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Étude de Spleen et idéal de Charles Baudelaire

Mémoire : Étude de Spleen et idéal de Charles Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Novembre 2013  •  1 755 Mots (8 Pages)  •  2 388 Vues

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BAUDELAIRE « L’Invitation au voyage », Spleen et Idéal LIII, Les Fleurs du Mal

INTRODUCTION

A plusieurs reprises apparaît dans les Fleurs du Mal le thème du voyage. Il s’accompagne de la définition d’un lieu privilégié, refuge, consolation, univers de bonheur. Baudelaire semble mener une quête inlassable pour échapper au sentiment de spleen, d’ennui profond et mélancolique qu’il éprouve intensément. On découvre ainsi ce texte musical et apaisant de l’Invitation au voyage, poème extrait de la section « Spleen et Idéal ». Il appartient plus précisément au cycle de Marie Daubrun, jeune actrice que connut Baudelaire. Cette invitation prend le triple visage de l’évocation d’un lieu idéal, d’une femme aimée et d’une initiation esthétique.

I. Un voyage idéal

II. La femme médiatrice du voyage

III. Le voyage comme initiation esthétique

I. Un voyage idéal

A. Un lieu imaginaire, rêvé

 Par son titre même, l’invitation au voyage apparaît plus comme un désir de partir qu’une réalité.

 L’étude des verbes révèle que le pays évoqué par Baudelaire est d’abord un pays créé par son imagination. Le verbe songe, moteur su poème témoigne de cette importance de l’imaginaire. Le jeu des modes et des temps renforce cette impression. L’impératif songe comme les conditionnels décoreraient parlerait font allusion à des actions possibles mais encore irréalisées. Les infinitifs, modes intemporels, accentuent cette idée : vivre, aimer, dormir, assouvir.

 La forme du poème dégage une douce harmonie qui favorise le rêve :

• l’alternance de pentasyllabes (5) et d’heptasyllabes (7) selon une disposition originale crée une régularité sous une apparence d’irrégularité : 5-5-7-5-5-7….

• Le vers impair n’a pas la stabilité du vers pair : il renvoie plus rapidement au vers suivant, comme si un équilibre lui manquait et donc est plus musical (c’est Verlaine qui théorisera la vertu de ce type de vers dans son Art poétique en 1874 : « De la musique avant toute chose/ Et pour cela préfère l’Impair/ Plus vague et plus soluble dans l’air »)

• Les vers courts sont très mélodiques parce qu’ils permettent la répétition des mêmes sonorités : la rime revient comme un écho rapproché.

• Le poème est composé de 3 strophes de 12 vers suivies d’un refrain, ce qui crée un effet d’allongement et de fluidité. Le refrain donne au poème l’aspect d’une chanson tendre. L’harmonie ne veut pas de rupture.

La fluidité s’appuie donc sur le mètre, le vers choisi, qui donne au poème la légèreté merveilleuse du rêve. La musique est tout à fait propice à la rêverie et renforce l’idée d’un voyage imaginaire.

B. Un lieu indéterminé

 Là-bas

1ère indication que donne le poète, adverbe repris 3 fois dans le refrain :là. C’est un lieu qui n’est déterminé que par opposition à ici, comme un lieu idéal parce qu’il s’oppose à la réalité, à la proximité.

 Au pays qui te ressemble

Le lieu est précisé ensuite par une allusion vague v.6 et donc à nouveau surprenante parce qu’elle ne peut être comprise que par la femme aimée.

 Les clés

En effet, quelques éléments peuvent nous éclairer : les soleils mouillés, les ciels brouillés font allusion à un pays du Nord ; les canaux à une ville maritime. Dans le poème en prose qui porte le même titre, Baudelaire est plus explicite et on comprend que c’est la Hollande (florins, tulipes). La 2ème strophe rappelle un intérieur hollandais comme on peut en voir dans les tableaux de Vermeer : un endroit confortable, riche, cossu, meubles luisants, riches plafonds, miroirs profonds. C’est un lieu clos, une chambre, propice au bonheur des amants.

C. Un ailleurs exotique

 L’orient

La 2ème strophe comporte une énumération d’éléments typiques de l’univers baudelairien : l’exotisme des fleurs et des parfums : rares fleurs, senteurs de l’ambre, le luxe et le raffinement des matériaux, l’expression splendeur orientale, fait la synthèse des éléments cités.

 Le paradis

Le désir d’infini lié à l’orient peut être rapproché de l’idée d’un retour au jardin d’Eden :

• orientale/natale riment v.23-26. Baudelaire considère l’orient comme un retour aux sources de la civilisation

• ce voyage hors du temps et de l’espace semble retracer le parcours de tout homme : vivre, aimer, mourir (les infinitifs mode intemporel)

• mon enfant, ma sœur fait peut-être aussi référence au « vert paradis des amours enfantines » d’un autre poème des Fleurs du Mal, « Moesta et errabunda »

Conclusion I : Ainsi le voyage vers l’idéal représente un là-bas mystérieux et peut-être un avant mythique. Tout, dans la magie du lieu, donne à imaginer un épanouissement et une harmonie antithétiques de l’oppression et du repli qu’engendre le spleen.

La femme aussi apparaît comme une voie d’évasion vers un paysage idéal.

II. La femme, médiatrice du voyage

La femme chez Baudelaire occupe une place ambiguë à la fois ange, source de salut, mais aussi tentatrice et source de perdition. Dans ce poème de bonheur où la sérénité prime, la dualité de la femme est néanmoins présente.

A. La correspondance entre la femme et le paysage

 Une double évocation : Au pays qui te ressemble. Cette correspondance est ensuite précisée par la présentation des éléments du paysage : lumière et eau, soleils mouillés, et par une analogie avec la lumière du regard brillant et l’eau des larmes.

 Un double effet : le poète établit une correspondance entre le paysage et la femme grâce à des éléments qui définissent, des 2 côtés, un charme magique et un séduisant mystère : charmes, mystérieux v. 8-12. C’est un moyen pour le poète d’ajouter à l’attrait esthétique de ce pays un attrait affectif.

 Une domination :

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