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Le silence

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Par   •  29 Mai 2022  •  Dissertation  •  1 655 Mots (7 Pages)  •  279 Vues

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COLLE DE PHILOSOPHIE 5 : LE SILENCE

     Dans le tableau Nighthawks (1942) d’Edward Hopper, ce dernier représente 4 personnages qui semblent perdus dans leurs pensées dans un diner à une heure tardive. La prédominance de la couleur froide verte, l’absence de sortie, rendant les personnages comme enfermés dans cet espace et l’absence de communication manifestent la solitude et l’isolement de ces derniers, et témoignent alors d’un lourd silence. Le silence, du latin silentium se définit au sens le plus large comme absence de bruit, bruit qui peut être une nuisance. Ce silence, qui peut aussi bien être extérieur qu’intérieur, est absence de signe et diffère du mutisme, qui constitue une forme de silence qui résulte d’une incapacité ou d’une impossibilité d’expression. L’absence de bruit ne peut donc avoir de sens car il ne relève pas d’une intention signifiante. Le silence a-t-il alors un sens ? De deux choses l’une, soit l’on considère que le silence étant néant de signe, ne peut produire de sens contrairement à la parole, ou bien l’on considère que ce silence peut être signe là où les mots ne sont pas suffisants, car ils seraient en manque propre à produire de la signification. Enfin, si ce silence peut produire du sens, peut-il alors produire un sens univoque ?

  1. Le silence est une absence de sens et de communication

     Le silence est néant de signe, donc en dehors du langage et de la pensée : il y a impossibilité de transmettre du discours, de l’intelligibilité, et empêche alors la communication. La nature serait donc silencieuse (Descartes) : en effet, quand bien même les animaux font du bruit, ce bruit n’est qu’expression de leurs passions. Seuls les hommes, êtres capables de penser et d’employer le langage, signe manifeste de leur liberté semblent alors produire de la signification. Il n’y aurait pas de signification objective sans discours articulé. Ce serait ainsi une erreur de penser que l’ineffable a plus de signification que le discours (Hegel) : si l’on fait silence, l’autre ne peut comprendre ce que l’on veut dire et il n’y a pas de vouloir dire indépendant de la parole. C’est donc la valeur différentielle des signes linguistiques qui fait sens (Saussure) : les langues sont ainsi la matrice générale de toute la production de la signification car seuls les mots permettent cette abstraction productrice d’idée. La pensée est de même un dialogue de l’âme avec elle-même (Platon) : ainsi même lorsque l’homme croit faire silence, il pense, raisonne seulement avec des mots.

  • Illustration : Le morceau le 4’33 (1952) de John Cage, qualifié de ready made musical est composé de trois mouvements bien distincts où l’interprète ouvre, referme le piano et prend un petit chronomètre dans la main. Sur la partition, les trois mouvements sont annotés de TACET, terme utilisé dans la musique occidentale pour indiquer à un instrumentiste qu’il doit rester silencieux pendant toute la durée du mouvement. Le morceau est constitué de sons de l'environnement que les auditeurs entendent ou créent lorsque le morceau est interprété : le bruit ambiant de la salle compose alors à chaque fois une pièce différente. Le silence ne semble alors posséder aucun sens car il ne recourt pas au langage : il y a absence de communication, d’échange.

     Pourtant, le caractère conceptuel du langage signifie certes son utilité mais aussi son imperfection à décrire la véritable nature du réel ou la profondeur et l’intimité de nos sentiments. Il arrive à l’homme d’être dans l’impossibilité d’exprimer ce qu’il souhaite par les mots. Il y aurait dans tous discours l’impossibilité de dire, il y aurait insuffisance propre au langage articulé qui mériterait d’être suppléer par le silence. En effet, dans le morceau 4’33 lui-même, Cage remet en cause la notion même de musique en considérant le silence comme une véritable note.

  1. Le silence peut être un signe qui fait sens là où le discours articulé ne peut pas tout exprimer

     Le silence peut relever d’une codification : il est alors reconnu comme ayant une signification préalablement donnée dans une société comme le secret médical, la minute de silence, le silence des moines bénédictins dans le 9ème degré d’humilité ou bien le silence en musique qui s’exprime de manière écrite et à la valeur d’un signe. Le silence peut toutefois exprimer la subjectivité : on trouve en lui ce que l’on ne peut dire avec les mots ou se dire soi-même et il ne peut alors être codifié. Le silence peut alors être gênant et ambigüe et alors relever de l’incommunicabilité, ou bien le silence peut être l’inexprimable de l’intériorité (Bergson) : en effet, que ce soit l’ineffable ou l’indicible, le silence laisse place à une expression de soi que l’autre doit saisir en dehors des mots. Ainsi, adopter le silence dans certaines situations peut signifier quelque chose que l’individu ne parvient pas à exprimer, mais le silence, peut également manifester une rupture, une volonté de briser la communication.

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