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Résumé du Roman comique de Scarron

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Par   •  19 Janvier 2020  •  Résumé  •  21 746 Mots (87 Pages)  •  1 117 Vues

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Notes de lecture sur Scarron

Préface

Le Roman comique n’est pas un récit autobiographique. Mais dès sa publication, plusieurs clefs ont circulé, proposant des noms réels à mettre sur chacun des personnages : pour les contemporains mêmes de Scarron, l’expérience vécue de Scarron était bien la matière première de l’œuvre. Mais que tel avocat manceau ou telle grosse dame bavarde aient pu servir de modèles à Scarron pour ses personnages de Ragotin et de Mme Bouvillon ne va guère au-delà de l’anecdote.

Le titre rapproche de façon quasi scandaleuse deux termes qui à l’époque ne vont guère ensemble. La critique positiviste du XIXème a posé le problème du réalisme de l’œuvre en termes très réducteurs : la seule réalité est celle vécue directement par l’auteur. Il s’agissait d’en retrouver les traces dans le roman et d’identifier chaque lieu, chaque personnage. Une telle analyse laissait de côté une bonne moitié du roman, celle relatant sous forme de récits ou de nouvelles intercalés des aventures n’ayant aucun rapport manifeste avec ce cadre manceau. Pendant longtemps, une lecture purement biographique n’a pu entraîner qu’un jugement sévère sur la structure du roman, parce qu’elle ne savait que faire de tout ce qui, n’étant inspiré par des faits identifiables, apparaissait comme une excroissance inexplicable.

La critique contemporaine a justement réagi devant une interprétation si restrictive et ne s’est plus guère préoccupée que de l’analyse interne de l’œuvre. Rejetant la voie biographique, elle s’est attachée à dégager, derrière l’incohérence apparente, une structure minutieusement agencée, à partir d’éléments multiples et disparates. Ils trouvent dans le roman même une réflexion sur le roman.

Du roman autobiographique, qui appelle recherches d’archives et érudition locale, au roman-structure, qui invite aux puzzles de la théorie romanesque, l’ouvrage fait énigme, et ce d’autant plus que la troisième et dernière partie fait défaut. Nombreuses interventions du narrateur.  

Le jeune Scarron se retrouve en exil forcé au Mans pour 8 ans à à peine 20 ans. Par suite des manœuvres de la seconde femme de son père, il se voit amené à prendre le « petit collet », première étape dans la voie d’une carrière ecclésiastique. Il y passe en fin de compte une période très agréable. Il connaît la vie populaire de cette grosse bourgade provinciale avec ses marchés, ses auberges, quelques troupes de comédiens itinérants. Il a vu sur place les originaux de ses personnages, notamment des membres de cette troupe ambulante. Le Roman comique s’inspire dont sans conteste d’une période de la vie de Scarron. Rapport de l’intrigue avec son expérience personnelle : la seconde femme de son père, marâtre. Le motif des frères ennemis traverse l’œuvre. 

A pas même 30 ans, il est atteint par un mal incurable, sans doute d’origine tuberculeuse. Il ne peut plus qu’écrire.

L’auteur se projette à la fois dans le Destin et dans Ragotin, le petit avocat sur lequel le sort s’acharne. La série de ses mésaventures, que l’auteur appelle ses « disgrâces », constitue, parallèlement aux péripéties romanesques dont le Destin est le héros, la seconde trame du récit.  Tous ces malheurs font naître systématiquement, chez ceux qui en sont les spectateurs, non pas la pitié, mais le rire. Le romancier torture son personnage. Le Destin et Ragotin sont tous deux amoureux de la même Etoile. Le roman emprunte tout autant au romanesque qu’à la réalité. 

Scarron se trouve à l’exacte jonction des deux grands courants qui se partagent, tout au long de la 1ère moitié du XVIIème s., la littérature romanesque. Depuis que le succès de L’astrée a contribué à donner au roman un statut reconnu, les théoriciens ont cherché à adapter au nouveau genre des lois et des règles qui puissent en fixer la forme et en sont venus à le définir comme « une épopée en prose ». Un roman officiel s’est ainsi constitué. Conventions : la multiplicité et la complexité des intrigues, les rebondissements et les péripéties, le rôle joué par le hasard, la haute condition des personnages, leurs prouesses, l’étrangeté des aventures et des lieux traversés, la place centrale tenue par les relations amoureuses, la noblesse du style, les histoires qui s’emboîtent les unes dans les autres. Un romanesque fondé sur la toute-puissance de la fiction, qui ne se relie plus à la réalité que par un système de clef. Sentimental, épique, héroïque, le roman devient le lieu de l’extraordinaire, du rêve.

Dans le même temps, d’autres écrivains empruntent une direction exactement opposée. Préoccupés de vérité et de naturel, ils font de la réalité le champ de leur observation, le matériau de leur création. Refusant les conventions, ils s’intéressent à des personnages quelconques, à des situations communes, à des sentiments médiocres. Lieux connus de tous et époque contemporaine. C’est le sens premier de cette épithète de « comique » sous laquelle se présentent nombre de ces ouvrages : la notion implique d’abord la peinture de personnages, de milieux, d’aventures médiocres. Montrer ce qui est commun, bas. Susciter le rire du lecteur. Les « histoires comiques », c’est ainsi que la plupart de ces romans s’intitulent, représentent comme un courant en marge du roman officiel. Se refusant à suivre les règles du genre tel qu’il est en train de se fixer, elles sont comme exclues de la littérature reconnue. Ce roman attire des esprits qui vont utiliser le roman comme une sorte de laboratoire et élaborer des techniques originales. La plupart des romanciers comiques sont liés aux milieux libertins. Tous ces romans sont largement satiriques : l’observation n’y est pas neutre, mais animée par un souci constant de souligner les travers, de dénoncer les vices, de traduire au grand jour les défauts cachés des individus et de la société. Les histoires comiques traduisent de la façon la plus précise les réalités du temps. Les romans héroïques ou sentimentaux sont leur cible favorite, en raison de leur refus de la réalité. Ces deux courants. Au mépris affiché par les romanciers officiels pour les histoires comiques répondent la parodie et la satire acerbe que celles-ci proposent de la veine concurrente. C’est la question des rapports de la réalité et du romanesque qui se trouve posée. Les romanciers officiels n’imaginent pas que la réalité vulgaire puisse fournir matière au romanesque ; à l’inverse les romanciers comiques dénoncent la fausseté de la fiction.

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