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Les marxismes après Marx

Fiche : Les marxismes après Marx. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Avril 2019  •  Fiche  •  5 642 Mots (23 Pages)  •  628 Vues

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Les marxismes après Marx

Soulignons avant de commencer le courage et le talent des auteurs ayant essayé (et réussi dans une grande partie) d’embrasser dans un si petit opus le si grand nombre de conceptions du marxisme que le titre laisse entendre. Profitons en pour annoncer combien il nous paraît difficile de «résumer » ou de ficher ces différentes pensées du marxisme sans tomber dans le plagiat ou dans l’anecdote. De plus l’organisation de cette fiche de lecture aurait pu différer de l’organisation générale du livre mais il nous paraît judicieux de respecter la trame des chapitres et des parties s’enchaînant dans le livre puisqu’il ne s’agit vraisemblablement pas ici d’un exposé sur les marxismes après Marx mais bien d’une fiche de lecture retraçant le livre de Pierre et Monique Favre Les marxismes après Marx ; de plus, réorganiser dans une fiche de lecture le plan du livre ne serait-ce pas, quelque part, penser pouvoir mieux faire que les auteurs ? Considérant que nous devons retracer le plus fidèlement possible ce livre attelons nous y sans plus tarder et ce, suivant le plan du livre. 

Chapitre I : La première expansion doctrinale

La première expansion doctrinale du marxisme est le fait d’hommes tôt convertis, militants pour la plupart dans des partis «socialistes». Leurs difficultés sont nombreuses allant des persécutions policières et de l’inorganisation du prolétariat à de faibles armes philosophiques responsables d’une maîtrise incertaine des textes fondateurs.

L’Allemagne est un des pays où du vivant de Marx la lutte contre la bourgeoisie dominante coexiste avec diverses structures politiques alliant souvent socialisme d’Etat et nationalisme, comme par exemple la doctrine de Ferdinand Lassale. La Socialdémocratie allemande domine les débats sous la IIéme internationale, notamment grâce à Kaustky qui rédige le programme réformiste d’Erfurt, d’abord critiqué, puis approuvé par Engels. Mais le scientisme de Kautsky, pourtant brillant vulgarisateur de Marx, entraîne la doctrine marxiste dans un positivisme étroit et sclérose vite la Socialdémocratie allemande, rejetant les thèses de Rosa Luxembourg et de Lénine pour s’enfermer un peu plus, début 1900, dans le conservatisme.

En Autriche le parti social-démocrate est fondé par Victor Adler, son programme est rédigé par Kautsky lui-même. C’est en 1904 qu’une école de pensée indépendante de l’Allemagne se développe avec Max Adler, Karl Renner et Otto Bauer pour les plus illustres. A cette époque, une résurgence kantienne anime l’Europe poussant les marxistes à se poser la question de la moralité du marxisme et, par delà même, la question de l’impératif catégorique s’appliquant ou non au marxisme et donc la question de son universalisation et de son futur…

Pour Kautsky entre autres le marxisme n’est pas moral alors que pour Bernstein par exemple, le marxisme est fondamentalement éthique. Pour Max Adler le marxisme, et au-delà, la lutte des classes, traduit l’affrontement de jugements moraux spécifiques constituant un facteur non négligeable de l'histoire.

En France, le marxisme est principalement importé par les guesdistes : Jules Guesdes, Paul Lafargue et Gabriel Deville. Ils assimilent mal la pensée de Marx ; du matérialisme historique ils retiennent surtout la primauté de l’économie et font de la dialectique une mécanique élémentaire. C’est un catéchisme marxiste qu’ils nous assènent confinant parfois au dogmatisme. Les guesdistes fondent POF (parti ouvrier français), premier parti marxiste français, et voudraient que les syndicats lui soient subordonnés.

En Italie, l’introduction du marxisme s’est faite par Antonio Labriola grâce à ses écrits et à ses actions. Il fonde avec Filipo Turati, au congrès de Gênes en 1892, le parti des travailleurs italiens. Mais il y a des confusions idéologiques fortes au sein de ce parti, notamment car Filipo Turati n’est pas marxiste. Les écrits de Labriola gravitent autour de 4 points :

-le matérialisme historique est une théorie de l’histoire contenant une philosophie et tous les éléments pour se théoriser ;

-l’explication des sociétés par le marxisme se fait en dernière instance par l’infrastructure ; l’ensemble des concepts du marxisme est le matérialisme historique, il forme la science de l’histoire créée par Marx et Engels ;

-l’homme fait son histoire dans le matérialisme scientifique, science et théorie de l’histoire ou «philosophie de la praxis » comme le dit Labriola ;

-dans le capital le matérialisme historique contient tous les éléments pour se fonder lui-même en tant que science et philosophie.

Chapitre II : Les révisionnismes

Les révisionnismes sont des déformations doctrinales réalisées en toute connaissance de cause par des théoriciens, le plus souvent bourgeois, estimant qu’il est utile de recomposer le marxisme en faisant appel à divers systèmes philosophiques.

En Allemagne, Edouard Bernstein critique petit à petit tous les fondements du marxisme ; de la révolution qui pour lui n’est fondée ni philosophiquement, ni économiquement, ni politiquement, au matérialisme historique et au matérialisme dialectique qui nierait la liberté individuelle, en passant par la valeur travail (l’amenant donc à nier la plus value et l’exploitation) et par l’antagonisme de classe, lui préférant une solidarité entre les classes confinant au solidarisme chrétien. Il ne reste au final à Bernstein vite appelé «l’apostat », «l’hérétique » par la Socialdémocratie allemande que la satisfaction de voir que celle-ci votera les crédits militaires le 4 août 1914 s’engageant ainsi dans un politique de collaboration de classe.

En France, le révisionnisme est l’œuvre de Jean Jaurès fortement influencé par le socialisme parlementaire et de Georges Sorel, riche héritier de l’anarcho-syndicalisme et grand admirateur de Proudhon.

Jaurès développe un socialisme humaniste et libéral répugnant la dictature du prolétariat et le collectivisme ; son œuvre consiste à réconcilier l’idéalisme hégélien et le matérialisme marxiste dans cette phrase caractéristique : « en même temps qu‘elle se déroule selon des lois mécaniques [l’histoire] est une aspiration qui se réalise selon des lois idéales ». Son action politique se caractérise par sa volonté constante de réconciliation entre parlementarisme et révolution : pour lui, l’Etat est neutre, il ne fait que refléter les rapports de classe et de domination.

Pour

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