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Peut-on échapper au secret ?

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Par   •  7 Octobre 2023  •  Dissertation  •  1 402 Mots (6 Pages)  •  93 Vues

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Dans le roman autobiographique Un secret écrit par Phillipe Grimbert, ce dernier apprend un jour que ses origines ont été modifiées, et qu’il avait un frère caché, mort pendant l’Holocauste. Ce secret change le cours de sa vie. On peut alors se demander : peut-on échapper au secret ? Nous verrons tout d’abord les arguments qui prouveraient que l’on peut échapper aux secrets, puis ceux qui montreraient le contraire.

Nous pouvons penser que le secret aurait pu être enfoui indéfiniment, et que Phillipe ne s’en serait jamais rendu compte, pour plusieurs raisons.

Déjà, comme le dit Tim Weavers, un auteur, « On ne laisse jamais échapper un secret qui vaut la peine d’être protégé ». Ce proverbe retranscrit parfaitement l’état d’esprit du père de Phillipe, Maxime, qui voulait à tout prix conserver le secret pour plusieurs raisons. Déjà, afin de se protéger, lui, de la tristesse et du désespoir d’avoir perdu sa femme et son enfant, mais aussi pour protéger sa famille, notamment son fils. Si celui-ci en venait à apprendre l’histoire, cela aurait pu avoir un impact négatif sur sa santé, physique ou mentale. Maxime s’est tût par peur. Beaucoup de personnes ont peur des secrets, et des conséquences qu’ils pourraient avoir. La nature humaine fait que nous avons toujours tendance à imaginer le pire scénario qui puisse arriver.

Pour être sûr que sa crainte ne se réalise pas, Maxime a enterré son secret dans plusieurs personnes, objets, ou concepts. Il s’est assuré que plus personne ne parle de ce secret auprès de sa famille,  à qui il a demandé de ne jamais rien dire à Phillipe. Puis il a également changé son nom et la religion de son fils. Enfin, il a enfoui tous les souvenirs qu’il avait de Phillipe dans la pièce où il a trouvé Sim, le chien en peluche de Simon. La porte de cette pièce, si peu franchie au fil des ans, était devenue un mur, qui protégeait bien plus qu’un simple bureau. Maxime a pris tant de précautions que le secret aurait très bien pu rester caché durant des années. Il a effacé tout trace de ce moment terrible, et pourtant inoubliable. La révélation du secret n’est en fait due qu’à un malheureux concours de circonstances. On peut se demander ce qui se serait passé si un seul de ces évènements n’avait pas eu lieu : et si le professeur d’histoire avait choisi de ne pas leur montrer ce film ? Et si ce garçon n’avait pas insulté les juifs ? Et si Phillipe n’avait pas réagi ? Et si Louise n’avait pas avoué ce qu’elle savait à la suite de tout cela ? Le secret aurait alors pu être perdu à jamais, comme le voulait Maxime.

Nous pouvons aussi relever que le titre original du roman, qui a été refusé par les éditeurs, était Le Cimetière des Chiens. Si Phillipe Grimbert voulait appeler son autobiographie ainsi, on peut penser que c’est parce que ce moment a été le plus marquant de sa vie, et que ce n’était donc pas celui de la révélation du secret. La fin du roman, dans le cimetière, s’inscrit dans la continuité du secret et en marque la fin, comme une conclusion. Mais on peut aussi se demander si, au départ, Phillipe ne voulait pas montrer que le secret n’était pas si important que ça, comparé à la façon dont il s’en est sorti. Peut-être même que Phillipe voulait échapper au secret, après s’être reconstruit. Cela montrerait alors qu’il n’accordait pas tant d’importance au secret, du moins après son adolescence. Peut-être que si il n’avait jamais appris ce que son père lui cachait, il aurait tout de même réussi à se relever, et à fonder une famille, oubliant cette étrange intuition.

Mais le roman nous montre aussi qu’on ne peut pas toujours échapper au secret. Dans le livre, Phillipe finit par l’apprendre .

Déjà, malgré tous les efforts de Maxime pour cacher ce secret, celui-ci se retrouve à plusieurs endroits. Pour commencer, il se retranscrit dans le regard du père envers Phillipe. Il a toujours été déçu, dès la naissance, par corps frêle et la faiblesse de son fils. Dans ces moments-là, il apercevait en fait Simon, si fort, son double parfait, et dont il ne retrouvait aucune trace en Phillipe. Malgré tous ses efforts, les regrets le hantent. Le secret se trouve également comme gardé par le chien en peluche, Sim. Lorsque Maxime voit cette peluche, il est choqué, et affligé. Les souvenirs lui reviennent en mémoire, comme si il avait enfermé toute sa peine dans ce petit chien, avant de l’enfermer à son tour dans le bureau, espérant ne plus jamais le revoir. Mais il est aussi gardé par un autre chien, Echo. Lorsque celui-ci meurt, les secrets enfouis ressortent, de la même manière qu’avec Sim, et toute la tristesse que Maxime a ignorée, ou contenue, pendant tant d’années, est libérée. Maxime s’effondre. Pour finir, le secret se retrouve également dans le narrateur lui-même, bien qu’il en ignore tout. En effet, il se retrouve déjà dans son corps. Comme l’a dit Socrate : « le corps est le tombeau de l’âme ». Le secret, ou plutôt l’absence de celui-ci, a créé un trou dans le plexus de Phillipe, comme si il lui manquait quelque chose. Bien entendu, cela est aussi dû à des raisons médicales, mais on peut penser que cela est de toute manière lié au secret, car quand on lui révèle enfin la vérité, le trou dans son plexus se comble enfin. Le secret se retrouve dans son nom modifié, passant de Grinberg à Grimbert, qui sonne étrangement aux oreilles de Phillipe. Enfin, le secret s’inscrit aussi dans l’intuition qu’a toujours eu Phillipe. Il ignorait en quoi consistait ce secret, mais il était persuadé, inconsciemment, qu’il y en avait un. Le fantôme de son frère, plus fort que lui, qui venait le hanter, ainsi que le nom qu’il a donné à cette peluche, Sim, diminutif de Simon, en sont la preuve. Quelques années après la parution de son livre, lors d’une interview, l’auteur a déclaré : « Aussi longtemps que possible, j’avais retardé le moment de savoir : je m’écorchais aux barbelés d’un enclos de silence ». Il y avait, tout autour de lui, des indices, des traces du secret, auxquels il se heurtait, par exemple dans les batailles avec son frère la nuit. Et cela le blessait, aussi bien physiquement, par ce trou dans le plexus, que mentalement.

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