se distingueraient par leur savoir et pratique spécifique pour favoriser tel ou tel évènement, ou encore le repousser (l’incendie pendant la saison sèche, la maladie…).

Ainsi se caractériseraient les sociétés primitives avec diverses formes de religion polythéiste plus ou moins élaborée. D’après Tylor, est religieux tout ce qui fait appel à des êtres spirituels, et l’environnement dans les sociétés primitives en est peuplé. Dans une société plus évoluée, apparaîtrait la religion monothéiste où un Être supérieur ou Suprême dominerait le monde religieux et ses liturgies, avec ses spécialistes très hiérarchisés au sein d’une organisation institutionnalisée. Selon Tylor, la religion ferait partie de la nature humaine, ce qui distingue les hommes des animaux. Il parle de religion naturelle dans la mesure où elle dépend naturellement – intrinsèquement – de la pensée humaine, la religion n’est pas révélée par une Être supérieur mais est un pur produit de la pensée humaine. C’est par la pensée humaine que s’impose l’idée selon laquelle Dieu, Allah ou tout autre existe et domine l’univers et la vie qui s’y déploie.

Contrairement à Frazer, Tylor établissait un lien direct entre le stade de la religiosité d'une société et son degré d'évolution et de développement final, tout en notant cependant des persistances telles que les pratiques magiques, et plus encore la religion monothéiste dans la société civilisée qu'est le monde anglo-saxon en proie justement à cette époque à un fort puritanisme. Il tentera de vaines explications purement spéculatives pour expliquer cette persistance archaïque de la magie et de la religion à l'ère des sciences censées apporter l'explication des phénomènes naturels, et répondant ainsi aux questions des êtres humains et résoudre leur angoisse intrinsèque, en leur apportant notamment des solutions concrètes à leurs problèmes (meilleure hygiène, avancée de la médecine, accroissement de la productivité agricole, entraînant une baisse de la mortalité). Le recours aux pratiques magiques serait un moyen déployé par les êtres humains pour canaliser au mieux

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