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Peut-on encore avoir du secret ?

Commentaire d'oeuvre : Peut-on encore avoir du secret ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Octobre 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 511 Mots (7 Pages)  •  1 037 Vues

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Pierre

Beauvais

« Les programmes de surveillance n’ont jamais été destinés à la lutte contre le terrorisme : C’est une affaire d’espionnage économique, de contrôle de la société, de manipulation diplomatique. C’est une affaire de pouvoir. » C’est ainsi que le lancer d’alerte Edward Snowden définit les programmes de surveillances qu’il a dévoilés au monde en 2013.                                         Peut-on encore avoir des secrets ? « encore » semble indiquer qu’il a existé un temps où nous pouvions avoir des secrets, mais avant quoi ? « Peut-on » suggère une possibilité : des difficultés pourraient être rencontrées pour avoir des secrets. Reste à définir qui serait ce « on », individu, société, Etat, qui tente d’avoir des secrets, ce savoir non-partagé, symbole d’intimité, de discrétion et de clandestinité.                                                                                 Tout cela nous emmène vers une question, à savoir si la possession de secrets est-elle compatible avec notre société actuelle ? Tout d’abord, le secret s’inscrit comme fondement de notre société. Cependant, cette place est remise en question par de nouveaux organes. Enfin, des dérives dangereuses du secret doivent être évitées.

Le secret apparait comme nécessaire à l’homme pour assurer sa survie. Il est présent au cœur de la psyché humaine. Il représente la manifestation la plus « visible » de l’intimité. Cette intimité est séparée de la distance du moi et de l’autre concerné. Franchir cette distance et pénétré dans cette intimité relèverait d’une violation de la personne. Cette violation est alors vécue comme une trahison profonde.        Au-delà de ça, le secret est nécessaire à chaque individu pour sa construction personnelle. Il permet de nous protéger et de construire un espace de liberté en nous-même. En ce sens, la notion de secret renvoie alors à celle de la pudeur et de la honte. Tout ce qui est enfouit dans cet espace ne peut être perceptible qu’à travers ce que la personne laisse entrevoir, que ce soit avec la parole ou bien des expressions du visages.

        Le secret est également un outil de différenciation sociale. Il permet de structurer la société et doit en ce sens être protégé afin de conserver la stabilité de notre société. Cette notion relève d’un double processus d’inclusion et d’exclusion : Un groupe est soudé par la connaissance qu’ils ont d’un secret, et le deuxième est également soudé, mais par le fait qu’ils partagent le fait qu’ils ne connaissent pas ce secret. Le premier groupe exerce un pouvoir sur le deuxième groupe grâce à ce secret, et le deuxième groupe peut espérer une ascension sociale en devant détenteur du secret et donc en rejoignant le premier groupe. Gérard Vincent dans Histoire de la vie privée (1987) pense que « le secret est l’un des fondements de la stabilité sociale. Si tout était su, volerait en éclats cette forme/force discrète du maintien de l’ordre qu’est la résignation. » Ce qu’il dit illustre les différents mécanismes d’exclusion et d’inclusion des deux groupes, où le groupe qui ne sait pas ne peut que s’incliner devant la connaissance de l’autre groupe, créant ainsi une hiérarchie sociale.

Bien que le secret soit une composante essentielle à l’individu et à la société pour maintenir son bon fonctionnement, il semblerait que la place et la légitimité du secret seraient remises en question par de nouveaux organes.

Le processus de dévoilement d’un secret est depuis longtemps déjà majoritairement occupé par les médias. Le journalisme d’investigation relève de cette volonté de révéler publiquement des affaires dissimulées par des personnes de pouvoirs. Ce type de journalisme relève évidemment d’un droit d’investiguer et fait partie du libre exercice du journalisme. Les médias ont révélé dans l’histoire l’affaire du Watergate (1972-1974) qui a mené à la démission du président des Etats-Unis Richard Nixon. En France, ce genre de pratique connait un large succès au près du public. Cash Investigation, présenté par Elise Lucet, en est l’exemple parfait et bénéficie de très bonnes audiences, notamment grâce à l’implication réelles et personnelles des enquêteurs dans les secrets qu’ils tentent de dévoiler. La présence du secret dans les hautes administrations ou dans les entreprises ne plait guère aux citoyens, qui se réjouissent de leurs dévoilements.

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