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La censure en psychanalyse

Commentaire de texte : La censure en psychanalyse. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Janvier 2021  •  Commentaire de texte  •  1 976 Mots (8 Pages)  •  2 403 Vues

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Expliquez le texte suivant :

Si en effet nous repoussons le langage et la mythologie chosiste de la psychanalyse, nous nous apercevons que la censure, pour appliquer son activité avec discernement, doit connaître ce qu’elle refoule. Si nous renonçons en effet à toutes les métaphores représentant le refoulement comme un choc de forces aveugles, force est de bien admettre que la censure doit choisir et, pour choisir, se représenter. D’où viendrait, autrement, qu’elle laisse passer les impulsions sexuelles licites, qu’elle tolère que les besoins (faim, soif, sommeil) s’expriment dans la claire conscience ? Et comment expliquer qu’elle peut relâcher sa surveillance, qu’elle peut même être trompée par les déguisements de l’instinct ? Mais il ne suffit pas qu’elle discerne les tendances maudites, il faut encore qu’elle les saisisse comme à refouler, ce qui implique chez elle à tout le moins une représentation de sa propre activité. En un mot, comment la censure discernerait-elle les impulsions sans avoir conscience de les discerner ?  Peut-on concevoir un savoir qui serait ignorance de soi ? Savoir c’est savoir qu’on sait, disait Alain ; disons plutôt : tout savoir est conscience de savoir. Ainsi les résistances du malade impliquent au niveau de la censure une représentation du refoulé en tant que tel, une compréhension du but vers quoi tendent les questions du psychanalyste et un acte de liaison synthétique par lequel elle compare la vérité du complexe refoulé et l’hypothèse psychanalytique qui la vise. Et ces différentes opérations à leur tour impliquent que la censure est consciente ( de) soi. Mais de quel type peut être la conscience (de) soi de la censure ? Il faut qu’elle soit conscience (d’) être conscience de la tendance à refouler, mais précisément pour n’en être pas conscience. Qu’est-ce à dire sinon que  la censure doit être de mauvaise foi ?  La psychanalyse ne nous a rien fait gagner puisque pour supprimer la mauvaise foi elle a établi entre l’inconscient et la conscience une conscience de mauvaise foi.

Sartre,  L’Etre et le Néant, (1943)

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Voilà la copie « prototype » :

Dans l’extrait qui nous est présenté, tiré de l’ « L’Etre et le Néant », l’auteur, Sartre, nous expose une critique de la psychanalyse et plus particulièrement de son concept central : l’inconscient.

Selon Freud le fondateur de cette discipline, notre activité mentale ne se réduit pas à la conscience mais une grande partie de nos faits psychiques est en réalité inconsciente.

Il faut souligner que cela est désormais une idée très largement admise en psychologie. Mais en lisant le texte de Sartre nous pouvons voir aisément que ce n’est pas tellement à la psychologie que notre auteur pense mais plutôt aux difficultés philosophiques posées par une telle notion : l’inconscient.

En effet cette idée risque de provoquer un changement radical dans la façon de se représenter l’homme et l’idée que la philosophie se représente classiquement de son être, c’est-à-dire son existence car celle-ci ne pourrait plus se définir à partir de son pouvoir d’autodétermination par la voie de la conscience ; la nature profonde de l’homme, ce qu’il est, « se jouerait en définitive à son insu dans les « souterrains » de l’inconscient.

Dans cet extrait, Sartre, rejette le dispositif freudien en s’attaquant particulièrement à l’un de ses concepts principaux : la censure. Le fonctionnement apparemment inconscient de cette dernière est remis en cause au bénéfice de l’idée que la censure, pour pouvoir censurer doit être nécessairement consciente de ce qu’elle censure et qu’elle censure. Par cela Sartre conteste l’existence même d’une pensée inconsciente et son propos est que, en réalité, il n’y a chez nous que la conscience, bien que cette dernière puisse être de « mauvaise foi ».

Nous allons désormais pouvoir expliquer l’argumentation de l’auteur selon son ordre logique.

Lignes 1-7 « si en effet … de l’instinct »

Au début de l’extrait, Sartre, pose une condition à ses yeux nécessaire pour pouvoir mener à bien sa démonstration. Il nous demande de repousser « la mythologie chosiste » très présente dans le langage de la psychanalyse, cette dernière faisant un usage excessif de la métaphore. Rappelons ici que le propre de la mythologie est de faire apparaître comme réels des personnages ou des lieux fictifs. On comprendre la préoccupation de notre auteur car très souvent en effet dans l’œuvre de Freud par exemple, nous avons affaire à des termes comme : censure, sublimation, complexe (d’Œdipe par exemple) résistance etc. qui avaient chez lui un but seulement descriptif, mais qui finissaient pour nous donner l’impression que des « choses » (chosiste) existaient réellement à l’intérieur de notre « psyché » et qui auraient pu nous faire penser que l’inconscient était comme une « chose », une réalité effective au même titre, par exemple, que des organes de notre corps.

Or, si cette condition souhaitée par Sartre est remplie, il serait aisé pour lui de considérer que le « refoulement » n’est pas comme un choc de « forces obscures et aveugles, à l’instar des dieux de la mythologie, des « entités » qui ne voient pas ce qu’elles font ou qui l’ignorent. Rappelons que pour Freud il s’agissait de pulsions inconscientes émanant du « ça » ou alors de pressions sous forme d’interdits dus au « surmoi ». La censure pour notre auteur n’est rien d’autre qu’une conscience, car seulement une conscience peut discerner, c’est-à-dire trier, séparer, sélectionner des représentations interdites.

Ce point est très important car pour Freud en effet l’inconscient ne veut pas dire inconscience totale, il expliquait que des tendances peuvent accéder à la conscience à condition qu’elles soient jugées acceptables, convenables. La censure n’est donc pas une sorte de « mur infranchissable » : elle filtre, façonne les contenus inconscients qui se révèlent sous forme de symptômes que la conscience ne reconnaît pas en tant que tels mais qui peuvent être interprétés par un œil extérieur (le cas du rêve était à ce sujet très instructif).

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