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Rimbaud, Le Bateau ivre

Commentaire de texte : Rimbaud, Le Bateau ivre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Novembre 2012  •  Commentaire de texte  •  1 431 Mots (6 Pages)  •  2 305 Vues

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Le Bateau ivre, Rimbaud

Dans sa lettre du 15 mai 1871, à Paul Demeny, Rimbaud expose son programme poétique : "Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant (...) par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens". Le Bateau ivre, écrit la même année, apparait alors comme la transposition allégorique de ce programme. La mer décrite par de nombreux adjectifs qualificatifs devient le symbole de l'inconnu et la métaphore du récit de voyage maritime, une source d'exploration des ressources du langage poétique.

I- Un poème symbolique

A) Le bateau comme métaphore de la figure du poète

Le poème se présente comme un récit à la première personne. Elle se manifeste sous différentes formes grammaticales: le pronom personnel sujet: "je", le pronom complément: "me", l'adjectif possessif: "ma". Dans les textes poétiques, le "je" désigne généralement le poète lui-même. Ce n'est pas le cas dans ce poème, la première personne ne renvoie pas à l'auteur, mais à un sujet fictif, qui est le Bateau ivre. En effet certaines expressions grammaticales ne peuvent pas renvoyer à un sujet humain. C'est le cas de l'expression "ma coque de sapin" qui se rapporte nécessairement au bateau. De même le qualificatif "porteur de blés flamands et de cotons anglais" ne peut que le caractériser lui. Cependant, dans la majorité des cas, la première personne est associée à des verbes désignant des actions humaines: "je courus ; j'ai dansé", à des verbes de sentiment: "j'étais insoucieux; je voulais, je ne me sentis plus". Le bateau est alors personnifié. La figure du poète est représentée par un navire ayant rompu ses amarres.

B) Le récit allégorique d'une libération poétique

Le récit s'éclaire si on considère que le voyage du bateau est le récit métaphorique d'une expérience poétique. Le poème s'ouvre sur l'image des "Fleuves impassibles", fleuves réguliers, nombreux et anonymes. Emblèmes du monde, ils incarnent l'ordre social, la moral, et la société. L'utilisation des pluriels dans les deux premiers quatrains renforce cette idée de masse, et s'oppose au poète, seul dans son épreuve. Par un jeu constant de métaphores entre poète et bateau, on assiste à la séparation entre le bateau et "les haleurs", et métaphoriquement entre le poète et les traditions. La rupture consommé le poète-bateau entre dans un univers de désordre "tohu-bohus", de mouvements déchainés :"le clapotement furieux des marées", c'est à ce moment que s'affirme sa liberté comme le souligne l'alexandrin coupé à la première syllabe, qui met en relief le "Moi". L'enjambement qui suit confirme l'élan d'un pas libéré de toutes entraves, la surdité et l'obscurité sont désormais loin. La dérive devient une course triomphante. Cette phase d'initiation terminée, lui succède une grande jouissance. Le poète est désormais "éveillé" et purifié. L'eau a une fonction salvatrice, elle lave :"me lava", et permet le désencrage total: "dispersant gouvernail et grappin". Le dernier quatrain ouvre sur une étape nouvelle: «dès lors", étape de plénitude, de communion totale avec "le poème de la mer" mis en relief à la fin et au début du vers. A l'anonymat et à la pluralité des fleuves répond l'unicité de la mer sans limites. Le Bateau ivre retrace donc un itinéraire de libération où l'univers marin se confond dans l'univers poétique, comme le souligne la mise en abyme :"dans le poème de la mer".

C) Une rythmique significative

La rythmique du poème contribue à renforcer l'impression de remous, déjà suggérée à l'intérieur du poème. En déplaçant la césure, Rimbaud créer une rythmique discordante et chaotique. De plus les effets d'enjambement impriment au poème l'allure titubante qui convient à son sens.

II-Un poème saturé par les marques du descriptif

A) Les caractérisants adjectifs

1° Les classifiants

Ce sont essentiellement des adjectifs qualificatifs et des épithètes, ils sont très nombreux dans le poème. Les adjectifs de couleurs prédominent: "verte, bleus, azurs verts, blême".

On trouve également un syntagme adjectival sur tout un vers :

" Porteur de blés flamands ou de cotons anglais" qui caractérise le "je" du vers précédent, qui renvoie dans ce cas au bateau.

On peut souligner la présence d'un participe "Péninsules démarrées" qui fonctionne comme un adjectif, mais le participe garde sa valeur aspectuelle.

2° Les non-classifiants

Ce sont principalement des évaluatifs sans jugement de valeur:" impassibles, insoucieux, pensif...»

On trouve un seul axiologique négatif :"criards" qui qualifie les "Peaux-Rouges".

B) Les caractérisants implicites

1° Comparaisons

Ce sont des propositions subordonnées relatives, elles jouent le même rôle que l'adjectif

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