Le Rire dans les Caractères de La Bruyère

Le Rire dans Les Caractères de La Bruyère

Le Rire est difficilement saisissable :

- explosion d'un plaisir immédiat

-amertume de la satyre (humour noir)

-outrance d'une grossièreté

-joie maligne (rire jaune ou délectation plaisante due au malheur d'autrui)

Au cours du XVIIe siècle, déclin du rire populaire, grotesque, carnavalesque, exutoire ou divertissant. Place à l'apprentissage pour mettre en valeur l'honnête homme et éviter le ridicule. La Bruyère déploie tout un éventail de nuances dans le Rire qui va aller de la déformation passagère jusqu'à la dignité du rire mesuré.

En quoi le Rire est-il ambivalent chez La Bruyère ?

Nous verrons dans un premier tant la condamnation d'un Rire brutal. Puis un Rire moral qui le corrige. Pour terminer, nous aborderons le Rire culturel, maîtrisé.

I/ Condamnation parce qu'il dénature l'homme, déforme le visage, ressemble à une convulsion ou gesticulation. Il contrevient aux principes de beauté formés sur l'ordre et l'harmonie. Donc considéré comme cruel surtout dans la vie sociale.

1- L'hilarité. Marque de grossièreté prouve l'absence de maîtrise de soi dans des lieux où on exige modération et pondération, selon la règle théâtrale de la bienséance sur le plan social. Aussi susceptible de provoquer la contagion, un signe d'impolitesse voire de démence.

À l'appui, livre V § 9 : "il en rit le premier jusqu'à éclater." Ainsi que livre V § 12 : "il en rit, il crie, il éclate."

Succinctement, il échappe à la volonté et rappelle la nature animale de l'homme.

2- L'incivilité du rire. Méchant moqueur qui écrase les autres.

Livre V caractère 57 : "la moquerie est souvent indigente d'esprit" ; livre IX § 26 : "rire au dépend d'autrui" et § 27 : "les princes ont de la joie de reste pour rire". Signifient qu'on ne peut pas répondre aux "Grands".

De même que suffisance et confiance en soi vient de l'argent, le rire sort plus aisément.

Le Rire, sorte de phénomène social qui détruit les relations entre les gens.

Livre VI § 10 : "les rieurs sont de son côté", celui d'un "homme fort sot et riche".

D'où la moquerie est une dissymétrie entre les personnes, la supériorité, provoquée par la vanité des rapports de force.

3- Le Rire factice, feint, fourbe.

Livre VIII § 63 : "qui croirait [...] que les éclats et les applaudissements [...] couvrissent tant d'inquiétudes", signe d'hypocrisie ou manipulation pour parvenir à ses fins.

Livre IV § 24 : "personnages rient à la chapelle", fausse austérité.

II/ Le Rire moral qui corrige l'homme, dégagé de l'obscénité ou de la médisance.

Livre V § 4 : "beaucoup d'esprits obscènes, encore plus de médisants ou de satiriques [...] c'est créer que de railler ainsi et faire quelque chose de rien."

Rire

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