LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Les Assistantes Sociales Au Temps De Vichy, Du Silence à L'oubli

Mémoires Gratuits : Les Assistantes Sociales Au Temps De Vichy, Du Silence à L'oubli. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  27 Octobre 2012  •  4 026 Mots (17 Pages)  •  1 861 Vues

Page 1 sur 17

FICHE DE LECTURE

Les assistantes sociales au temps de Vichy

Du silence à l’oubli

de

Armelle MABON-FALL

Editions L’Harmattan

Lundi 28 novembre 2011

Page 1 / 11

INTRODUCTION :

« Les assistantes sociales au temps de Vichy, du silence à l’oubli », est un livre qui relate le rôle des assistantes sociales pendant la seconde guerre mondiale. Cet ouvrage a été élaboré par Armelle MABON-FALL qui est elle-même assistante de service social.

Elle est titulaire du Diplôme supérieur en Travail social et a poursuivi un doctorat en Histoire sur « l’action sociale coloniale en Afrique occidentale française ». La FNDIRP1 lui a attribué en 1993, le 2ème prix Marcel Paul pour son mémoire de maîtrise en Administration économique et sociale : « De Vichy à la libération, un service social en trompe-l’oeil ».

Le présent ouvrage est un recueil de témoignages de femmes diplômées et non diplômées qui exerçaient dans des services sociaux officiels et clandestins ou des mouvements de solidarité et d’entraide. Il s’agit aussi d’une compilation de documentations historiques qui ont trait aux actions discrètes menées par ces assistantes sociales, durant la guerre afin de sauver des vies humaines. C’est également une rétrospective historique qui s’efforce de corriger les distorsions qui existent sur le rôle et les actions de ces femmes durant cette période troublée et controversée. L’investigation de l’auteur tente de comprendre l’ostracisme dont était l’objet la profession d’alors. L’ouvrage souligne l’ambivalence qui existait entre le service social officiel et la résistance. Il est enfin, le fruit d’une confrontation entre les sources écrites et les témoignages oraux.

Dans son introduction, l’auteur relate le contexte d’émergence du service social. La notion de service social et assistante sociale existaient dès les premiers âges de l’humanité sous forme d’entraide. À la fin du 19e et au début du 20e siècle, les conditions de vie ont été modifiées à cause de l’industrialisation et de l’exode rural. Le service social a dû s’adapter en se professionnalisant pour aider les personnes à faire face à ces différentes mutations de la société. Mary Richemond fut une pionnière dans ce domaine en créant à New York en 1897, une école de « Philanthropie appliquée » afin de permettre l’enseignement du service social à Chicago et à Liverpool2.

Ces actions vont susciter des émules en France, avec la création en 1899 du mouvement « le Sillon » qui générera par la suite les « Maisons Sociales », dans une

volonté de former et d’organiser le travail social. Cette impulsion vers la formation

1 Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes

2 M.-H. de Bousquet, Le service social, Que sais-je ? n° 1173, Paris, PUF, 1965, p.12.

Page 2 / 11

s’accentuera par la suite avec notamment la création en 1911 de l’École normale sociale par Andrée Butillard puis l’École pratique de service social en 1913 par le Pasteur Paul Doumergue. Après la première guerre mondiale et sous inspiration du modèle anglais, apparaît en 1917, les surintendantes d’usine. Leur rôle était d’améliorer les conditions de vie des femmes qui travaillaient dans les usines d’armement. À partir de 1920, la création de services sociaux s’est accrue avec une spécialisation pour la prise en charge des enfants3. En 1932 est créé le brevet de capacité professionnelle d’assistant social avec une qualification automatique des infirmières visiteuses en tant qu’assistantes sociales.

Avec la venue de la guerre, un nombre important de femmes a été sollicité pour assurer le rôle de travailleur social tant du côté des organismes officiels que du côté de la résistance.

L’auteur évoque l’impacte de l’arrivée du Maréchal Pétain au gouvernement français sur le travail social.

Dans sa quête de vérité, l’auteur met en évidence à travers des témoignages, les actions discrètes menées par les assistantes sociales, puis évoque le glissement progressif qu’elles ont opéré vers un positionnement plus affirmé vers la résistance.

CHAPITRE I : LE SERVICE SOCIAL EN CRISE A LA LIBÉRATION

Les critiques à l’encontre des assistantes sociales

La libération fut synonyme de délivrance pour certaines personnes et d’ennuis pour d’autres. Les assistantes sociales qui avaient exercé sous la tutelle de Vichy se sont trouvées dans la deuxième catégorie de personnes. Elles ont fait l’objet de critiques virulentes de part et d’autre. Il leur était reproché notamment une certaine incompétence du fait de leur origine sociale, plutôt bourgeoise, diamétralement opposée à celle de la classe laborieuse qu’elles étaient supposées aider et donc une méconnaissance des problèmes de cette population4. Elles étaient soupçonnées d’être un instrument entre les mains de la classe dirigeante pour pénétrer dans les familles5.

Cet antagonisme était nourrit (surtout par le parti communiste) par la crainte du retour d’un esprit néo-vichyste du fait du maintien au pouvoir des partis traditionnels

3 D. Lenain et G.-M. Salomon, « Une pionnière du service social : Marie-Thérèse Vieillot », Vie sociale, n° 10-11, 1988, p. 417.

4 A. Jamme, Forces ouvrières, n° 9-1946.

5 A. Jamme, op. Cité.

Page 3 / 11

malgré les épurations politiques d’après-guerre. Le parti communiste a sévèrement critiqué les assistantes sociales à la libération. Quelques témoignages soulignent la virulence de cette campagne de dénigrement, par exemple Madame Soustelle parle des réunions qui se tenaient sous leurs fenêtres avec des cris du type : « Ces assistantes sociales…qui ne sont que des filles à papa, …des zéros de la guerre ».

En dépit des actes héroïques menés dans l’ombre par les assistantes sociales, leur appartenance à une institution officielle leur a valu une comparution en justice où d’être déchues de leur fonction. Madame Robet évoque le cas des assistantes sociales de la XIème région militaire, contrainte à la

...

Télécharger au format  txt (27.2 Kb)   pdf (238.1 Kb)   docx (20.4 Kb)  
Voir 16 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com