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Peut-on encore avoir des secrets ?

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Par   •  7 Mai 2021  •  Dissertation  •  2 452 Mots (10 Pages)  •  438 Vues

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« Si vous faites quelques chose et que vous ne voulez que personne ne le sache, peut-être devriez-vous déjà commencer par ne pas le faire » (Eric Emerson Schmidt président-directeur général de Google, The Register, 2009). Cette citation nous montre la difficulté de préserver un secret à l’heure de Facebook et Instagram, des réseaux sociaux où chacun se met à nu, à l'époque de WikiLeaks, des théories du complot et de la transparence, avoir des secrets paraît un peu anachronique voire carrément suspect.

L’avènement de la démocratie a amené à une société post moderne qui rejette le secret au nom d’un idéal de transparence. Aujourd’hui, l’État, acteur historique de la notion de secret n’est pas en reste. Comprendre le secret dans l’ère moderne que nous traversons tous nécessite de comprendre le fonctionnement du monde numérique. Le secret vient du latin : secretum, l’adjectif venant du secretus, participe passé du verbe secerno, dont la signification est : séparer, mettre à part. C’est un processus constamment menacé, il est une arme, un enjeu, une protection. Transparence et secret sont deux droits fondamentaux qui règnent dans notre société. Tout l’enjeu du secret : le garder… secret, justement, alors même qu’on aimerait savoir, alors même que persiste cette croyance que savoir pourrait nous délivrer, nous libérer, nous apporter une lumière, nous faire avancer. L’émergence d’une société qui réclame de plus en plus de transparence soulevant donc la possibilité d’un éclatement des formes du secret qui avaient prévalues jusqu’alors. Menacé, le secret n’en demeure pas moins une nécessité sociale.

Si la société post-moderne atténue le spectre du secret, dans quelle mesure cette dernière n’en conserve pas moins une approche ambivalente ?

Si la société post-moderne implique une émergence de la transparence au détriment du secret, cette émergence provoque paradoxalement un retour du secret dans la centralisé des attentes sociales.

Aujourd’hui, la volonté de transparence à dépassé celle du secret nous pouvons même parler de société « post-secret » qui fait de la transparence une nouvelle vertu.

De nos jours, la société-moderne rejette le secret au nom d’un idéal de transparence.

Jadis, loin de notre volonté contemporaine et occidentale de transparence par confessions ou aveux, la Grèce antique loue le secret comme une arme pour ceux qui le détiennent. Bien qu’il ne soit pas facile à protéger, le voir éclater au grand jour provoque des catastrophes. Savoir manipuler un secret constitue une preuve de sagesse. Dans la vie privée, c'est la folie de raconter sa vie naïvement : « et ne t'ouvre pas de même à tous tes amis de tes projets : sur le nombre, bien peu gardant un cœur fidèle » (Théognis, Dits à Cyrnos I,73 ». Durant le moyen-âge et jusqu’au XIXème siècle, l’exercice du pouvoir résidait dans le secret. La maxime favorite de Louis XI était : « Qui ne sait dissimuler, ne sait pas régner. Si mon chapeau savait mon secret, je le brûlerais. » Et l’avertissement est claire : si « Le prince a perdu son mystère - Des tigres s’attachent à ses pas » (Han Fei, 279-233 av. J.-C.). La politique des rois était faite de complots et de diplomatie parallèle comme le témoigne l’instauration des cabinets noirs. « L’habitude du secret est donc une qualité nécessaire à un ministre » (Antoine Pecquet, Discours sur l’art de négocier, 1737). Machiavel dans Le Prince, 1532 nous explique qu’un bon prince doit se comporter comme un caméléon qui change de couleur pour s’adapter à son gouvernement : Il doit se faire « lion » pour se faire craindre mais doit aussi être en capacité de se faire « agneau » pour se faire aimer. Jean Jamin, fait ressortir dans son essaie Les lois du silence (2005), que la parole se déploie proportionnellement à la place que l'individu occupe dans une hiérarchie (les plus élevés dans cette dernière étant ceux qui parlent le moins et dissimule le plus). Les sociétés poste-moderne ont ainsi tendance à vouloir bousculer ses hiérarchies. Non seulement les société poste-moderne remettent en cause sa hiérarchie mais par ailleurs elles disposent des moyens techniques pour imposer une certaine transparence. Nous pouvons évoqués les écoutes téléphoniques, les moyens de vidéos surveillances qui, grâce a de politiques sécuritaires, film les faits et gestes des individus et étendent tous les jours davantage leur champ de vision. Une ville comme Londres, par exemple, ne se contente pas de couvrir des zones sensibles tels que les parkings et les métros, mais a pour ambition de filmer toutes les rues de la capitale. Les nouvelles technologies ont formidablement accrue les possibilités offertes dans ce domaine, notamment à travers l'imagerie satellitaires mais aussi la surveillance électronique. Les puces, par exemple permettre une traçabilité des individus via les cartes bancaires et les téléphones cellulaires. L’oeil de Big Brother est bien la et le cauchemar prédit par les auteurs de science fiction ne semble plus si loin de se réalisé.

Dans sa Critique de la raison pratique, Emmanuel Kant a transposer l’ idéal de transparence au plan de la morale, en refusant le mensonge et en plaçant la révélation de la vérité, quelque puisse en être les conséquences, au rang « d'impératif catégorique » non négociable et non violable. Les causes de la montée de la transparence sont nombreuses dans la société moderne. Au premier plan se présente sans doute le rôle croissant de l'image dans nos sociétés, l'image qui nous semble se confondre avec la vérité qu'elle révèle. Nous sommes entrés dans la civilisation de l’image, avec le temps nous apprendrons sûrement, à déceler ses mensonges et à nous méfier d’elle. Mais pour une grande majorité de la société, les images sont le messager de la vérité. La transparence devient la vertu suprême de la société et empiète de plus en plus sur l’espace privé. Bien que la loi garantisse le respect des espaces privés lorsqu'il n'entre pas en contradiction avec les principes du droit. Dans notre démocratie, les lieux privés et certaines institutions paraissent suspects au plus grand nombre, car il sont en conflit avec un autre impératif de notre société : le droit à l'information, que les médias entendent bien imposé. En outre, le secret, jadis largement sacralisé recule. Depuis deux siècles, l'Occident semble

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