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John Cage Et La Notion De Silence

Note de Recherches : John Cage Et La Notion De Silence. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Mars 2013  •  1 541 Mots (7 Pages)  •  1 466 Vues

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Souvent perçu comme un provocateur, il se disait lui-même inventeur. Il a toujours refusé la formalisation d’un système de réflexion intellectuelle linéaire et univoque. Il ne voulait pas être véhiculé par des théories esthétiques et des études historiques. Ainsi, en détournant les institutions et les codes culturels il ne voulait pas seulement se mettre en dehors de la société, mais avait comme volonté de participer à la vie et à l’évolution de l’art.

En refusant toutes théories et tout dogmatisme, il a réussi à créer de nouveaux concepts artistiques, en particulier celui de la musique.

Entre pragmatisme et invention, John Cage demeurera sans doute comme une figure à la fois complexe et contradictoire du XXème Siècle.

Nous verrons de quelle façon le silence intervient dans les oeuvres de John Cage ?

Pour ceci nous procéderons en trois points, le premier sur la notion de silence, puis le silence comme objet d’art, pour terminer le silence comme l’éthique de l’indétermination.

I / Notion de silence :

Le mythe du «silence» est identifié au chaos, il est ante-historique, au delà de la vie qui devrait normalement se rapprocher du bruit par moyen d’un cri, d’une éructation ou encore d’un son quelconque. Ce bruit nie ainsi le silence et devient alors représentation du monde et symbole de vie. Cette vue ancestrale du silence a été l’une des causes de la définition limitative de la notion de silence dans la musique occidentale et tonale.

Dans la musique tonale on ne peut pas à proprement parler de silence, on ne peut pas le définir d’une manière stricte et définitive, on peut simplement le rapprocher de certains termes dit «modes de chants» que l’on retrouve notamment à l’Opéra : Arioso, récitatif. Dans ce sens le silence n’est pas écouté, mais constitue simplement une signalisation dans l’esprit de l’auditeur, une «pause» entre deux instants musicaux, ces différents silences sont communément appelés pause ou silence dans les techniques musicales.

D’après la pensée de Cage, le silence est une affabulation par sa prétention d’imposer le silence aux bruits ambiants, sans jamais y parvenir. On appelle «silence» les bruits dont nous ne voulons pas, et musique les bruits que nous organisons.

John Cage publie son livre «Silence» en 1961 pour expliquer le concept de silence et ainsi le définir comme un signal musical à part entière. Tout au long du livre il s’attache à démontrer que le silence est un terme appartenant à la langue musicale, il compose son livre en deux points importants : Rapport sur rien (Vortrag über nichts) et Rapport sur quelque chose (Vortrag über etwas). Ce livre nous montre qu’il s’agit certes d’un signe musical négatif mais qui garde tout de même la même valeur signifiante de tout autre signe musical.

Dans cette oeuvre il cite beaucoup Maître Eckhart pour ainsi ancrer l’art de la pratique méditative, la forme en maxime prise sur le modèle de Maître Eckhart nous montre également une dimension mystique, non pas une prière ou une plainte, mais une forme de méditation, la réflexion passive et la mise à distance du sujet.

C’est au début des années 50 que Cage entre dans la chambre anéchoïque dans l’université d’Harvard et découvre alors les toiles blanches de Rauschenberg et qu’après une expérience il comprend que le silence n’existe pas puisque l’on entendra toujours le son de notre coeur et la circulation de notre sang.

Rauschenberg - All White

Quelques temps après, en 1952 il écrit «4’33» une pièce silence avec partition en trois mouvements (3 TACETS) . Elle est l’oeuvre la plus indéterminée et la plus silencieuse, aucun son «musical» n’est entendu, l’interprétation dépend ainsi des bruits extérieurs (les quintes de toux, le son de la climatisation de la salle, les raclements de gorge, en somme tous les bruits que l’on évite habituellement lorsque l’on est à l’écoute.) Par cette pièce il s’oppose à Duchamp qui disait : «On peut regarder voir; on ne peut pas écouter entendre.»

La prise en compte du silence dans cette oeuvre est une remise en question sur ce qu’est le langage musical. Elle fait apparaître la disparition de la notion d’oeuvre et la non-distinction entre l’art et la vie.

Il n’y a pas ici lieu d’un non-oeuvre, mais il faut une certaine manière d’écouter le son, par l’ambiance. La seule indication que l’on nous donne est la durée de quatre minutes et trente-trois secondes mais elle ne nous délivre aucune sonorités. D’après Brandon Lebelle, John Cage s’inscrit dans une tradition de la musique expérimentale qui s’éloigne progressivement d’un «cadre manifestement musical vers un cadre plus contextuel

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